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À La Une - Syrie

Le CNS désavoue Khatib et rejette tout dialogue avec Damas

Le régime doute de la proposition de Khatib ; Washington et la Ligue arabe approuvent.

"Je suis libre...et je ne le regrette pas". Un graffiti vu dans la ville de Sarakeb, dans le nord-est de la Syrie. Photo Facebook

Un quotidien proche du pouvoir syrien a mis en doute hier l’offre de dialogue du chef de l’opposition Ahmad Moaz el-Khatib. Le régime de Bachar el-Assad n’a toujours pas réagi officiellement à cette ouverture, mais le quotidien al-Watan a estimé que, malgré son « importance politique », l’offre arrivait avec « deux ans de retard ». « Les déclarations de M. Khatib restent insuffisantes et ne font pas de lui un négociateur acceptable au niveau populaire. Elles sont une manœuvre politique visant à corriger son erreur d’avoir soutenu le Front d’al-Nosra et fourni des prétextes aux crimes commis à l’encontre de la Syrie », ajoute al-Watan dans son éditorial.

Le journal a en outre laissé entendre que le chef de l’opposition devrait désavouer la rébellion d’abandonner avant que Damas ne consent au dialogue. M. Khatib devrait « parler à tous les Syriens pour les convaincre que les loyalistes au régime et les opposants se tiendront dans un seul rang pour combattre le terrorisme ».


Le Conseil national syrien (CNS), principale composante de l’opposition, a réaffirmé hier être contre tout dialogue avec le régime de Bachar el-Assad. Dans un communiqué, « le Conseil national syrien souligne devant le peuple et la révolution son attachement à ses principes et ses objectifs, soit la chute du régime syrien avec toutes ses composantes, le refus de tout dialogue avec lui et la protection de la révolution pour qu’elle ne devienne pas otage de compromis internationaux ». Il dénonce aussi une rencontre dimanche entre M. Khatib et le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, la qualifiant de « coup de poignard contre la révolution syrienne et ses martyrs, et une tentative malheureuse d’améliorer l’image de Téhéran ». Le CNS a affirmé « refuser cette démarche, tant que l’Iran soutient le régime ».

 

(Portrait : Ahmed Moaz al-Khatib, chef iconoclaste de l'opposition syrienne)


Cette offre de dialogue, intervenue après plus de 22 mois de violences meurtrières, a reçu en revanche le soutien de Washington et de la Ligue arabe, de même que des deux principaux alliés de Damas, la Russie et l’Iran. La diplomatie américaine a ainsi apporté son soutien à M. Khatib, excluant toutefois l’immunité pour le président Bachar el-Assad. « Si le régime de Damas a le moindre intérêt à faire la paix, il doit s’asseoir et parler maintenant avec la coalition de l’opposition syrienne, et nous soutiendrons fortement l’appel de M. Khatib », a ainsi déclaré la porte-parole du département d’État Victoria Nuland.


Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a aussi apporté son soutien à M. Khatib et s’est dit prêt à parrainer pour négocier une transition démocratique en Syrie. Dans un communiqué, M. Arabi a émis l’espoir que « le gouvernement syrien réponde positivement à la proposition » faite par M. Khatib, estimant qu’il faudrait « mettre à profit toute opportunité pour rompre le cycle de violence et mettre fin à l’effusion du sang ».



Réactions mitigées
Les principaux pays soutenant la rébellion, l’Arabie saoudite et le Qatar, ont gardé le silence, mais des médias proches de Riyad ont rapporté des voix dissonantes au sein de la Coalition présidée par M. Khatib. « Les propos de M. Khatib sont incohérents », a affirmé un membre de la Coalition sous le couvert de l’anonymat cité par le quotidien à capitaux saoudiens Asharq al-Awsat. La Turquie, autre pays soutenant la rébellion, avait affirmé qu’un dialogue entre régime et opposition « ne permettrait pas de trouver une solution au conflit » qui fait plus de 60 000 morts en près de deux ans.


Mais d’autres opposants et militants ont appuyé l’idée de dialogue en raison des souffrances de la population. « Tenter de mettre fin au bain de sang avec une proposition aussi humaine pourrait avoir plus de résultats que (...) participer à des conférences », a ainsi affirmé l’opposant kurde indépendant Massoud Akko sur sa page Facebook. « La proposition est intelligente, car elle met le régime devant une position difficile à l’égard de ses partisans », affirme Abou Nadim, un militant de Douma, près de Damas. Mais, a-t-il souligné, « en politique, les bonnes intentions ne suffisent pas ».


De son côté, le Liwa al-Tawhid, groupe rebelle important du nord de la Syrie, s’est refusé à tout commentaire. « Nous attendons que les choses soient plus claires sur ce sujet », a affirmé un porte-parole.


D’autre part, le président israélien Shimon Peres, dont le pays a revendiqué à demi-mot un raid aérien la semaine dernière en Syrie, a appelé les Nations unies et la Ligue arabe à agir d’urgence pour mettre fin à la « tragédie » en Syrie, soulignant que « son président massacre son peuple. À mon avis, les Nations unies devraient charger la Ligue arabe de la formation immédiate d’un gouvernement de transition en Syrie pour la sauver de l’autodestruction ».

 

(Pour mémoire : Assad accuse Israël de chercher à « déstabiliser (!) » la Syrie)

 

Enfin, les dirigeants des pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), réunis en sommet au Caire, vont appeler à des discussions entre l’opposition syrienne et des représentants du régime « non impliqués dans la répression ».


Les tractations diplomatiques interviennent alors que la population syrienne est épuisée par près de deux ans de tueries, de destructions et d’une terrible dégradation de la situation humanitaire. Après 123 morts lundi, les violences ont encore tué 64 personnes hier, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.


Enfin, le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a annoncé hier qu’il va renforcer son assistance alimentaire pour venir en aide à 2,5 millions de personnes, soit 1 million de plus qu’actuellement, tandis que les Nations unies ont lancé un cri d’alarme quant à la détérioration de la situation.

 

Un quotidien proche du pouvoir syrien a mis en doute hier l’offre de dialogue du chef de l’opposition Ahmad Moaz el-Khatib. Le régime de Bachar el-Assad n’a toujours pas réagi officiellement à cette ouverture, mais le quotidien al-Watan a estimé que, malgré son « importance politique », l’offre arrivait avec « deux ans de retard ». « Les déclarations de M....

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