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À La Une - Disparition

Camille Aboussouan a traversé le siècle avec panache

Camille Aboussouan présentant son dernier ouvrage «De la montagne du Liban à la Bastide royale de Fleurance, Mémoires et souvenirs», le testament d’une vie.

Le Liban a perdu l’un de ses fils les plus éminents. Diplomate, écrivain, avocat, journaliste, éditorialiste, passionné d’histoire et d’archéologie, bibliophile généreux et érudit, Camille Aboussouan restera dans les annales comme l’une des plus grandes figures de la culture libanaise. Lui rendant hommage dans un mot de circonstance, le ministre de la Culture Gaby Layoun a « prié que les nouvelles générations prennent exemple sur ce grand homme qui a toujours porté le Liban dans son cœur et son esprit et l’a dignement représenté ».


Retour sur le parcours d’un être d’exception. Il est né le 30 août 1919 à Beyrouth. Après des études de droit à l’Université Saint-Joseph, il exerce la carrière d’avocat, sans pour autant oublier la littérature et différentes activités culturelles.


En 1943, il participe à la recherche des découvertes archéologiques du Liban et œuvre à regrouper les richesses artistiques du pays du Cèdre. En 1944, il organise avec un groupe d’amis le spectacle Les Perses d’Eschyle dans le temple de Bacchus à Baalbeck, tenant lui-même le rôle de Coryphée, jetant ainsi les bases de ce qui allait être huit ans plus tard le Festival international de Baalbeck.
Il fonde le PEN Club du Liban avec 24 écrivains et publicistes.


En 1945, il publie son premier recueil Tes cheveux dans le vent qui marque un raffinement littéraire. Dans la même année, il fonde une revue culturelle Les Cahiers de l’Est, porte-parole des personnalités du monde culturel et littéraire français et libanais. La publication connaît un très grand succès et lui vaut le prix de l’Académie française en 1948. Élu secrétaire général de la Commission nationale de l’Unesco en 1953, il représente régulièrement le Liban comme membre de la délégation aux conférences générales ou particulières de l’Unesco jusqu’à 1972. Il sera pendant dix-neuf ans secrétaire général de la Commission nationale libanaise pour l’Unesco.


Il devient, ensuite, le bibliophile qui possède une collection précieuse d’ouvrages, de gravures et sculptures datant des XVe et XVIe siècles. En 1956, le poète a publié la première traduction française du Prophète de Gibran Khalil Gibran.
Il fonde avec des amis l’« Association pour la protection des sites et demeures anciennes au Liban » en 1958, et réunit 6 000 diapositives de vieilles maisons du XVe au XIXe siècle.


Élu conservateur du Musée d’art Nicolas Sursock, il en organise l’inauguration par un Salon des artistes libanais en novembre 1961 et y assure 43 expositions dont celle de la découverte des icônes à inscriptions arabes du quadrilatère syro-mésopotamien – art postbyzantin – connues depuis sous la dénomination d’« icônes melkites ».
En 1960, Aboussouan devient membre du comité du Festival de Baalbeck, collabore avec le Théâtre français. En 1978, il est nommé ambassadeur du Liban à l’Unesco à Paris. En 1982, Aboussouan réalise l’exposition sur Le Livre et le Liban qui a eu lieu à l’Unesco à Paris.
Il a écrit de nombreux articles parus dans la presse libanaise et francophone, traitant de questions variées, d’art, de littérature et d’archéologie.


Parmi ses généreuses donations, une partie de sa bibliothèque léguée au Musée Robert Mouawad qui comprend un Coran imprimé à Hambourg en 1692, une grande Bible polyglotte, le voyage de Lamartine à Beyrouth rédigé à la mine, sans oublier toute la littérature des voyageurs orientalistes...


Et aussi son exceptionnelle donation d’archéologie orientale (près de 1 400 pièces) effectuée en 2000 au musée des Beaux-arts d’Agen, le troisième musée de France dans le domaine de l’archéologie orientale après le musée du Louvre et le musée de Lyon. Aboussouan avait commencé très jeune à acquérir des objets sur le marché de l’art, provenant principalement du Liban, de la Syrie et de l’ancienne Mésopotamie. Cette collection, marquée par la double origine du donateur (français par sa mère, originaire de Fleurance dans le Gers, et libanais par son père), rappelle les liens étroits et historiques entre l’Orient et l’Occident ; elle constitue aujourd’hui un des aspects majeurs de la section archéologique du musée.

Le Liban a perdu l’un de ses fils les plus éminents. Diplomate, écrivain, avocat, journaliste, éditorialiste, passionné d’histoire et d’archéologie, bibliophile généreux et érudit, Camille Aboussouan restera dans les annales comme l’une des plus grandes figures de la culture libanaise. Lui rendant hommage dans un mot de circonstance, le ministre de la Culture Gaby Layoun a...

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