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À La Une - Violences

L’Égypte à nouveau sous tension

Des affrontements ont fait près de 40 morts ce week-end, alors que Morsi a décrété l’état d’urgence dans trois provinces.

Des dizaines de milliers de personnes ont assisté hier aux obsèques d’une partie des 31 victimes de samedi, avant qu’elles ne dégénèrent. Photo AFP

Six personnes ont été tuées et plus de 460 blessées hier dans la ville égyptienne de Port-Saïd, en proie à une deuxième journée de violences. Les six personnes, dont un jeune homme de 18 ans atteint à la poitrine par une balle, ont péri en marge des obsèques d’une partie des 31 victimes de samedi, selon des sources médicales. Parmi les 467 blessés, 38 l’ont été par balles. Selon des témoins, des coups de feu d’origine indéterminée ont été entendus pendant que les dépouilles étaient transportées d’une mosquée vers le cimetière, provoquant un mouvement de panique parmi les milliers de personnes présentes, puis des scènes d’émeute. Certains participants ont lancé des slogans hostiles au pouvoir islamiste, scandant « À bas le pouvoir du Guide » des Frères musulmans, dont est issu le président Mohammad Morsi. Parmi les 31 morts samedi figurent deux policiers pour qui des funérailles militaires ont été organisées au Caire. Le ministre de l’Intérieur Mohammad Ibrahim a été empêché d’y participer par des policiers en colère, selon l’agence officielle MENA.


Les violences ont éclaté après la condamnation à mort samedi de 21 supporteurs du club de football local el-Masry, pour leur implication dans des violences ayant fait 74 morts en février 2012, après un match à Port-Saïd contre une équipe du Caire, el-Ahly. Des proches des condamnés à mort ont alors essayé de prendre d’assaut la prison où ces derniers sont détenus à Port-Saïd et des habitants ont aussi attaqué deux postes de police. Selon des médecins, toutes les victimes ont été tuées par balles. L’armée, qui a démenti avoir utilisé de telles munitions, a pris position dès samedi à Port-Saïd, ville portuaire à l’entrée nord du canal de Suez, pour protéger les bâtiments publics et les sites sensibles. Beaucoup d’Égyptiens estiment que les violences de 2012 à Port-Saïd ont été orchestrées par la police ou par des partisans du président déchu Hosni Moubarak. Des habitants de Port-Saïd assurent aussi que les condamnations à mort ont été motivées par le souhait d’éviter des troubles plus graves encore avec les supporteurs très organisés d’el-Ahly, les « Ultras », qui avaient menacé de semer le « chaos » si le verdict n’était pas assez sévère.


Par ailleurs, dès vendredi, plusieurs villes, dont Le Caire, ont connu des troubles à l’occasion du second anniversaire du début du soulèvement ayant conduit à la chute de Hosni Moubarak. Les affrontements lors de cette « Journée de la révolution » entre forces de l’ordre et opposants à M. Morsi ont fait neuf morts et des centaines de blessés à travers le pays, reflétant les profondes divisions politiques dans le pays. Au Caire, des accrochages sporadiques continuaient d’ailleurs d’opposer hier de petits groupes de jeunes à des policiers près de la place Tahrir, selon des témoins. Des manifestants, qui ont perturbé brièvement la ligne 1 du métro, bloquaient, eux, la circulation sur le pont du Six-Octobre, une artère importante. Les ambassades des États-Unis et de Grande-Bretagne, situées à proximité de Tahrir, ont dans la foulée annoncé la suspension hier de leurs services au public.


En soirée, M. Morsi a donc décrété hier l’état d’urgence pour 30 jours dans trois provinces du canal de Suez : Port-Saïd, Suez et Ismaïliya, en vigueur à partir de minuit hier soir (22h GMT) et accompagné d’un couvre-feu nocturne. Dans un discours à la nation, au ton ferme, retransmis en direct à la télévision, M. Morsi a en outre appelé les dirigeants de l’opposition à un dialogue national aujourd’hui, au moment où le pays traverse une crise politique aggravée par ces violences. Le président égyptien a aussi menacé de prendre « d’autres mesures exceptionnelles » si les émeutes reprennent.


L’opposition regroupée au sein du Front du salut national a, elle, réclamé une « solution globale » à la crise incluant un « gouvernement de salut national ». Faute de quoi, a-t-elle prévenu, elle boycotterait les législatives prévues en principe en mars ou avril, et réclamerait une présidentielle anticipée.

 

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