Selon vous, quelles sont les plus graves atteintes aux droits de la femme, ou à la condition féminine au Liban ?
L’atteinte la plus grave à mes yeux est le fait qu’une femme libanaise qui a épousé un Libanais ne peut toujours pas donner sa nationalité à ses enfants ou son partenaire. Ensuite, il y a la violence domestique et conjugale qui sévit encore dans notre société, et enfin un problème qui n’est pas particulier aux pays en développement, mais qui fait des ravages en termes de discrimination : c’est la marginalisation des femmes sur le marché du travail.
Le fait d’être une femme a-t-il favorisé ou handicapé votre carrière ?
En fait, cela dépend des personnes avec qui j’ai travaillé. Les personnes qui ont un certain niveau d’éducation, de culture et de maturité ont accueilli très favorablement ma nomination au poste de ministre des Finances. Leur attitude m’a permis de progresser, de m’épanouir et même de changer certaines mentalités qui croyaient dur comme fer qu’une femme ne peut se charger de certains dossiers « secs » comme le dossier des finances. Je pense aussi que le fait d’être une femme m’a donné, dans beaucoup de situations, la capacité de résister à beaucoup de pression.
D’autres personnes dans d’autres milieux ont adopté une attitude très condescendante à mon égard. Ce sont des personnes qui manquent de profondeur, de tolérance et de savoir académique et scientifique.
Auriez-vous préféré être née homme ?
(Elle rit) Non... Si vous aviez posé la question à des hommes, aucun n’aurait répondu qu’il aurait préféré être une femme.
Cela montre clairement les idées patriarcales dans lesquelles sont ancrées nos sociétés. Je pense que la femme peut apporter des dimensions différentes quelle que soit sa spécialité. Au-delà des compétences techniques, ce sont des qualités humaines qu’une femme peut apporter. Je suis fière d’être née femme...
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