Geagea répond à Aoun : Halte à la surenchère...

Le président des Forces libanaises, Samir Geagea, a immédiatement répondu hier à la campagne menée par le Courant patriotique libre (CPL) et son chef, Michel Aoun, accusant les Forces libanaises d’avoir « délaissé les droits des chrétiens » en « lâchant la proposition orthodoxe ».
Dans une conférence de presse à Meerab sonnant définitivement le glas de la proposition Ferzli, Samir Geagea a d’emblée qualifié d’ « historique » l’accord survenu sur la loi mixte. « Nous avons réussi à mettre au point une loi électorale, même si certains, lésés, vont lui attribuer les pires dénominations », a-t-il déclaré. « Ce nouveau projet reste cependant bien meilleur que la loi de 1960. Nous devons maintenant déployer nos efforts pour assurer une majorité parlementaire à cette proposition de la part de toutes les communautés pour qu’elle soit appliquable », a indiqué M. Geagea.
« La voie pour parvenir à la loi mixte a été très dure. Durant les deux dernières semaines, nous discutions parfois avec nos alliés comme si nous étions des adversaires. La négociation n’a pas été facile », a-t-il dit, critiquant la manière avec laquelle une certaine presse a traité cette question, sous l’angle de la « complotite ».
« Les FL ne sont attachées à aucune loi, a déclaré M. Geagea. Nous avons présenté la loi des 50 circonscriptions, cosignée par les Kataëb et le député Boutros Harb, et qui se trouve dans les tiroirs du Parlement. Pourquoi n’avons-nous pas maintenu notre attachement à ce projet ? Parce que les FL étaient toujours à la recherche d’un dialogue et de concertations afin de parvenir à une loi satisfaisant au moins une majorité », a poursuivi Samir Geagea. « Le projet orthodoxe n’avait aucun moyen de devenir appliquable. C’est pour cette raison que nous avons cessé de le soutenir. À quoi bon continuer à le soutenir sur le papier s’il n’y avait aucun moyen de le faire appliquer ? » a-t-il ajouté.
Le président des FL a ensuite appelé le CPL à « ne pas verser dans la surenchère ». « La réalité est une chose, la surenchère en est une autre, tout à fait différente. Pourquoi Bkerké a-t-il pris la décision le 10 avril de suspendre le débat sur la proposition orthodoxe, s’il pensait vraiment que ce projet avait une chance d’aboutir ? » s’est également interrogé Samir Geagea.
Le président des FL a rendu hommage aux efforts déployés par le courant du Futur pour aboutir au projet mixte, mais aussi au rôle « paternel » de Bkerké, « quand bien même certains ont tenté de marchander au nom de ses positions, pourtant claires depuis trois mois ».
« La position de certains parmi ceux qui soutenaient le plus la proposition orthodoxe était ambivalente, a souligné M. Geagea. Cette proposition a été avalisée le 19 février dernier par la commission conjointe. Pourquoi, depuis, la Chambre ne s’est-elle jamais réunie pour soumettre la proposition au vote à l’assemblée générale ? » a demandé le chef des FL.
Critiquant la campagne menée par le chef du CPL, Michel Aoun, selon laquelle les FL ont « manqué à leur promesse », Samir Geagea a dit : « Mais à qui donc avions-nous fait des promesses ? Lors de toutes nos discussions avec le CPL et nos alliés, l’objectif était de parvenir à l’assainissement de la représentation chrétienne et à une loi consensuelle sur base de la loi mixte, dont le principe avait d’abord été proposé par le président de la Chambre Nabih Berry », a-t-il relevé. « Ne mutilez pas les résultats des nombreuses réunions prometteuses qui nous ont rassemblés par toute cette surenchère », a-t-il lancé aux jeunes du CPL.
« Donner de l’espoir aux gens et leur promettre d’obtenir 64 députés chrétiens, c’est de la poésie. Si nous avions continué dans ce sens, nous aurions tout perdu sans rien obtenir », a-t-il souligné.
Répondant enfin aux propos tenus par Michel Aoun selon lesquels le projet mixte est « une loi de 1960 déguisée », Samir Geagea a appelé le chef du CPL à « prendre connaissance du projet en question avant de sauter à des conclusions erronées et déplacées ».