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À La Une - Italie

Le boom de Grillo et l’inquiétude de l’Europe

Si aucune alliance n’était trouvée, le président Napolitano pourrait piloter la formation d’un nouveau gouvernement technique qui se contenterait de réformer le système électoral avant un rapide retour aux urnes.

Beppe Grillo, l’ex-comique dont le mouvement Cinq Étoiles s’est adjugé un quart des suffrages dans les deux chambres et se retrouve en position d’arbitre sur la scène politique italienne.  AFP/FABIO MUZZI

L’Italie se trouvait hier dans une impasse politique, sans vainqueur clair des élections nationales, ce qui a fait retentir de multiples sonnettes d’alarme en Europe face à un possible retour de la crise dans la zone euro.


Les politologues italiens cherchaient à analyser hier le « boom de Grillo », l’ex-comique dont le mouvement Cinq Étoiles s’est adjugé un quart des suffrages dans les deux chambres et se retrouve en position d’arbitre. Stefano Folli, du Sole 24 Ore, a expliqué ce vote protestataire massif par « la méfiance à l’égard de la monnaie unique et des sacrifices imposés » par l’Union européenne en 15 mois de gouvernement technique de l’ex-commissaire européen Mario Monti. Le directeur de La Stampa Mauro Calabresi a estimé de son côté que l’impact social des plans d’austérité adoptés depuis la mi-2011 avait été largement sous-estimé par la classe politique. Pour sa part, la Commission européenne a assuré avoir entendu le « message d’inquiétude » envoyé par les citoyens italiens, tout en demandant à Rome d’« honorer ses engagements » budgétaires et de réformes.
Dans des déclarations à des télévisions, Beppe Grillo a assuré que son mouvement, qui pourra compter sur 54 sénateurs et 109 députés, n’était « pas opposé au reste du monde. Nous verrons réforme par réforme, loi par loi, s’il y a des propositions compatibles avec notre programme, nous les examinerons ».


Le grand perdant du scrutin est celui qui faisait figure de « chouchou » du reste de l’Europe : Mario Monti a recueilli tout juste 10 % des suffrages. Il s’est malgré tout dit « satisfait » du résultat de sa formation Choix civique, née « il y a seulement deux mois », et son entourage a dit miser sur une possible « grande coalition » pour gouverner l’Italie. Il faudrait pour cela une alliance entre le Parti démocrate (PD) de Pier Luigi Bersani, le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi et le centre de M. Monti.


Sur son blog, Beppe Grillo a déjà exclu de participer à « un grand ramassis de politicards. On va assister à une réédition du gouvernement Monti, mais le M5S ne s’alliera avec personne ».

Convergences
Le Cavaliere, qui, à 76 ans, a fait sa sixième campagne en 18 ans et a réalisé une remontée spectaculaire en deux mois et demi, a semblé de son côté prêt à envisager un mariage provisoire avec le Parti démocrate : « Il faut prendre le temps de la réflexion », mais a exclu tout accord avec M. Monti.
Difficile en effet de réconcilier deux dirigeants qui se sont donné des noms d’oiseaux ces derniers temps, le premier ayant dénoncé un gouvernement Monti « agenouillé » devant une « Allemagne hégémonique », tandis que l’ex-commissaire européen accusait son prédécesseur d’« acheter le vote des Italiens » avec sa promesse de remboursement d’une impopulaire taxe foncière.


Le centre-gauche restait énigmatique sur ses intentions, mais il tentera probablement de former une majorité susceptible de gouverner. Pier Luigi Bersani, un ancien communiste de 61 ans connu pour avoir suivi sous le gouvernement Prodi une ambitieuse politique de libéralisation, est considéré comme un pragmatique et s’est engagé à maintenir la discipline budgétaire. « Nous sommes conscients du caractère dramatique de la situation et des risques encourus par le pays », a-t-il déclaré en milieu de soirée. Il a en outre amorcé un geste d’ouverture envers le Mouvement 5 Étoiles, évoquant ainsi des thèmes chers à cette formation, comme la réforme des institutions, les coupes dans les coûts de la politique, la moralité et la défense des plus défavorisés, appelant Beppe Grillo à dire « ce qu’il veut pour le pays ».


Pour Mauro Calabresi, de La Stampa, « il faudra trouver des convergences entre les partis traditionnels et les nouveaux parlementaires Cinq Étoiles (mouvement de Grillo). Ils doivent être traités comme une ressource, pas comme des ennemis ».
Si aucune alliance n’était trouvée, le président Giorgio Napolitano pourrait piloter la formation d’un nouveau gouvernement technique qui se contenterait de réformer le système électoral avant un rapide retour aux urnes.

Inquiétudes
« Boom de Grillo », « Parlement bloqué », « Italie ingouvernable » : les journaux italiens s’inquiétaient hier de façon unanime de l’impasse politique provoquée par l’absence d’une majorité au Sénat.


Les marchés financiers ont également réagi très négativement à l’annonce d’une victoire à l’arraché du centre-gauche à la Chambre des députés (29,54 % contre 29,18 % à la droite berlusconienne) et à son incapacité à obtenir une majorité au Sénat. L’Italie inquiète parce qu’elle est en forte récession (-2,2 % pour le PIB en 2012) et ploie sous une dette colossale supérieure à 2 000 milliards d’euros. « Le pays qui a le plus besoin de stabilité en Europe va avoir un gouvernement qui risque de ne pas durer plus que quelques mois », s’est inquiété James Walston, professeur de relations internationales à l’Université américaine de Rome. Les Bourses mondiales étaient également en baisse.
Dans ce contexte, le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a souhaité que l’Italie se dote « vite » d’un gouvernement « stable » afin de poursuivre la politique de réformes « dans l’intérêt de toute l’Europe ». Même son de cloche pour José Manuel Garcia-Margallo, le ministre espagnol des Affaires étrangères, qui a exprimé la « préoccupation extrême » de son pays, prévenant que l’ensemble de la zone euro pourrait s’en trouver affectée.

L’Italie se trouvait hier dans une impasse politique, sans vainqueur clair des élections nationales, ce qui a fait retentir de multiples sonnettes d’alarme en Europe face à un possible retour de la crise dans la zone euro.
Les politologues italiens cherchaient à analyser hier le « boom de Grillo », l’ex-comique dont le mouvement Cinq Étoiles s’est adjugé un quart des...

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