Harb : Le Hezbollah a fait pression sur la justice pour ne pas inculper Mahmoud el-Hayek

Le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, a engagé des poursuites contre un cadre du Hezbollah, Mahmoud el-Hayek, accusé d’être impliqué dans la tentative d’assassinat du député Boutros Harb, à son bureau de Badaro, l’été dernier. Mahmoud el-Hayek avait été pratiquement pris en flagrant délit alors qu’il tentait de placer des explosifs dans l’ascenseur de l’immeuble où se trouve le bureau de Boutros Harb. Il avait été alors évacué manu militari vers la banlieue sud de Beyrouth par des éléments se réclamant des services de renseignements de l’armée. Depuis, le Hezbollah a systématiquement refusé de le livrer à la justice pour les besoins de l’enquête. Le président Michel Sleiman avait demandé récemment à la justice de rendre publics dans les plus brefs délais les actes d’accusation dans cette affaire et dans l’affaire Michel Samaha.
Commentant la décision du juge Sakr d’engager des poursuites contre le cadre du Hezbollah, le député Boutros Harb a déclaré : « Cette mesure aurait dû être prise depuis très longtemps, mais elle a été retardée du fait des pressions exercées par le Hezbollah contre la justice. Je suis désolé de dire que certains responsables se sont livrés à un marché afin de faire preuve de complaisance à l’égard des forces politiques, au détriment de la justice et de la loi. Je voudrais à ce propos rendre hommage au président Michel Seiman pour la position ferme qu’il a adoptée au sujet de cette affaire, de même que je voudrais aussi rendre hommage au juge Sakr Sakr qui n’a pas accepté les conditions qui lui étaient posées afin de conclure un marché au détriment de la vérité. »
Et M. Harb d’ajouter, dans une déclaration au quotidien as-Siyassa : « Ce qui m’importe, c’est de préserver la justice au Liban ainsi que la confiance des Libanais dans ce système judiciaire afin qu’ils aient le sentiment qu’il y a au Liban une justice qui prend son cours. Tous les efforts qui ont été déployés et auxquels certains responsables se sont malheureusement associés – j’espère ne pas être poussé à désigner ces responsables – avaient pour but de court-circuiter le parquet et de conclure un marché politique au détriment de la justice. »
Dans une déclaration à la chaîne satellitaire arabe al-Arabiya, M. Harb a souligné d’autre part qu’il ne pouvait pas devancer les résultats de l’enquête et accuser le Hezbollah. Il a toutefois estimé que l’attitude du Hezbollah dans cette affaire était suspecte. Tout en souhaitant que le parti chiite pro-iranien ne soit pas impliqué, M. Harb a déclaré : « Pourquoi le Hezbollah a-t-il refusé de livrer Mahmoud el-Hayek à la justice ? Cette position nous a poussés à émettre des doutes sur leur attitude (aux leaders du Hezbollah). Le Hezbollah a fait pression sur la justice. Il existe une connivence entre le parti (chiite) et certains responsables judiciaires. »
Relevant en conclusion que l’inculpation de Hayek est « grave », M. Harb a souligné qu’il a « beaucoup de choses à dire » au sujet de cette affaire, mais qu’il ne divulguera pas ces informations au stade actuel.