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À La Une - syrie

L'opposition syrienne siège à la Ligue arabe, un symbole avant tout

"A quoi sert un siège à la Ligue arabe? Ce que nous voulons, c'est la fin du bain de sang en Syrie".

Le chef de l'opposition syrienne Ahmad Moaz el-Khatib lors du sommet de la Ligue arabe, le 26 mars 2013, à Doha. AFP

La décision de la Ligue arabe d'accorder le siège de la Syrie à l'opposition restera un geste symbolique en l'absence d'un soutien international à un gouvernement rebelle sur le terrain, selon des opposants et des experts.
"L'entrée de l'opposition à la Ligue arabe est certainement importante d'un point de vue symbolique et politique (...). Il s'agit d'un message fort sur le soutien des dirigeants arabes à l'opposition", affirme Shadi Hamid, du Brookings Doha Center. Mais selon lui, cette légitimité ne change en rien à la réalité de la situation pour l'opposition, qui n'est pas parvenue à renverser le régime de Bachar el-Assad après deux ans de révolte. La conflit a fait plus de 70.000 morts et s'enlise sans qu'aucune solution ne soit en vue.


Yezid Sayigh, du centre Carnegie pour le Moyen-Orient à Beyrouth, estime également qu'un siège à la Ligue arabe "a une portée symbolique et émotionnelle, mais des conséquences diplomatiques et politiques limitées".
Ainsi, un siège au sein de l'organisation panarabe ne garantit pas à l'opposition un siège aux Nations Unies, où la procédure est compliquée par les divisions et les atermoiements de la communauté internationale face au dossier syrien.
"Nous espérons que cette reconnaissance par la Ligue arabe permettra de priver le régime (du président Bachar el-Assad) du siège à l'ONU", affirme à l'AFP un opposant proche de la Coalition nationale. "L'entrée à la Ligue arabe signifie au minimum que le régime ne peut pas récupérer ce siège".


Mais les opposants s'accordent à dire que sans un large soutien à un gouvernement d'opposition, le siège à la Ligue arabe ne servira qu'à remonter le moral. Le 19 mars, la Coalition a élu pour la première fois un "Premier ministre" rebelle, Ghassan Hitto, en vue de former un gouvernement chargé d'administrer les zones conquises par les rebelles.
Selon les experts, un tel gouvernement pourrait canaliser les aides pour ces régions qui échappent au régime, voire même servir de plate-forme pour fournir des armes aux rebelles.


Or, l'idée d'un tel gouvernement n'est pas soutenue par des puissances comme les États-Unis, qui préfèrent un gouvernement de transition issu d'un dialogue entre représentants du régime et opposition. Et Washington refuse pour l'instant de fournir des armes aux insurgés, craignant qu'elles ne tombent aux mains d'extrémistes.
Selon l'opposant proche de la Coalition, "un gouvernement a besoin d'être un acteur légitime sur le terrain (...). Pour ce faire, il a besoin de fonds et de soutien".


L'opposition syrienne en majorité en exil est souvent accusée d'être déconnectée de la réalité sur le terrain, où des groupes jihadistes sont en train de prendre de vitesse les autres rebelles, en assurant à la population des services de base qui font cruellement défaut.

Vendredi, des manifestants dans la province d'Alep ont ainsi scandé: "A quoi sert un siège à la Ligue arabe? Ce que nous voulons, c'est la fin du bain de sang en Syrie".
Abou Ghazi, un militant anti-régime basé à Hama (centre), a insisté: "Nous avons besoin d'une vraie aide, pas juste des victoires symboliques et des rêves. Nous avons besoin d'une aide humanitaire et militaire pour défendre les zones rebelles". "Un siège à la Ligue arabe confère une légitimité, mais cela veut-il dire la fin du régime Assad ?", a-t-il ajouté. Selon lui, que la Coalition dispose d'un siège à la Ligue ou pas, "si elle ne fait pas ses preuves dans les territoires libérés (à travers un gouvernement), elle perdra complètement sa légitimité".

 

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