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À La Une - Crise

En Syrie, "les femmes se battent sur tous les fronts maintenant"

L'opposition suspend sa participation aux réunions internationales.

Le premier bataillon de femmes kurdes combattant auprès des rebelles syriens. Photo OSDH

Les Kurdes de Syrie ont récemment formé dans la province d'Alep (nord) leur premier bataillon de femmes, avec environ 150 recrues, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), relevant le rôle grandissant des femmes dans les combats en Syrie.

 

Cette annonce intervient quelques jours après la conclusion d'un accord entre les rebelles et les milices kurdes pour cesser leurs combats meurtriers.

 

"Les comités populaires kurdes ont formé un bataillon baptisé le bataillon de Rokan", en référence à une combattante kurde, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), en diffusant une photo montrant des femmes en treillis en rang devant leur chef.

"C'est le premier bataillon de femmes qui combat avec les rebelles, les forces du régime et les milices kurdes", a souligné Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

Le Parti de l'Union démocratique kurde (PYD), la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, rebelles kurdes de Turquie), est "dirigée par une femme, Asia Abdallah", a rappelé M. Abdel Rahmane.

"Les femmes se battent sur tous les fronts maintenant" et "jouent un rôle majeur dans les combats en Syrie", a-t-il insisté.

 

Les deux millions de Kurdes de Syrie, qui vivent pour la plupart dans le nord et le nord-est du pays, ont longtemps cherché à rester à l'écart du conflit, même si les rebelles les ont accusés de faire le jeu du régime.

La Turquie avait aussi accusé Damas d'avoir "confié" au PYD plusieurs zones du nord syrien, près de la frontière, et dénoncé une mesure "dirigée contre" Ankara.

 

En janvier, les forces du régime syrien avaient créé la première unité féminine des Forces de défense nationale, une force paramilitaire qui compte 450 combattantes engagée pour lutter contre la rébellion.

Les militants anti-régime ont pour leur part diffusé des photos montrant des femmes combattant avec les rebelles, et dans la province de Damas, la rébellion a une femme pour porte-parole, Samara a-Quwatli.

 

Dans la ville côtière de Lattaquié, une militante jointe par l'AFP via internet a déclaré que des femmes, moins soumises aux contrôles des barrages du régime, transportaient souvent des armes, de la nourriture et des médicaments pour les rebelles.

 

 

L'opposition "boycott" l'Occident

Sur le plan politique, la Coalition de l'opposition syrienne a annoncé samedi qu'elle suspendait sa participation à plusieurs rencontres à l'étranger pour dénoncer le "silence international sur les crimes" commis par le régime contre la population, au lendemain de tirs meurtriers de missiles contre Alep.

 

Cette annonce intervient alors que le conflit, qui a déjà fait plus de 70.000 morts selon l'ONU, s'apprête à entrer dans sa troisième année, sans aucune issue en vue.

L'opposition a expliqué dans un communiqué qu'elle suspendait sa participation à la prochaine réunion des Amis du peuple syrien, prévue le 28 février à Rome, de même que ses visites en Russie, fidèle allié du régime de Bachar el-Assad, et aux Etats-Unis.

 

Jugeant "honteuse" l'attitude de la communauté internationale, la Coalition a souligné qu'elle assimilait "le silence international sur les crimes commis quotidiennement contre notre peuple à une participation à la tuerie" en Syrie.

"Nous tenons en particulier les dirigeants russes pour responsables éthiquement et politiquement, car ils continuent à soutenir le régime par les armes", a-t-elle ajouté.

 

Le chef de la Coalition Ahmed Moaz al-Khatib était attendu dans les semaines à venir à Moscou. Il avait aussi été invité à se rendre à Washington par le sous-secrétaire d'Etat William Burns, lors de la dernière réunion des Amis du peuple syrien, le 12 décembre au Maroc.

 

Ce groupe, qui rassemble des pays occidentaux et arabes opposés au régime de Bachar el-Assad, avait alors reconnu la Coalition comme "seul représentant légitime" du peuple syrien.

"Nous ne pouvons pas continuer à écouter des déclarations qui ne sont pas accompagnées d'actions (...) Le monde a la responsabilité de protéger (les Syriens) d'un boucher", a souligné le porte-parole de la Coalition Walid al-Bounni sur la chaîne en langue arabe de France 24, en faisant référence au président Assad.

 

 

"Arrêter les massacres"

"Nous voulons dire (aux pays soutenant l'opposition, dont les Amis du peuple syrien) : si vous êtes nos vrais amis, aidez-nous à arrêter les massacres qui sont en train d'être commis contre notre peuple", a-t-il lancé.

 

L'opposition syrienne a demandé à de nombreuses reprises à la communauté internationale de fournir des armes aux rebelles combattant le régime mais M. Bounni n'a pas fait référence de façon claire à cette question lors de l'interview.

Réunie depuis jeudi au Caire, l'opposition a par ailleurs annoncé vendredi son intention de former un gouvernement chargé de gérer les territoires contrôlés par les rebelles.

 

M. Bounni a précisé que la Coalition se réunirait le 2 mars à Istanbul, en Turquie, pour décider de la composition de ce cabinet "provisoire" et choisir son chef "en dehors des membres de la Coalition". "Nous avons besoin d'un gouvernement de technocrates", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse.

 

Pendant ce temps, les violences ne montraient aucun signe de répit sur le terrain. Vendredi, elles ont encore fait 149 morts, dont 84 civils, à travers le pays, selon l'OSDH.

Vingt-neuf personnes, dont 19 enfants, ont notamment été tuées et 150 blessées par le tir de trois missiles sol-sol sur l'est d'Alep, métropole du Nord syrien.

 

Selon des militants, ces missiles sont des Scud qui ont été tirés de la région de Damas. Cette information n'a pu être vérifiée. "L'armée essaie depuis des semaines de se rapprocher d'Alep par l'est, afin de donner l'assaut. Des troupes d'élite sont en train d'y être envoyées", a déclaré à l'AFP le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.

 

"L'utilisation par l'armée de missiles sol-sol contre Alep fait partie de cette tentative d'avancée", a-t-il ajouté.

Lundi, 33 personnes, dont 15 enfants, avaient déjà été tuées et des dizaines d'autres blessées par la chute d'un missile sol-sol sur le quartier populaire de Jabal Badro, selon l'OSDH.

 

 

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