Rechercher
Rechercher

Liban - Liban

Sleiman : Pourquoi voulons-nous sacrifier le Liban à l’autel du printemps arabe ?

Le chef de l’État entouré d’une délégation de l’ordre des journalistes. Photo Dalati et Nohra

Le président de la République a changé. Près de cinq années d’exercice du pouvoir ne l’ont pas usé, bien au contraire. On dirait presque qu’il a trouvé un nouveau souffle. Devant la délégation du conseil de l’ordre des rédacteurs présidée par Élias Aoun, il est très à l’aise, clair, voire offensif. Il commence lui-même, par exemple, par affirmer que les droits de la femme au Liban ne sont pas préservés, en dépit des apparences et qu’il y a beaucoup à faire pour qu’ils le soient, notamment au niveau des mentalités. Il est aussi critique à l’égard des parties politiques libanaises, mais se veut résolument rassurant. Au sujet de la tenue ou non des élections législatives, il a cette phrase : « Les pays de la région provoquent des émeutes pour avoir des élections et nous, nous voulons provoquer des incidents pour les reporter ? » Selon lui, la situation générale n’est pas dangereuse, mais elle est inquiétante...


L’entretien à bâtons rompus se déroule dans le bureau du président et ce dernier encourage les présents à poser les questions. Le premier sujet évoqué est la position du ministre des Affaires étrangères à la dernière réunion de la Ligue arabe. A-t-il ou non respecté la politique officielle de distanciation à l’égard du conflit syrien ? Selon le chef de l’État, le ministre Adnane Mansour a prononcé un discours sans avoir auparavant consulté ou pris les directives présidentielles. Mais au moment du vote, il s’est abstenu et c’est cela qui compte. C’est pourquoi on ne peut pas dire qu’il a violé la politique officielle de distanciation. De toute façon, le chef de l’État s’entretiendra avec lui, dès qu’il reviendra au Liban.
Au sujet de la visite à Baabda de la délégation du Conseil de coopération du Golfe et du message qui lui a été remis, Michel Sleiman a démenti qu’une sorte d’ultimatum lui aurait été adressé, rappelant que le chef de l’État ne peut pas accepter ce genre d’attitude. Il a précisé que le secrétaire général du CCG accompagné des ambassadeurs est venu en toute amitié et par souci des Libanais qui se trouvent chez eux, ils ont demandé des précisions sur les violations de la politique de distanciation. Le président a répondu que les violations ont été accomplies par les deux camps (il ne faut pas oublier Tall Kalakh), mais le gouvernement et l’État en général continuent à adopter la même politique à savoir la dissociation du dossier syrien.


Abordant le dossier des élections, le président Sleiman s’est demandé comment le fait d’accomplir son devoir peut devenir un « jour noir »? Il faisait ainsi allusion au commentaire de Michel Aoun après la signature avec le Premier ministre du décret de convocation du collège électoral. Il a aussi tourné en dérision les allégations selon lesquelles il aurait agi suite à la demande de l’ambassadrice des États-Unis Maura Connelly, précisant qu’il n’a pas le pouvoir de refuser de signer un tel décret. La loi l’oblige tout simplement à le faire et de toute façon, le processus électoral se poursuit. Prié de dire s’il croit à la tenue des élections à la date prévue, le chef de l’État a été affirmatif, ajoutant que, selon lui, les élections ont 95 % de chances de se tenir, sur la base d’une autre loi que celle de 1960. Il s’est demandé ensuite si le Liban est un État de droit ou non ? Si oui, il faut respecter les échéances électorales. Il a ensuite ajouté que s’il n’y a pas d’élections et s’il y a une prorogation du mandat du Parlement, le risque sécuritaire sera plus grand.


Le président a aussi expliqué qu’au fond, tout le monde veut la tenue des élections à la date prévue, alors que les incidents sécuritaires ont des causes politiques. Selon lui, on se rapproche d’une loi mixte. Si elle constitue un premier pas vers la proportionnelle, pourquoi pas, a déclaré le président qui a ajouté toutefois : « Nous ne sommes pas encore prêts car chacun cherche à tirer la couverture de son côté. » Au sujet de la loi de 1960, Sleiman a confirmé qu’elle est bien morte, mais qu’il reste encore à officialiser le décès et que cela relève de la responsabilité du Parlement. À cet égard, il a démenti l’existence d’un froid entre lui et le président de la Chambre suite à la signature du décret de convocation du collège électoral. Il a ajouté que Nabih Berry a une responsabilité législative alors que la sienne est exécutive et au fond, les lois qu’il applique sont celles votées par le Parlement présidé par M. Berry.


