Rechercher
Rechercher

À La Une - Engagement

Lorsque la société civile s’engage pour l’édification d’une nouvelle école publique à Sebeel

Un président de municipalité et son épouse s’investissent au service de l’éducation publique et de la culture. Un moyen pour Habib et Josiane Torbey de contribuer au développement de leur village, Sebeel, du caza de Zghorta.

Entre Zghorta et Ehden, Sebeel s’étire paresseusement, avec ses toits rouges et son clocher d’église.Photos Anne-Marie el-Hage

L’éducation et la culture. C’est ainsi que Sebeel (ou Sebhel), petit village modeste de la montagne, à mi-chemin entre Zghorta et Ehden, entend résister à la crise et à l’appel de l’émigration. Avec ses 2 000 habitants en hiver, le village portant le nom du dieu Baal attend désormais avec impatience que se termine la construction de son école publique. Une école moderne, primaire, complémentaire et secondaire, d’une capacité totale de 600 élèves, qui devrait desservir non seulement la petite localité maronite, mais une vingtaine de villages avoisinants du caza de Zghorta.
En veilleuse depuis plus de 40 ans dans les tiroirs du ministère de l’Éducation et des différentes administrations, le projet a été déterré par le président de la municipalité de Sebeel, Habib Torbey, déterminé à œuvrer au développement de son village. Mais encore fallait-il en assurer le financement, car il était hors de question pour les autorités d’investir le moindre sou dans ce projet éducatif.


Soucieuse de s’investir, auprès de son époux, pour sortir Sebeel de la pauvreté, l’épouse du président de la municipalité, Josiane Adib Torbey, a remué ciel et terre pour mettre le projet à exécution. D’autant que le terrain était disponible : d’une superficie de 12 000 m2, il avait été offert en 1972 par la municipalité de la localité au ministère de l’Éducation. Forte de son objectif, cette architecte a d’abord effectué les études techniques nécessaires et dessiné les plans de la future école, selon les préceptes « de l’architecture durable » et « dans le respect de l’environnement », explique-t-elle, lors d’une visite du chantier, en présence de représentants de la Mission culturelle de l’ambassade de France.

Coopération italienne et donateurs privés
Sitôt l’aval du ministère de l’Éducation obtenu, avec lequel Habib et Josiane Torbey ont travaillé en étroite collaboration, le couple s’est attelé à la recherche de sources de financement. Une contribution de la Coopération italienne, introduite par Mme Nayla Moawad, a permis de lancer le chantier, en septembre 2010. Aussitôt relayée par des donations substantielles des enfants de Michel Eddé en mémoire de Rachel Eddé, décédée il y a moins d’un an. Le premier bâtiment, qui s’élève sur deux étages, est en phase finale. « Il devrait être fin prêt pour la rentrée d’octobre », espère Josiane Torbey. Il hébergera les élèves des cycles primaire et complémentaire, trop à l’étroit dans leur école actuelle, un local exigu et inadapté, humide et insalubre par endroits.


Sur le chantier de construction, une pelleteuse prépare déjà la terre entourant le bâtiment moderne. « Les deux étapes suivantes de la construction devraient voir l’agrandissement de ce premier bâtiment, selon des plans préétablis, ainsi que la construction d’un second bâtiment, en contrebas du premier, destiné aux classes secondaires », précise l’architecte.


Parmi les particularités de cette école, « les bâtiments sont intégrés au site naturel et orientés de manière à bénéficier de la lumière du soleil et d’une bonne aération », comme l’explique Mme Torbey. Ils sont équipés de doubles murs, de doubles vitrages et de terrasses plantées. Cerise sur le gâteau, « l’eau de pluie est collectée et une petite station d’épuration des eaux usées est aménagée », ajoute-t-elle. De plus, et dans un souci pédagogique, des terrasses sont aménagées dans le prolongement des salles de classe du rez-de-chaussée et de la bibliothèque. « Cela permettra aux enseignants de faire la classe en plein air et aux élèves de lire au soleil, lorsque le temps le permet », souligne-t-elle.
Idéalement, des terrains de jeu devraient aussi voir le jour. Si les fonds nécessaires pour la finalisation de la totalité du projet ne sont pas encore disponibles, Mme Torbey garde son optimisme, confiante de la générosité des donateurs au service de l’éducation publique et de l’école de Sebeel.

Des efforts pédagogiques
La construction de cette école est, certes, d’une importance capitale pour la survie de Sebeel et le maintien de ses habitants au village. Mais il devenait impératif de redoubler d’efforts sur le plan pédagogique et de rehausser le niveau d’études afin de regagner la confiance des parents d’élèves, qui s’était érodée au fil des ans. Nombre d’entre eux avaient inscrit leurs enfants à l’école privée, pour leur donner une éducation de qualité, malgré leurs grandes difficultés à en assumer les scolarités, comme le souligne Josiane Torbey.


« L’engagement et la volonté de changement du directeur du ministère de l’Éducation, Fady Yarak, ont été précieux », assure-t-elle. Un engagement qui a permis l’embauche de nouveaux enseignants qualifiés, pour remplacer progressivement une équipe vieillissante et incomplète. Un engagement qui a également permis la mise en place de sessions de formation, en langue française, à l’intention des enseignants de l’école publique de Sebeel, étalées sur trois ans. « Et ce en partenariat avec le GREF (Groupement des retraités éducateurs sans frontières) », indique-t-elle, saluant par la même occasion le rôle de la présidente de l’association Francophonia Liban, Clothilde de Fouchécour, dans ce partenariat.


Le couple Torbey ne s’est pas arrêté pour autant. Grâce à sa détermination et son dynamisme, trois autres écoles publiques du caza, d’Ardé, de Miziara et de Kfarzeina, bénéficient de ce même programme de formation aux côtés de l’école de Sebeel. À tel point que les directeurs de ces établissements qualifient désormais Mme Torbey de « fée ».
Autre initiative de Sebeel à l’intention des élèves de l’école publique : l’organisation d’études surveillées gratuites, l’après-midi, après les cours, toujours avec l’accord du ministère de l’Éducation. « Ces études stimulent les efforts des élèves et consolident les connaissances acquises, d’autant que certains parents ne sont pas en mesure d’assister leurs enfants », fait remarquer Mme Torbey. Sans compter l’ouverture de la bibliothèque municipale de Sebeel, en 2010, riche aujourd’hui de plus de 10 000 titres, en français, arabe et anglais, et dont les activités culturelles et linguistiques attirent les habitants, jeunes et moins jeunes, même le dimanche.
Le chantier de construction du premier bâtiment de l’école publique tire à sa fin. Et déjà, les résultats sont encourageants. « Le nombre d’élèves inscrits à l’école de Sebeel est en nette augmentation », assure avec satisfaction le directeur de l’établissement, Jean Hajj, heureux du changement à venir.

 

Pour mémoire

En déclin, l’école publique perd 75 000 de ses élèves en moins de 10 ans

 

Recherche scientifique universitaire : le Liban à la traîne

 

 

L’éducation et la culture. C’est ainsi que Sebeel (ou Sebhel), petit village modeste de la montagne, à mi-chemin entre Zghorta et Ehden, entend résister à la crise et à l’appel de l’émigration. Avec ses 2 000 habitants en hiver, le village portant le nom du dieu Baal attend désormais avec impatience que se termine la construction de son école publique. Une école moderne,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut