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À La Une - Exposition

Ligne mélodique d’une tige en fer avec Bernard Ghanem

Un monde minimaliste et longiligne. « C’est le vide qui rend beau », affirme Bernard Ghanem, un sculpteur aux approches de la cinquantaine qui joue en toute dextérité avec les tiges en fer pour leur donner vie.

Anguiformes, sinueuses, droites, fines, lisses, légères, déliées, zen. Ces sculptures sont d’une éloquente simplicité.

Vie nouvelle mais aussi particulière, entre ombres furtives et échos dansants, que ces aériennes vingt-quatre sculptures exposées chez Agial*. Avec effusion ou audace, recroquevillées ou jaillissantes, ramassées ou d’une farouche indépendance, elles lancent, en une liberté maîtrisée, leur mouvement dans l’air.


Anguiformes, sinueuses, droites, fines, lisses, légères, déliées, zen. Ces sculptures sont d’une éloquente simplicité. Elles interpellent et suggèrent sans nul doute des formes humaines. Féminines surtout, mais aussi tout ce qui touche à la vie... Panoplie qui s’étend tout aussi bien aux fantaisies et aux abstractions entre volume, zébrure et vide. Comme des touches d’un crayon qui glisse aventureusement sur un papier, mais ici il s’agit d’air et d’espace...
Posées sur un socle massif en béton brut, ces sculptures filiformes, faussement échevelées, en volutes presque délicates, silencieuses, dessinent comme des lettres dressées dans l’air une écriture à déchiffrer.
Comme les rescapés d’une civilisation trop agitée sur une île, dans la solitude de ce petit carré anthracite, trapu, indifférent, mais support solide et fiable, elles conversent et parlent à l’air, à l’espace, aux regards qui les fixent ou les traversent...


Fer travaillé, soumis à la souplesse, à l’élévation, au vol, pour atteindre des formes expressives, certes, mais néanmoins toujours dans le souci d’un certain allègement, d’un éloignement absolu de toute lourdeur. Voire de toute notion de fioriture inutile ou d’idée décorative.


Et pourtant on ne peut nier l’élégance de ce jaillissement, la tendresse de ces courbes, la subtilité de cette danse figée et pétrifiée dans les particules de la lumière et de l’air. Des sculptures un peu caméléon qui, sans jamais courber le dos, épousent les lieux, avec tact et finesse. Tout en attestant et affirmant leur présence, faite d’une vie insaisissable, comme ces sensations et impressions qui nous habitent...


Pour sa troisième exposition, Bernard Ghanem, qui s’est retiré à Jouret Bedran, au haut de Kfour, loin de la pollution des grandes villes et de la vie trépidante beyrouthine, a opté en toute tranquillité pour une expression artistique où il est bon de jeter du lest... Du lest dans une société rongée par le consumérisme.


Son parcours est atypique car, pour rappel, il est venu à la sculpture du monde des luminaires. Comme si chapeau d’un lampadaire, néon ou design pour une lampe de chevet ne suffisaient plus à ses besoins créatifs. Ses croquis sur le papier étaient en attente d’une troisième dimension, d’un troisième élément.
Et le glissement, on pourrait dire tout aussi bien la maturation, s’est opéré lentement mais sûrement pour ce bricoleur impénitent, alliant art créatif et artisanat. Un bricoleur frénétique qui ne sait pas arrêter ses mains et ses doigts de travailler, fignoler, farfouiller, souder, rassembler, tordre et distordre...
Formation sur le tas, autodidacte, mais aussi séjour en Angleterre avec des expositions qui ont attiré les regards avertis des critiques et du public.


Inventant un langage qui lui est propre avec ces sculptures épurées, au dire si stylisé, si éthéré, dans sa simplicité même, Bernard Ghanem, loin de toute influence, absent de toute lecture ou intellectualisme, mais bercé par Anwar Ibrahim et quelques partitas de Bach, est de ces artistes discrets qui ont besoin de l’espace de leur atelier pour respirer et rêver.
Et ce n’est guère hasard quand il confie que ces formes, si à contre-courant dans un siècle tonitruant, si pudiques dans une époque de laxisme, mais aussi si modernes par leur liberté d’expression, si proches des besoins des gens pour plus de clarté et de netteté, sont des objets pour « combler le vide ».


Pour des halls d’entrée, face à un mur blanc, meublant des espaces entre baies vitrées et ouverture vers le ciel, se fondant aux frondaisons des allées d’un jardin, travaillées pour la légèreté et la transparence, ces sculptures se lisent comme une partition de musique. Attention singulière pour déchiffrer, entre silence et pureté, leur ligne mélodique, en n’oubliant jamais les directives de la note à la clef...

*L’exposition « More silent, more pure » des sculptures de Bernard Ghanem se poursuit à la galerie Agial jusqu’au 12 janvier.

Vie nouvelle mais aussi particulière, entre ombres furtives et échos dansants, que ces aériennes vingt-quatre sculptures exposées chez Agial*. Avec effusion ou audace, recroquevillées ou jaillissantes, ramassées ou d’une farouche indépendance, elles lancent, en une liberté maîtrisée, leur mouvement dans l’air.
Anguiformes, sinueuses, droites, fines, lisses, légères,...

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