Évoquant l’instabilité actuelle, le président a précisé que les forces armées sont responsables de la sécurité, mais la paix civile, ce sont les politiciens, les responsables et les médias qui la font. « Pourquoi voulons-nous importer le conflit syrien chez nous et pourquoi voulons-nous sacrifier le Liban à l’autel du printemps arabe ? » s’est demandé le chef de l’État. Il a précisé à cet égard que Ersal n’est pas Nahr el-Bared. Dans le camp palestinien, il y avait des attaques répétées contre l’armée alors qu’à Ersal, il y a eu une seule attaque suite à une arrestation. Il a d’ailleurs salué l’attitude sage et ferme de l’armée à Ersal.


Concernant « le traitement de faveur réservé au cheikh Ahmad el-Assir », le président a déclaré qu’au début, l’État a été tolérant à la demande du 14 et du 8 Mars, qui ne voulaient pas qu’on lui donne de l’importance. Le ministre de l’Intérieur a donc ouvert un dialogue avec lui. Comme le cheikh a exagéré, les forces de l’ordre sont désormais fermes avec lui. Selon lui, le Liban devrait s’en sortir car il n’y a pas de grands conflits internes sur des points fondamentaux, comme c’était le cas en 1975. Taëf a créé un filet de sécurité pour le pays, mais il faut quand même être vigilant, éviter les accrochages et éteindre au plus vite la moindre étincelle...

 

Pour mémoire

Baabda, le Sérail et le 14 Mars désavouent Mansour

 

Avec un million de réfugiés, la Syrie est entrée dans "la spirale d'une catastrophe absolue"

 

Majorité et opposition misent sur le report des élections en attendant que se décante la situation en Syrie
Le président de la République a changé. Près de cinq années d’exercice du pouvoir ne l’ont pas usé, bien au contraire. On dirait presque qu’il a trouvé un nouveau souffle. Devant la délégation du conseil de l’ordre des rédacteurs présidée par Élias Aoun, il est très à l’aise, clair, voire offensif. Il commence lui-même, par exemple, par affirmer que les droits de la...
commentaires (4)

Le chef de l'état sous les projecteurs, super , je ne le connaissais pas comme ça, ferme quand il annonce la mort certaine et prochaine de la loi de 1960 , magnanime quand il s'agit du clown de Saida, sûr de lui quand il donne 95% de chance au vote dans les délais, c'est rassurant un président pareil, il faut juste lui donner plus de pouvoir, comme celui de déclarer que le Liban a besoin d'être fort et respecté par tous.Personnellement j'y crois .

Jaber Kamel

13 h 45, le 08 mars 2013

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • Le chef de l'état sous les projecteurs, super , je ne le connaissais pas comme ça, ferme quand il annonce la mort certaine et prochaine de la loi de 1960 , magnanime quand il s'agit du clown de Saida, sûr de lui quand il donne 95% de chance au vote dans les délais, c'est rassurant un président pareil, il faut juste lui donner plus de pouvoir, comme celui de déclarer que le Liban a besoin d'être fort et respecté par tous.Personnellement j'y crois .

    Jaber Kamel

    13 h 45, le 08 mars 2013

  • Dernière ligne lire : On est acheté, sinon on se propose à l'achat... Merci.

    SAKR LEBNAN

    13 h 00, le 08 mars 2013

  • C'est que malheureusement on est Iranien avant d'être Libanais, on est Syrien avant d'être Libanais, on est Saoudien avant d'être Libanais, et ainsi de suite... Le sentiment patriotique manque presque à tous... On SUIT ET ON EST SUIVI PAR LES TROUPEAUX DE MOUTONS... On VEND... et ON SE VEND. ON EST ACHETÉ... ET ON S'ACHETE !

    SAKR LEBNAN

    08 h 53, le 08 mars 2013

  • ça suffit les sacrifices ! STOP...! même pour les 4 saisons de Vivaldi...! depuis 1943... nous avons déjà payé un prix énorme aux saisons arabes et hébraïques...

    Vasionchi Michel

    08 h 28, le 08 mars 2013

Retour en haut