Rechercher
Rechercher

À La Une - Le clic

La guerre syrienne... sur la terre comme au Web

Dans les rues comme dans le cyberspace, les combats font rage entre pro et anti-Assad. L’un des acteurs principaux de ce conflit est l’Armée syrienne électronique (ASE) qui a été mise en place par le régime de Bachar el-Assad dès l’éclatement de la révolte en 2011. Qualifiée de bras cyberarmé du régime, ce bataillon de pirates informatiques avait au départ pour mission d’infiltrer et d’espionner les comptes Facebook des opposants. Aujourd’hui, deux ans après sa création, l’ASE est devenue une composante essentielle de la guerre médiatique menée par Damas.

Ces dernières semaines, cette armée électronique a concentré ses attaques sur plusieurs organisations et médias internationaux, piratant leurs comptes sur les réseaux sociaux. Dernière victime en date : trois comptes Twitter de la chaîne de télévision britannique BBC (@BBCWeather, @BBCArabicOnline et @BBCRadioUlster).
À part des déclarations de soutien au président Bachar el-Assad, les pirates ont diffusé des messages saugrenus sur le compte de @BBCWeather, s’en prenant à plusieurs pays, dont le Liban : « Alerte sismique au Qatar : (le prince) Hamad ben Khalifa est sur le point de sortir de son véhicule » ; « La station météorologique saoudienne est en panne après une collision frontale avec un chameau » ; « Prévisions météorologiques chaotiques au Liban, alors que le gouvernement a annoncé sa décision de se distancier de la Voie lactée » ; « Alerte au tsunami à Haïfa : on conseille aux résidents de retourner en Pologne »...

 


Une semaine plus tôt, l’ASE attaquait le site Web et le compte Twitter de l’organisation internationale pour la défense des droits de l’homme, Human Rights Watch (HRW). « Tous vos rapports sont FAUX ! ! Cessez vos mensonges ! ! ! » ont écrit les pirates sur le site, critiquant le dernier rapport de l’organisation qui accuse le régime syrien d’utiliser des bombes à sous-munitions dans sa guerre contre l’opposition.

Début mars, c’était la page Facebook de la Qatar Foundation qui avait été la cible des pirates pro-Assad. « À Qatar Foundation, nous soutenons le terrorisme », lisait-on dans l’un des nombreux messages pirates publiés sur la page. Des photos insultantes du prince Hamad ben Khalifa al-Thani et de son épouse ont également été diffusées. Traité de « Grand Satan » ou encore de « mulet », le prince est notamment attaqué sur les prises de position du Qatar sur la crise syrienne.

Depuis le début de l’année, l’ASE a piraté les comptes de plus de cinq médias internationaux, dont ceux de l’AFP, Reuters, France 24, al-Jazeera, Sky News et Deutsche Welle.

 

Une image diffusée sur le compte piraté de l'AFP sur Twitter : "Les rebelles syriens soutenus par Obama prête allégeance à el-Qaëda".

 


Qui se cache derrière cette « armée » ? Impossible de le dire. Mais l’adresse de son site Web a été enregistrée au nom de la « Syrian Computer Society », un organisme officiel chargé des nouvelles technologies dans le pays. De 1995 à 2000, cet organisme était dirigé par Bachar el-Assad en personne.

Dans le camp opposé, l’on trouve plusieurs groupes de pirates dissidents éparpillés un peu partout dans le monde. Dans une entrevue accordée au site Web de NPR, l’un d’eux – baptisé « Harvester » – affirme faire face à une « vraie armée organisée possédant des équipements technologiques américains très sophistiqués ». Installé en Turquie, près de la frontière syrienne, Harvester passe une grande partie de son temps à pirater les comptes d’opposants arrêtés afin d’effacer tout contenu compromettant. « Nous remplaçons les photos du drapeau de la révolution syrienne par une image pornographique, par exemple, explique Harvester. Ça nous permet d’occuper les enquêteurs un moment. »

Tout comme les loyalistes, les anti-Assad organisent eux aussi des attaques informatiques contre des médias ou des organisations adverses. En deux ans, ils ont réussi par exemple à fermer la page Facebook de l’Armée syrienne électronique plus de 200 fois, selon l’aveu même des administrateurs de cette page.
En janvier dernier, des opposants ont affirmé avoir piraté la chaîne de télévision syrienne pro-Assad ad-Dounia en remplaçant la programmation régulière par des images ridiculisant l’armée syrienne.

 

Dimanche dernier, des pirates dissidents ont fait le buzz sur Internet en diffusant un message annonçant la mort de Bachar el-Assad sur la page Facebook de la chaîne syrienne. « Monsieur le président a été transféré à l’hôpital al-Chami après avoir été abattu par un de ses gardes du corps », disait le message qui a surpris les centaines de milliers d’internautes abonnés au compte d’ad-Dounia.

 


Reprise par plusieurs médias occidentaux et arabes, l’information a été rapidement démentie par Damas qui a accusé « l’ennemi israélien » d’être à l’origine de la rumeur.

La guerre 2.0 est loin d’être terminée...

 

 

Pour mémoire

L’armée chinoise, passée maître dans l’art de pirater Internet

 

Aaron Swartz, le "hacker extraordinaire" qui a bouleversé le Web

 

Facebook subit comme Twitter une attaque informatique "sophistiquée"

Dans les rues comme dans le cyberspace, les combats font rage entre pro et anti-Assad. L’un des acteurs principaux de ce conflit est l’Armée syrienne électronique (ASE) qui a été mise en place par le régime de Bachar el-Assad dès l’éclatement de la révolte en 2011. Qualifiée de bras cyberarmé du régime, ce bataillon de pirates informatiques avait au départ pour mission...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut