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À La Une - Liban

Kabbani : "Si le feu se propage au Liban, ce sera à cause du 14 et du 8 Mars"

La tension reste forte à Beyrouth après l'agression de quatre cheikhs sunnites dimanche soir.

Plusieurs personnes manifestant et mettant des pneus en feu dans le quartier à majorité sunnite de Corniche el-Mazraa, à Beyrouth, le lundi 18 mars 2013. REUTERS/Hussam Shebaro

La tension était palpable lundi à Beyrouth, au lendemain des attaques qui ont visé quatre dignitaires religieux sunnites dans des quartiers à majorité chiite de la capitale libanaise.

 

Dans l'après-midi, des centaines de personnes ont participé à une manifestation à Beyrouth, dans le quartier à majorité sunnite de Tariq el-Jdidé, à l’appel du Comité des ulémas musulmans pour dénoncer l'agression.

Lors de ce sit-in, le fondateur du courant salafiste au Liban cheikh Daï al-Islam Chahhal a dénoncé "des mesures de sécurité injustes renforcées uniquement dans nos régions, alors que beaucoup de criminels restent libres dans d'autres". Le dignitaire sunnite a ainsi estimé que les institutions militaires et sécuritaires sont "utilisées en faveur d'un camp, pire contre un autre". Et cheikh Chahhal de mettre en garde : "Pour défendre les opprimés, nous combattrons ceux qui attaquent les innocents".

 

Un peu plus tard, des jeunes ont brièvement coupé, à l'aide de pneus en feu, la route à proximité de la mosquée Abel Nasser, à Corniche el-Mazraa, un autre quartier de la capitale, en signe de soutien aux quatre cheikhs. En soirée, des tirs ont en outre été signalés dans cette région. 

Des routes ont également été brièvement coupées à Qasqas et dans la région de Cola, à Beyrouth. Dans la région de la Cité sportive où la route a aussi été coupée, des manifestants ont en outre jeté des pierres contre les forces de sécurité.

Au sud de la capitale, l'autoroute de Khaldé et de Naameh ainsi que la route côtière au niveau de Saïda ont également été brièvement bloquées.

 

Mazen Hariri et Ahmad Fakhran, deux cheikhs sunnites de Dar el-Fatwa ont été agressés dimanche soir, peu après avoir quitté la mosquée Mohammad el-Amine au centre-ville de Beyrouth, par trois individus au niveau de Khandak el-Ghamik et de Basta el-Tahta. L’un des cheikhs a même vu sa barbe rasée de force. Dar al-Fatwa est la plus haute instance religieuse sunnite au Liban.

Quelques minutes à peine après cet incident, l’uléma Chahhal de Tripoli annonçait que deux autres cheikhs qui se rendaient à Majdel Anjar ont été agressés au niveau de Chiyah, dans la banlieue sud de Beyrouth.

 

Les deux cheikhs de Dar el-Fatwa qui ont été agressés à Khadak el-Ghamik.


 

A l'annonce des agressions, des manifestants se sont rassemblés dans les rues près de l'hôpital Makassed, brûlant des pneus pour bloquer la circulation et réclamant l'arrestation des agresseurs.

 

Lundi matin, le mufti de la République libanaise, cheikh Mohammad Rachid Kabbani, s’est rendu lundi à l’hôpital des Makassed pour rencontrer les deux cheikhs de Dar el-Fatwa agressés dimanche. A l’issue de sa visite, il a accusé les politiciens sunnites et chiites d’être responsables de l’incident. "C’est le résultat de votre guerre politique et de vos discours provocateurs", a dit le mufti de la République. "Je n’accuse personne en particulier, mais il faut mettre un terme à ce genre d’incidents parce que la situation est devenue très grave", a-t-il ajouté. "Si le feu se propage au Liban, ce sera à cause du 14 et du 8 Mars", a-t-il conclu. Cette attaque "ne peut être une coïncidence et il y a certainement un instigateur", a-t-il ajouté un peu plus tard.

 

(Lire aussi : De Saïda, Ahmad el-Assir appelle Nasrallah à la « repentance »)

 

"Un incident qui aurait pu conduire le pays vers l’abîme"

Le ministre de l'Intérieur Marwan Charbel s'est rendu lundi après-midi, en compagnie du ministre de la Défense Fayez Ghosn et du procureur général de la République Hatem Madi, à Dar el-Fatwa où les ulémas musulmans tenaient une réunion. Lors d'une brève conférence de presse, il a annoncé que dix personnes impliquées dans ces attaques ont été arrêtées et font l'objet d'une enquête. "Nous avons pu contenir la discorde qui aurait pu éclater hier", s'est félicité le ministre qui a assuré avoir établi des contacts avec des responsables de toutes les communautés, notamment du Hezbollah et de Amal.

 

"Nous devons connaitre les motifs de l'agression", a porsuivi M. Charbel, qui a précisé que les deux principaux partis chiites libanais ont aidé les forces de sécurité à arrêter les coupables. Dès dimanche soir, Amal et le Hezbollah ont qualifié, dans un communiqué conjoint, ces incidents de "tentatives (visant à) attiser la zizanie confessionnelle" et demandé que les agresseurs soient traduits en justice.

 

Lundi, Cheikh Mohammad Rachid Kabbani a appelé les responsables du Hezbollah et de Amal à ne pas protéger les criminels qui ont attaqué les cheikhs sunnites. "Nous ne pouvons pas dire que les dirigeants du Hezbollah et de Amal cherchent à semer la discorde entre sunnites et chiites et nous ne les accusons pas. Mais parce qu'ils sont responsables, ils doivent frapper d'une main de fer tous les criminels", a poursuivi le mufti.

 

"Nous avons surmonté un incident qui aurait pu conduire le pays vers l’abîme", a déclaré, de son côté, le ministre Ghosn, avertissant que "l’armée n’hésitera pas à réagir avec une grande fermeté face à toute tentative de semer la zizanie dans le pays".

 

 

Ne pas protéger les criminels

Selon le ministre de l'Intérieur, les forces de sécurité font leur devoir, mais certains dignitaires religieux, en tenant des discours confessionnels, sont également responsables des dérapages.

Marwan Charbel a également salué les discours du mufti de la République et des cheikhs qui ont aidé à éteindre le feu de la discorde. "L'on sait qu'en cas de faille sécuritaire, tout le monde sera perdant", a déclaré Marwan Charbel.


Ces incidents interviennent dans un climat confessionnel tendu au Liban entre les deux principales branches de l'islam, conséquence du conflit en Syrie voisine. Une majorité de chiites appuie le régime du président syrien Bachar el-Assad, alors que la plus grande partie des sunnites libanais soutient les rebelles qui se sont soulevés contre le chef d'Etat syrien.

Les agressions de dimanche ont, en outre, eu lieu en l'absence des trois pôles du pouvoir, en déplacement à l'étranger.

 

(Lire aussi : À Tripoli, le feu couve....)

 

Le Premier ministre libanais, Nagib Mikati, de confession sunnite, et qui se trouve en Italie pour l'intronisation du pape, a également appelé au calme lundi. "Que Dieu protège le Liban des dissensions confessionnelles. Les coupables devront rendre des comptes quel que soit le parti auquel ils appartiennent", a-t-il dit sur son compte Twitter.

 

Dans un message adressé aux Libanais, l’ancien Premier ministre Saad Hariri a, pour sa part, accusé Damas de chercher à déstabiliser le Liban. "Ils cherchent à diviser le peuple en exécutant des ordres reçus de l’étranger dans le but de déplacer le feu d’un pays arabe à l’autre", a dit M. Hariri, en allusion à la Syrie. "Bachar el-Assad ne veut pas la stabilité du Liban et cherche à provoquer un conflit entre les Libanais, notamment entre les sunnites et les chiites", a-t-il accusé. "Assad veut sauver son régime avec le sang libanais", a poursuivi le chef du Courant du Futur (opposition), tout en appelant ses compatriotes à "rester unis face aux tentatives de déstabilisation".

 

 

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La tension était palpable lundi à Beyrouth, au lendemain des attaques qui ont visé quatre dignitaires religieux sunnites dans des quartiers à majorité chiite de la capitale libanaise.
 
Dans l'après-midi, des centaines de personnes ont participé à une manifestation à Beyrouth, dans le quartier à majorité sunnite de Tariq el-Jdidé, à l’appel du Comité des ulémas...

commentaires (5)

Walla kamacha 3al Tayer !

SAKR LEBNAN

11 h 29, le 19 mars 2013

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Commentaires (5)

  • Walla kamacha 3al Tayer !

    SAKR LEBNAN

    11 h 29, le 19 mars 2013

  • Vous avez remarqué un truc? Tous les partis ont stigmatisé ces actes odieux en demandant évidemment au calme etc.. Le seul n'ayant pas stigmatisé et s'en fichant apparemment: Michel Aoun et son camp... Rien.. Je suppose qu'il stigmatisera ceci bientôt...tout en stigmatisant AUSSI , les réactions qui ont suivi.. Evidemment, il n'est pas possible pour lui, de ne pas critiquer la partie sunnite...Même lorsqu'il faut étouffer le complot dans l'oeuf..Parce que c'est un complot...Personne ne croira la version de "drogués" qui ont agressé des cheikhs ...à 2 endroits différents et presque au même moment ...

    jean-Pierre EL KHOURY

    00 h 19, le 19 mars 2013

  • Les deux parallèles se battent en terre non Libanaise. Mais l'importation du conflit commence déjà. Déploiement immédiat de l'Armée Nationale et requête à l'ONU pour une FINUL aux frontières Nord et Est du Pays. En même temps ramassage de tous les PARDONNEURS encore libres et bien connus...

    SAKR LEBNAN

    19 h 19, le 18 mars 2013

  • Déprimant..Lassant..répétitif.. Sunnites contre chiites ASL contre Assad.. Allez, prenons la vie du bon côté par désespoir de cause et je commenterai ceci " on lui a rasé la barbe?"...Je propose que ces voyous viennent me raser tous les matins ma barbe.....C'est vraiment barbant de se raser tous les matins..... M Marwan charbel, leurs noms et leurs emails svp, j'ai besoin d'un barbier...gratos de surcoit..Elle est pas belle là vie?? Enfin..On rigole avec ce qu'on a encore, comme matière à rigoler...pour ne pas pleurer.....

    jean-pierre EL KHOURY

    18 h 53, le 18 mars 2013

  • Les discours provocateurs des politiciens sont en effet la cause de ces incidents graves et qui peuvent plonger le pays brusquement dans une nouvelle guerre civile . Triste . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 08, le 18 mars 2013

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