Elle en bavera celle qui tentera de le séduire. Elle ne sait pas qu’elle tentera le diable. Quand? Comment? Pourquoi? Qui? Et ça défile. Une série de questions posées en prenant son bain, en voiture, en lisant un bouquin, devant la télé, en mangeant des spaghettis, avant de fermer les paupières. Allez trouver la bonne réponse! Celle qui correspond à l’âge. Celle qui ne nous mettra pas aussi mal à l’aise que la phrase sortie en toute innocence. Mon zizi est dur, mon kiki bat plus vite quand je suis contente. Comment les graines du papa rentrent dans le ventre de la maman? On tire avec un pistolet? Euh... le chou, la rose, la cigogne? Impossible, ça ne marchera pas/plus. Surtout que coincé dans l’autocar, entre une ado prépubère de 12 ans et un acnéique de 15 ans, le petit en entend des vertes et des pas mûres. Dire les choses simplement à un gamin parce que lui est dans la vérité comme tous les enfants, alors que les adultes en ont peur. Déjà qu’on leur a menti pendant quelques années sur le Père Noël ou la Petite Souris, vaut mieux éviter de continuer. Bonjour la confiance après. On change les mots, on romanise, on édulcore un peu et ça donne un joli résultat. Et quand on ne sait pas, et bien on dit qu’on ne sait pas. C’est mieux que de sortir une connerie.
Mam, pourquoi il l’a traité de pédale? Qu’est-ce que ça veut dire? Parce que c’est un con. Je ne veux jamais t’entendre dire « pédé » à quelqu’un. Un homme qui aime un homme, ce n’est pas une insulte. C’est une histoire d’amour. Je sais mami. C’est comme les lesbiennes, ce sont des femmes qui aiment des femmes. Mais dis-moi, d’où sais-tu tout ça? Je le sais. Tu dois le savoir mieux que nous d’ailleurs et depuis bien plus longtemps.
À chaque âge sa question. À chaque âge sa réponse. À chaque âge sa théorie. Il y a quelques années, tu disais que les bébés étaient d’abord dans le cœur avant de descendre dans le ventre. Aujourd’hui, tu sais comment on fait. Faire l’amour, ce câlin spécial qui t’intrigue tant. Sont malins ces gosses, ces neveux, ces nièces qui nous coincent dos au mur, face à la réalité. Cette réalité qu’on ne veut souvent pas voir : c’est qu’ils ont grandi. Ils tombent amoureux. Se coiffent avant de recevoir une amie de classe, changent de robe pour se faire belle avant d’aller déjeuner chez le petit voisin. C’est ça l’amour. Le vrai. Celui qu’on a tous connu quand nous étions bien plus jeunes. Celui qu’on n’oubliera jamais. Karim de la 10e B. Karim et ses grands yeux bleus. Layla avec qui on a vécu une jolie histoire en classe de neige, planqués sous les flocons, à l’abri des regards des camarades de la 6e rouge. Un premier baiser, un premier vrai rendez-vous, une lettre, un message, une fleur, un cadeau et un ours blanc en polyester avec un cœur rouge dans les bras, vestige de la Saint-Valentin d’il y a deux jours.
Dis-moi, ne serais-tu pas amoureux toi ? Noooon, je déteste les filles. Sauf Claudia.
Un regal comme d'habitude! Merci Medea
09 h 29, le 16 février 2013