Peu de doutes sur un repli du PIB britannique après un Noël décevant

Après le repli surprise de la consommation en décembre au Royaume-Uni malgré la période cruciale de Noël, une nouvelle contraction de l’économie du pays, tout juste sortie de sa deuxième récession depuis le début de la crise, ne semble plus faire de doutes.
Les ventes de détail ont accusé un léger repli de 0,1 % en décembre sur un mois après être restées stables en novembre, a indiqué hier l’Office des statistiques nationales (ONS) dans un bulletin. Une baisse surprise qui a même fait trébucher la livre sterling sur le marché des changes alors que les économistes tablaient sur une croissance de 0,2 %, selon un consensus établi par Dow Jones Newswires. Sur un an, les ventes de détail ont en revanche progressé de 0,3 %, mais cette hausse est largement inférieure à la croissance de 1 % attendue par les économistes. Ces chiffres s’ajoutent au tableau déjà sombre d’une économie britannique qui semble se diriger tout droit vers une nouvelle contraction au quatrième trimestre alors qu’elle vient de sortir au troisième trimestre de sa deuxième récession depuis le début de la crise en 2008-2009.
Les mauvais chiffres de la production industrielle en octobre et novembre notamment avaient déjà alimenté les craintes des économistes. Le repli de la consommation en décembre « confirme que la période des fêtes a été plutôt terne pour les grandes chaînes » et « apporte de nouvelles preuves que le Royaume-Uni a mis le pied dans une troisième récession », a commenté Vicky Redwood de Capital Economics. Cette baisse de la consommation « devrait avoir scellé une nouvelle contraction du PIB au quatrième trimestre », a abondé Howard Archer d’IHS Global Insight.
La première estimation officielle du PIB pour le quatrième trimestre sera publiée vendredi prochain, mais l’institut réputé et indépendant NIESR (Institut national de recherche économique et sociale) a déjà estimé la semaine dernière que le PIB s’était contracté de 0,3 % sur les trois derniers mois de l’année.
La Banque d’Angleterre avait déjà mis en garde mi-novembre contre une nouvelle contraction de l’activité. « Le problème auquel sont confrontés les commerçants et l’économie en général est que le pouvoir d’achat des consommateurs est de nouveau sous pression après avoir connu une amélioration appréciable au cours des trois premiers trimestres de 2012 », a ajouté Howard Archer.
Dans ce contexte morose pour la consommation, plusieurs chaînes célèbres dans le pays ont fait faillite récemment, avec des milliers de suppressions d’emplois à la clef, ou sont menacées. Les magasins d’électroménager Comet, ancienne filiale du groupe Darty, ont ainsi fermé en décembre, entraînant la suppression de près de 7 000 emplois, tandis que la chaîne d’équipement photo Jessops a mis la clef sous la porte la semaine dernière (plus de 1 300 suppressions d’emplois). La chaîne de magasins de disques HMV et le loueur de DVD Blockbuster, qui ont annoncé cette semaine leur placement en redressement judiciaire, sont à leur tour menacés.
Prenant acte de la morosité de la conjoncture, le ministre des Finances, George Osborne, avait révisé en forte baisse début décembre les prévisions de croissance. Selon ces nouvelles prévisions officielles, le PIB devrait s’être contracté de 0,1 % en 2012, contre une précédente prévision de +0,8 % datant de mars, et enregistrer une croissance de 1,2 % en 2013 contre 2 % attendus auparavant. Cercle vicieux, la révision des perspectives de croissance avait obligé M. Osborne à admettre que sa sévère cure d’austérité allait devoir durer un an de plus, jusqu’en 2018, ce qui pèsera sur l’activité.
(Source : AFP)