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À La Une - Littérature

Patrick Deville et Charif Majdalani, l’écriture exploratrice...

L’un, grand voyageur, explore le monde. L’autre revisite, par l’imaginaire, le passé de sa famille et de son pays. Dans le cadre du Hay Festival, Patrick Deville et Charif Majdalani ont entamé, à l’Institut français, un dialogue d’écrivains aux idées et univers littéraires à la fois proches et dissemblables.

Une vue de la rencontre à l’Institut français.  Photos Ibrahim Tawil

Un dialogue qui a surtout révélé chez ces deux auteurs de fortes affinités. « Ils sont, plus ou moins, de la même génération, publient chez le même éditeur (Le Seuil), ont déjà collaboré ensemble (Charif a écrit dans le cadre de la Meet* dirigée par Patrick) et sont, tous deux, des stylistes de la langue qui essayent de donner au roman de nouvelles perspectives », a indiqué, en guise de présentation, Farès Sassine, le modérateur de cette rencontre. « Charif Majdalani tente de sortir le roman familial de ses ornières, a-t-il souligné. Patrick Deville s’attelle, pour sa part, à quelque chose que l’on pourrait appeler “le devenir monde du roman”. Et tous deux s’occupent de la même période, allant de 1860-80 à nos jours. »


Une période que le romancier libanais (qui a à son actif trois opus : L’histoire de la grande maison, Caravansérail et Nos si brèves années de gloire) explore à travers des « mémoires de vies » qu’il place au sein de narrations fictives. Tandis que l’auteur de Peste et Choléra (Prix Femina 2012) l’appréhende au moyen de l’écriture de « romans d’aventures sans fiction, qui me permettent de jouer avec un très grand nombre de genres littéraires : reportage, récit historique, de voyage, roman, biographie, ou encore entretiens que je mêle au gré des chapitres de mes livres », dit-il.
« Voilà, justement, ce qui nous distingue à tous les deux, assure-t-il. Charif a une foi dans la fiction, une magnifique foi que j’ai malheureusement perdue », ajoutant avec malice : « Et ce n’est pas la seule ! »
« Oui, mais ce qui nous rapproche, par contre, c’est notre passion commune pour les grandes entreprises humaines, un peu folles, un peu démesurées », relève, pour sa part, Majdalani.
Mais, contrairement à l’universalisme des héros voyageurs de Patrick Deville, les « épopées » des personnages de l’auteur libanais restent confinées dans un cadre historico-géographique plus limité. « Parce que je suis d’un autre “terroir littéraire”. Je viens d’un monde où l’on a encore besoin de revisiter, ’“re-fictionaliser”, réinterpréter l’histoire, la géographie et l’actualité de nos pays », explique-t-il.


Alors que Deville, se « sentant étouffer » après une première série de fictions parue aux éditions de Minuit – « une maison privilégiant le postnouveau roman » –, a ressenti la nécessité de se lancer « dans un projet à très long terme, dont cinq livres déjà parus forment chacun un » chapitre « d’un roman unique qui consiste en un tour du monde, de 1860 jusqu’à nos jours, dans des zones géographiques qui souffrent de carambolages historiques », dit-il.
Après ses traversées des continents sud-américain, africain et asiatique, sur un siècle et demi, dans Pura Vida Equatoria, Kampuchéa et Peste et Choléra – où il retrace le parcours exceptionnel d’Alexandre Yersin, pasteurien téméraire et découvreur du redoutable bacille de la peste qui, né dans le canton de Vaud en Suisse, finira en Indochine (l’actuel Vietnam), après avoir sillonné le monde, de Paris à Honk Kong ou encore Madagascar –, Patrick Deville confie s’être enfin attelé à la rédaction d’« un roman français, dans lequel je reviens sur les lieux et les personnages de mon enfance ».


Tandis que Charif Majdalani – dont le héros du dernier roman est également doté d’un caractère aventureux, celui d’un homme, animé par la rage et le désir de conquérir la femme aimée, qui prendra, lui aussi, des risques insensés dans les soubresauts de l’histoire contemporaine du Liban – caresse, pour sa part, le rêve de sortir un jour du contexte du roman national pour se lancer dans un opus dans lequel il réinventerait le monde... Ou le jeu de vases communicants de deux auteurs aux affinités électives !

*Maison des écrivains étrangers et des traducteurs située à Saint-Nazaire.



Pour mémoire

Patrick Deville couronné par le Femina pour « Peste & Choléra »



Un dialogue qui a surtout révélé chez ces deux auteurs de fortes affinités. « Ils sont, plus ou moins, de la même génération, publient chez le même éditeur (Le Seuil), ont déjà collaboré ensemble (Charif a écrit dans le cadre de la Meet* dirigée par Patrick) et sont, tous deux, des stylistes de la langue qui essayent de donner au roman de nouvelles perspectives », a...

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