Rechercher
Rechercher

À La Une - Liban-Éclairage

Gouvernement : Le scénario le plus probable, une longue gestion des affaires courantes

L’objet de conflit le plus important reste le dossier syrien et la division profonde qu’il provoque au sein de la société et des forces politiques libanaises.

Le chef du PSP Walid Joumblatt a ouvert hier le bazar gouvernemental prématurément, estiment les milieux politiques. En dépit des contacts effectués en douce entre les différents pôles politiques pour tenter de dégager un scénario acceptable, la situation reste floue et l’avenir incertain. Des milieux politiques centristes affirment à cet égard que les Libanais doivent s’habituer à l’idée d’une longue période de gestion des affaires courantes, tant il semble difficile pour les différents protagonistes de parvenir à un accord, sachant que tout accord doit constituer à l’étape actuelle un package deal : on s’entend sur la mission du gouvernement, sa forme, son président et la loi électorale.


En théorie, il y aurait deux possibilités : soit un accord sur la formation d’un gouvernement de technocrates qui serait chargé d’organiser les élections législatives, même avec un peu de retard, soit l’entente pour la formation d’un gouvernement d’union nationale, ou de salut, qui aurait pour mission de permettre au Liban de traverser cette période délicate, quitte à reporter les élections et à proroger le mandat du Parlement.

 

(Lire aussi: Un accord est-il possible entre le Futur et le Hezbollah ?, l’éclairage de Philippe Abi-Akl)


Le premier scénario suppose une entente sur une nouvelle loi électorale ou alors le vote du projet orthodoxe au Parlement, comme le réclame le bloc du Changement et de la Réforme. Toutefois, ces deux possibilités ont peu de chances de se réaliser puisque les protagonistes ne sont pas prêts à faire des concessions pour l’adoption d’ un nouveau projet de loi alors que le projet orthodoxe se heurte à une violente opposition de la part du courant du Futur, mais aussi du chef de l’État et de Walid Joumblatt. Ce qui pousse le président de la Chambre à hésiter à convoquer le Parlement pour une séance de vote, par crainte d’augmenter les clivages. Il préfère garder cette carte comme une épée de Damoclès, en espérant toutefois ne pas avoir à l’utiliser.
Le second scénario suppose une entente entre les protagonistes sur la formation d’un gouvernement, tout en renonçant à organiser les élections dans un proche avenir, pour laisser suffisamment de temps à l’élaboration d’une loi électorale. Sous prétexte que la priorité est aujourd’hui à la stabilité et à éviter toute contagion syrienne au Liban, l’idée serait donc de former un gouvernement regroupant toutes les composantes politiques, qui déciderait le report des élections en demandant au Parlement de proroger son mandat. Mais là aussi les écueils sont nombreux, même si Nagib Mikati se verrait bien présider un tel gouvernement. Un des écueils porte notamment sur la durée de la prorogation du mandat du Parlement. Certains parlent d’un an, d’autres de deux et d’autres encore de trois ans. Ce qui pose aussi la question de l’élection présidentielle, qui constitue elle aussi un sujet de conflit.


Mais l’objet de conflit le plus important reste le dossier syrien et la division profonde qu’il provoque au sein de la société et des forces politiques libanaises. La volonté de former un gouvernement d’union nationale supposerait l’existence d’une conviction réelle chez les différents protagonistes d’adopter la politique de distanciation si chère au Premier ministre. Toutefois, par la force des choses, le Liban est entraîné de plus en plus dans les développements en Syrie, qu’il s’agisse des incidents qui se multiplient à la frontière, de l’augmentation des déplacés syriens au Liban, de l’émergence de groupes islamistes proches de l’opposition syrienne ou encore de la présence de combattants syriens au Liban, sans parler des Libanais résidents en Syrie et contraints à se défendre, en sollicitant le soutien des Libanais de l’autre côté de la frontière. Plus même, certains milieux estiment que la nouvelle phase des développements en Syrie, déclenchée par le sommet de Doha et l’octroi du siège de la Syrie à l’opposition, exige l’abandon du Liban de sa politique de distanciation, notamment sur le plan officiel.
Face à ce contexte de plus en plus compliqué et confus, on voit mal comment les protagonistes pourraient s’entendre sur la formation d’un gouvernement alors qu’en temps normal et sans crise syrienne, la formation d’un gouvernement au Liban est un processus de plusieurs mois.

 

(Lire aussi: Risques d’impasse et, comme toujours, dépendance à l’étranger ..., le commentaire d'Emile Khoury)


Pour toutes ces raisons, le scénario le plus probable est celui d’une longue gestion des affaires courantes. Avec peut-être la désignation d’un nouveau Premier ministre (ou peut-être le même) sans qu’il soit en mesure de former un gouvernement. Mais le problème de l’expiration du mandat du Parlement le 20 juin se posera quand même. Il faudra donc trouver une formule pour éviter une vacance au niveau du législatif et, en même temps, il faudra étudier la possibilité de proroger le mandat du président de la République qui s’achève le 25 mai 2014. Certains voient d’ailleurs dans le refus du 8 Mars et du bloc du Changement et de la Réforme de proroger le mandat du général Achraf Rifi un message adressé aux autres chefs, militaires ou politiques, qui croient que leur maintien dans leurs fonctions est acquis, à partir du moment où le Parlement devra proroger son mandat...
C’est dire que le bazar est ouvert en grand et à tous les niveaux. Mais ce qui inquiète le plus les Libanais, c’est la situation sécuritaire et la tension grandissante entre sunnites et chiites qui se traduit chaque jour par de nouveaux incidents, du Nord au Sud, en passant par la Békaa et la capitale. Ce fait à lui seul devrait pousser les différents protagonistes à chercher sérieusement des solutions...

 

Lire aussi

La discorde menace de tout emporter sur son passage, avertit Kabalan

 

Gouvernement : les consultations fixées aux 5 et 6 avril

 

Antoine Sfeir à « L’OLJ » : Le Parlement a le droit de légiférer, même si le gouvernement est démissionnaire

Le chef du PSP Walid Joumblatt a ouvert hier le bazar gouvernemental prématurément, estiment les milieux politiques. En dépit des contacts effectués en douce entre les différents pôles politiques pour tenter de dégager un scénario acceptable, la situation reste floue et l’avenir incertain. Des milieux politiques centristes affirment à cet égard que les Libanais doivent...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut