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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Affaire Cahuzac : L’homme puissant ment, pensant ne jamais être pris

Les menteurs de haut vol sont des égoïstes qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel. Mais cette stratégie est d’une « grande maladresse », estiment les analystes.

Jérôme Cahuzac, en octobre 2012. Le ministre français a avoué avoir menti pendant des semaines quant à la possession de comptes bancaires secrets à l'étranger. AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD

Comme Lance Armstrong soupçonné de dopage ou Bill Clinton accusé de libertinage, l’ancien ministre français Jérôme Cahuzac s’est enferré dans l’engrenage du mensonge avec l’aplomb de l’homme puissant qui pense ne pas pouvoir être pris. Depuis le 4 décembre, l’ancien ministre du Budget a nié détenir ou avoir détenu un compte en Suisse « les yeux dans les yeux » avec le président de la République, d’après l’entourage de François Hollande, et devant l’Assemblée nationale.


« C’est quand même un cas d’école, il est allé très loin, jusqu’à menacer de poursuites pour diffamation, jusqu’au parjure au moins sur le plan moral. Ce mensonge devant l’Assemblée nationale est terrible, il aurait pu s’en passer », s’exclame Claudine Biland, docteur en psychologie sociale, auteur de La Psychologie du menteur (Odile Jacob). « Au départ, on peut dire que c’était un mensonge par omission, ensuite un mensonge éhonté pour se protéger. Un mensonge en entraîne un autre. »


Cette stratégie est d’une « grande maladresse », estime Jean-Pierre Friedman, docteur en psychologie. « Les citoyens pardonnent plus facilement des infractions, des délits que des mensonges. » Bill Clinton a nié pendant des mois toute relation sexuelle avec Monica Lewinsky, avant d’avouer avoir menti sous serment et demander pardon. Des mensonges qui pouvaient pourtant le conduire à la démission. « Les Américains lui ont surtout reproché non pas de s’être laissé aller à son tempérament, mais d’avoir menti », rappelle M. Friedmann.


Mais en France, « faute avouée à moitié pardonnée ? Là c’est impossible », estime Mme Biland. « D’une façon générale, loin de nos petits mensonges quotidiens, les menteurs de haut vol présentent une façade sociale policée, prêchent et exigent des choses des gens et par derrière font le contraire », relève Jean-Pierre Bouchard, psychologue et criminologue. Pour lui, ce sont « des égoïstes qui ne pensent qu’à leur intérêt personnel au détriment d’autrui ». Pour ces spécialistes, ces menteurs ont un ego tellement développé qu’ils croient que cela va toujours durer, qu’ils passeront entre les gouttes. Et c’est parfois vrai. « Ces gens mentent dans le but d’avoir plus de bénéfices personnels, plus de sexe, plus d’argent, plus de pouvoir », dit M. Bouchard. « Mais les mœurs ont changé, la société réclame plus de transparence. »


Les menteurs mettent en place l’appareil qui leur permettra d’atteindre leurs objectifs personnels au sein du milieu dans lequel ils évoluent, tel Lance Armstrong. Le champion déchu, avant de se livrer à des aveux télévisés plus ou moins convaincants, a été accusé d’avoir monté « le programme de dopage le plus sophistiqué jamais vu dans l’histoire du sport » par l’Agence américaine antidopage. Pour Mme Biland, ce système avait « un côté mafieux ». « Le mensonge est fonction des enjeux et de votre curseur moral : dans la vie vous pouvez mentir jusqu’à un certain point », mais certains placent le curseur très bas et mentent sans état d’âme, commente-t-elle.
Et « quand l’eau prend de tous les côtés, les menteurs de haut vol disent avoir été pris dans la spirale de leur mensonge », poursuit le criminologue Bouchard. « Une défense classique qui est encore un mensonge » et peut en cacher d’autres, assène ce spécialiste qui ne croit guère à leurs remords, car ils ont des « carrières extrêmement construites, préméditées ».

 

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commentaires (2)

Faut pas que l'arbre Cahuzac cache l'imense forêt des profiteurs évadés fiscaux...mais aussi et surtout la terrible machine à frauder et à corrompre qu'est devenue la finance internationale...ils appellent çà de "l'ingénierie financière"...çà s'apprend même dans les écoles de finances ,de façon tout ce qu'il y a de plus officielle...un peu comme si la Mafia (trade mark) avait créé des écoles du crime...c'est tout un monde qui est à revoir...toute une façon de penser qui est à changer...il ne s'agit en aucune façon de traquer "les riches",ce qui serait stupide et improductif...mais de les inciter à mieux utiliser leur richesse...et de libérer le monde du pids insuportable de ces capitaux flottants qui sont une menace constante pour les peuples de la terre...

GEDEON Christian

10 h 14, le 05 avril 2013

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Commentaires (2)

  • Faut pas que l'arbre Cahuzac cache l'imense forêt des profiteurs évadés fiscaux...mais aussi et surtout la terrible machine à frauder et à corrompre qu'est devenue la finance internationale...ils appellent çà de "l'ingénierie financière"...çà s'apprend même dans les écoles de finances ,de façon tout ce qu'il y a de plus officielle...un peu comme si la Mafia (trade mark) avait créé des écoles du crime...c'est tout un monde qui est à revoir...toute une façon de penser qui est à changer...il ne s'agit en aucune façon de traquer "les riches",ce qui serait stupide et improductif...mais de les inciter à mieux utiliser leur richesse...et de libérer le monde du pids insuportable de ces capitaux flottants qui sont une menace constante pour les peuples de la terre...

    GEDEON Christian

    10 h 14, le 05 avril 2013

  • "Voiler une faute par un mensonge, c'est remplacer une tache par un trou" Aristote

    Yves Prevost

    07 h 10, le 05 avril 2013

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