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À La Une - Liban

Mariage civil, an I ...

Après de longs mois de tergiversations et de suspense, Charbel s’est enfin prononcé en signant l’enregistrement du mariage civil contracté par Nidal Darwich et Khouloud Sukkariyeh.

Nidal Darwich et Khouloud Sukkariyeh, le 25 janvier 2013, le premier couple à s'être marié civilement au Liban. AFP/JOSEPH EID

Cette décision historique ouvre une brèche dans le système communautaire et permet à tous les Libanais qui le souhaitent de se marier civilement sans être obligés de se rendre à l’étranger pour ce faire.


Le couple libanais, qui a osé braver le système confessionnel en place en convolant en mariage selon un mode jusque-là inexistant au Liban, le système civil, peut enfin savourer sa victoire : plus aucun obstacle n’entravera désormais leur union, déjà consacrée par la loi après plusieurs avis juridiques favorables, et ayant obtenu le soutien inconditionnel du chef de l’État Michel Sleiman et du ministre de la Justice Chakib Cortbaoui. Les deux époux, qui attendent un enfant, peuvent enfin être tranquilles : le nouveau-né sera enregistré au service d’état civil et reconnu par l’État libanais.
Il ne restait donc plus que la consécration administrative de cette alliance, sur une décision enfin prise par le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, dont les hésitations et les atermoiements étaient dus à la violente levée de boucliers des communautés contre ce genre de mariage.

 

 

« Vous pouvez nous emmener à Chypre ? » demande le marié au chauffeur de taxi. Jusqu'à présent, les couples libanais souhaitant se marier civilement le faisait à Chypre. Photo : Flickr/Hibr du site : fait-religion.com

 

 


Cette « aventure civile », que couronne aujourd’hui le dernier acte administratif de l’État, n’aurait pu se faire sans l’initiative préalable prise par le couple et consistant, pour chacun d’eux, à rayer la mention de leur appartenance confessionnelle et communautaire de leurs fiches d’état civil.

 

Cette victoire retentissante contre les radicaux des communautés religieuses, qui maintenaient jusque-là tout le système des statuts personnels sous leur emprise, n’aurait pu se faire n’était-ce l’initiative d’un couple courageux, qui a accepté de prendre les risques qu’entraîne un tel défi du système en place.


Elle survient également après de longues années d’efforts entrepris par la société civile en vue de permettre à tous les Libanais qui le désirent d’exercer leur droit inaliénable, celui de choisir librement le système qui organise leurs statuts civils sur le territoire libanais. Désormais la voie est libre devant tous les Libanais désireux de contracter un mariage civil dans leur propre pays, nonobstant leur appartenance confessionnelle.

 

 

Jeudi soir, Nidal Darwich ne boudait pas son bonheur. « Nous sommes très heureux, c'était la dernière étape, notre mariage est désormais légal », s'enthousiasmait le jeune Libanais, lors d'un entretien avec lorientlejour.com. « Nous allons obtenir un contrat de mariage et un extrait du registre familial », a-t-il poursuivi, ajoutant : « C'est un honneur pour nous d'être le premier couple à se marier civilement au Liban. Il est temps que les Libanais, musulmans et chrétiens, puissent s'unir en tant que citoyens ».

 


(Entrevue : Khouloud : « Ma joie est immense »)

 

 

Jusque-là, un mariage civil ne pouvait être contracté sur le territoire libanais. Des dizaines de milliers de citoyens avaient été contraints par le passé de partir à Chypre, en France ou dans d’autres pays européens, pour consacrer leur union selon le régime civil. Cette nouvelle brèche provoquée dans le bloc compact et sclérosé du système communautaire pourra-t-elle un jour l’ébranler dans son ensemble ?


Un espoir que caresse une large frange de la population libanaise qui cherche désespérément à se libérer du joug de son appartenance communautaire et des répercussions désastreuses du confessionnalisme sur le système politique dans son ensemble.

 

 

Pour mémoire

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Cette décision historique ouvre une brèche dans le système communautaire et permet à tous les Libanais qui le souhaitent de se marier civilement sans être obligés de se rendre à l’étranger pour ce faire.
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