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À La Une - Conflit

Syrie : les quartiers sunnites de Banias dans la ligne de mire du régime alaouite

Attaque rebelle à la roquette contre l'aéroport de Damas ; un journaliste US aux mains du "renseignement syrien".

Des habitants choqués par les endommagements subis par plusieurs bâtiments après les violents bombardements de l'armée syrienne le 2 mai 2013 sur la province de Raqqa, dans l'est de la Syrie. Hamid Khatib/Reuters

La guerre en Syrie s'est déplacée pour la première fois vers le pays alaouite, avec des bombardements par l'armée de quartiers sunnites de Banias, après un "massacre" dans un village proche attribué au régime.

 

Un jeune de 16 ans a été tué et son père blessé par les obus qui se sont abattus pour la première fois sur les quartiers sunnites de la ville de Banias, dans l'ouest du pays, a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a précisé que les soldats avaient "ouvert le feu à partir des barrages où ils sont postés".
"Dans la campagne au sud de la ville, les soldats mènent une campagne de perquisitions et d'arrestations, provoquant la panique chez les habitants. Je crains qu'il n'y ait un massacre à Banias comme celui qui s'est produit jeudi à Bayda", a affirmé à l'AFP le directeur de l'ONG, Rami Abdel Rahmane.


Au moins 51 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées par l'armée et ses supplétifs à Bayda, à la périphérie sud de Banias, selon l'OSDH. "Certains ont été sommairement abattus, tués par balle, poignardés ou brûlés", selon l'ONG, affirmant que l'armée était appuyée par des chabbihas (milices pro-régime) alaouites.

 

La Coalition de l'opposition syrienne a dénoncé dans un communiqué un "massacre à grande échelle" commis par les troupes du régime, citant des témoins selon lesquels des couteaux ont été utilisés pour tuer des civils. "La Coalition appelle la Ligue arabe et les Nations Unies à agir rapidement pour sauver les civils de Bayda, de Banias et des autres villages à travers la Syrie", affirme l'opposition, accusant le régime de "crimes de guerre et de génocide".

 

Le régime affirme, de son côté, avoir tué des "terroristes" à Bayda et dans d'autres régions habitées par des sunnites, qui représentent 80% de la population et l'écrasante majorité des rebelles, désignés par le régime et ses médias par le terme de "terroristes".

 

Banias compte 40.000 habitants dont 50% de sunnites et 45% d'alaouites, la religion du chef de l'Etat Bachar el-Assad, le reste étant des chrétiens et des ismaéliens. Les villages sunnites du sud de Banias abritent environ 20.000 personnes. Les sunnites ne sont que 10% à l'échelle de la province de Tartous, dont fait partie Banias, contre 80% d'alaouites.

 

De violents combats ont éclaté, pour la première fois jeudi, entre soldats et rebelles aux abords de Banias, dans la province de Tartous qui constitue avec celle voisine de Lattaquié, le cœur du pays alaouite, où des analystes envisagent le scénario d'un repli du président en cas de chute du régime. "Le régime n'autorisera pas la présence de rebelles dans cette région", a précisé M. Abdel Rahmane.



Attaque rebelle contre l'aéroport de Damas
Par ailleurs, des rebelles ont tiré vendredi deux roquettes sur l'aéroport international de Damas, touchant un avion stationné sur le tarmac et un réservoir de kérosène qui s'est enflammé, a annoncé l'agence officielle syrienne Sana.
"Une des deux roquettes a touché un réservoir de kérosène tandis que l'autre a touché un des avions commerciaux stationnés sur le tarmac qui a subi d'importants dégâts", a indiqué l'agence, précisant que le trafic aérien était "normal" et que l'incendie avait été totalement maîtrisé.

 

Les rebelles ont revendiqué à plusieurs reprises des tirs contre l'aéroport mais c'est la première fois que les médias officiels font état d'une telle attaque. La route de l'aéroport se trouve à la lisière de zones de combats entre les troupes du régime et les insurgés. En novembre 2012, le trafic aérien avait été brièvement interrompu après de violents affrontements près de l'aéroport.



Washington envisage d'armer les rebelles

Sur un autre plan, plus de deux ans après le déclenchement en mars 2011 d'une révolte populaire devenue guerre civile émaillée d'affrontements confessionnels, les Etats-Unis, qui jusqu'ici n'apportaient qu'une aide humanitaire et "non létale" aux rebelles, n'écartent désormais plus la possibilité de leur fournir des armes.

 

Le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel l'a toutefois affirmé jeudi du bout des lèvres, affirmant que "cela ne veut pas dire qu'on va ou veut le faire. Ce sont des options qui doivent être envisagées avec les partenaires, avec la communauté internationale". Son homologue britannique Philip Hammond a renchéri : "Nous n'avons à ce stade pas fourni d'armes aux rebelles, mais nous n'avons jamais dit que nous ne le ferons pas".

 

Interrogé sur les propos de son ministre, le président américain Barack Obama a affirmé envisager "toutes les options" notamment au moment où se multiplient les "signes d'effusion de sang et d'utilisation possible d'armes chimiques en Syrie". Mais, a-t-il nuancé, "avant de prendre une décision, nous voulons nous assurer que cela améliorera réellement la situation plutôt que la rendre plus complexe et meurtrière".

 

 (L'éclairage de Philippe Abi Akl : Téhéran ne veut pas rester à l’écart : Nasrallah a accéléré son intervention...)

 

Sur le plan diplomatique et alors qu'aucune issue au conflit n'est en vue en raison des divisions internationales, la Russie et la Chine, grands alliés de Damas, bloquant toute résolution condamnant le régime, l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe "songe" à démissionner, selon l'un de ses collaborateurs.

Lakhdar Brahimi ne devrait pas se décider avant mi-mai, a-t-il ajouté sous le couvert de l'anonymat. Le diplomate algérien est régulièrement l'objet de critiques lancées par Damas qui l'accuse d'être partial et a récemment annoncé cesser de coopérer avec lui en sa qualité d'émissaire de la Ligue arabe, celle-ci ayant décidé d'attribuer le siège de la Syrie à l'opposition.

 

 

Un journaliste US aux mains du "renseignement syrien"

Enfin, le journaliste américain James Foley, porté disparu depuis six mois en Syrie, serait détenu par des agents des services du renseignement syrien dans un centre de détention près de Damas, dans une zone toujours contrôlée par le régime, a déclaré vendredi un porte-parole de sa famille à Boston. Ce reporter indépendant de 39 ans, qui a fourni des reportages pour le GlobalPost, l'Agence France-Presse et d'autres médias internationaux, a été enlevé dans le nord-ouest du pays le 22 novembre 2012 et n'est plus réapparu depuis.

"Nous pensons que Jim a vraisemblablement été arrêté par un groupe de miliciens pro-régime, connu sous le nom de Shabiha, et qu'il a ensuite été livré aux forces gouvernementales syriennes", a affirmé lors d'une cérémonie le PDG et cofondateur du média en ligne GlobalPost, Phil Balboni, qui fait également office de porte-parole de la famille de M. Foley.

 

 

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commentaires (2)

Pourquoi les guillemets autour du mot "massacre"?

Yves Prevost

14 h 17, le 03 mai 2013

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Commentaires (2)

  • Pourquoi les guillemets autour du mot "massacre"?

    Yves Prevost

    14 h 17, le 03 mai 2013

  • et les attaques contre les églises et les couvents, les viols des femmes chrétiennes, les éxécutions des chrétiens ????

    Talaat Dominique

    13 h 30, le 03 mai 2013

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