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À La Une - Syrie

Carnage à l’Université d’Alep

Le Premier ministre syrien à Téhéran pour parler du plan de paix d’Assad ; au moins 216 personnes tuées hier.

Les bâtiments de l’Université d’Alep soufflés par deux terribles explosions qui ont fait plus de 80 morts. Photo AFP

L’Université d’Alep était noyée dans le sang hier : plus de 80 personnes, en majorité des étudiants, sont mortes dans une double explosion, dernier épisode en date de la guerre dévastatrice en Syrie. « Le bilan de l’attentat terroriste qui a visé nos étudiants s’élève pour le moment à 82 martyrs et plus de 160 blessés », a dit le gouverneur Mohammad Wahid Akkad. Par « terroriste », les autorités font allusion aux insurgés. Ce bilan a été confirmé par un médecin à l’hôpital universitaire d’Alep. Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), a quant à lui fait état « d’au moins 52 morts » tout en soulignant que le bilan devait s’alourdir et que « les martyrs sont des étudiants et des déplacés ».

 

Selon des militants antirégime, l’attaque est due à un raid aérien mené par les troupes du régime, mais une source militaire syrienne a assuré qu’elle avait été provoquée par deux missiles sol-air tirés par les rebelles et qui ont raté leur cible et sont tombés sur le campus. Malgré les combats, l’Université d’Alep a ouvert ses portes à la mi-octobre. Elle est située dans un secteur contrôlé par l’armée, et de nombreux déplacés ayant fui les combats y sont installés. Des vidéos postées par des étudiants montrent la panique dans un bâtiment universitaire. Certains pleurent, tandis que des vitres brisées et des parties du plafond effondrées jonchent le sol.

 

Peu après l’attaque, la Russie a annoncé la fermeture provisoire de son consulat à Alep.

 



Bombes à sous-munitions
Pendant ce temps, les violences se poursuivaient dans le reste du pays. Au moins 216 personnes sont mortes hier en Syrie, dont une vingtaine à Houla, cible d’une attaque à l’artillerie lourde de l’armée syrienne, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Cinq femmes au moins figurent parmi les victimes à Houla, a affirmé dans un communiqué l’OSDH. À Homs même, les quartiers de Jobar et de Soultaniyé ont été visés par des raids aériens, a ajouté l’OSDH, basé en Grande-Bretagne. Dans le nord de la Syrie, un autre raid aérien du régime visant la ville d’el-Bab, contrôlée par les rebelles, a fait au moins huit morts parmi les membres d’une même famille, dont deux enfants et trois femmes, a précisé l’OSDH.


Au sud de la capitale Damas, « la ville d’el-Mleha a été visée par une frappe aérienne des forces du régime, ainsi que par des tirs de roquettes, alors que des combats opposaient rebelles et soldats près du siège de l’armée de l’air dans la ville », a ajouté l’organisation qui se base sur un réseau de militants et de médecins à travers le pays. Des raids aériens ont également pris pour cible la ville de Shebaa, au sud-est de Damas, ainsi que Douma, à l’est de la capitale.
Toujours sur le terrain, un « mufti » jordanien du front jihadiste al-Nosra, qui combat le régime Assad, est mort lors d’une offensive de l’armée syrienne à Deraa, dans le sud du pays, a déclaré hier un important dirigeant salafiste jordanien.
Côté humanitaire, l’association Handicap international a condamné hier l’« utilisation croissante » des bombes à sous-munitions par les forces de Bachar el-Assad en Syrie, qui les tirent parfois par rafales de 40 engins à la fois selon l’ONG. Les bombes à sous-munitions sont interdites par le traité d’Oslo, signé par 111 États – pas la Syrie – et entré en vigueur en 2010. 94 % des victimes recensées sont des civils.

« Contre-productive »
Sur le plan diplomatique, le Premier ministre syrien Waël el-Halaqi est arrivé hier à Téhéran, le seul allié régional du régime de Bachar el-Assad, pour discuter selon les médias iraniens des relations bilatérales et du plan de paix proposé par le président syrien. À la tête d’une importante délégation politique et économique, M. Halaqi doit rencontrer le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, le président Mahmoud Ahmadinejad et le président du Parlement Ali Larijani, a précisé l’agence FARS. La visite, dont la durée n’a pas été précisée, abordera « le développement des relations bilatérales et le plan en trois étapes » proposé le 6 janvier par le président Bachar el-Assad pour mettre fin au conflit syrien. Parallèlement, le président français François Hollande estimait hier que l’Iran devrait « réfléchir à ce que signifierait l’effondrement » du régime de Damas.


Par ailleurs, la Russie a jugé hier « contre-productive » l’initiative de 57 pays menés par la Suisse de saisir la Cour pénale internationale (CPI) pour enquêter sur des crimes de guerre commis en Syrie.
Enfin, la presse officielle syrienne a affirmé hier que la production électrique a baissé de près de la moitié depuis le début du conflit en Syrie, en raison du manque de carburant pour alimenter les centrales électriques, dû à l’insécurité qui rend aléatoire le transport de gaz et de fioul. Le gouvernement va donc autoriser les entreprises du secteur privé à importer pour son compte du carburant et envisage d’éliminer les droits de douane sur les denrées de base, alors qu’il tente de juguler la pénurie, l’inflation et la colère populaire.

 

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