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Moyen Orient et Monde - Russie

Magnitski jugé post-mortem à Moscou

Poutine va promulguer l’interdiction des adoptions par des Américains.
La justice russe a maintenu hier son intention de juger post-mortem le juriste Sergueï Magnitski, reportant l’audience à janvier en raison du refus de l’avocat de la famille de participer au procès d’un homme mort en 2009 en prison, frappé et laissé sans soins selon ses proches. « Le procès a été reporté au 28 janvier, les avocats des accusés ne s’étant pas présentés aux audiences », a indiqué le service de presse du tribunal Tverskoï qui examine l’affaire. « Je n’ai aucune raison de participer à des activités anticonstitutionnelles », a déclaré l’avocat de la famille de Magnitski, Nikolaï Gorokhov, qui ne s’est donc pas rendu à l’audience. « La Cour constitutionnelle russe a expliqué que la reprise d’une enquête sur une personne défunte n’était possible que dans l’objectif de sa réhabilitation. La famille de Magnitski n’avait pas demandé de relancer l’enquête. Cela a été fait à l’initiative du procureur général adjoint Viktor Grin, qui a participé à l’accusation », a-t-il expliqué.
Sergueï Magnitski avait été arrêté en 2008 pour fraude fiscale après avoir dénoncé une vaste machination financière de 5,4 milliards de roubles (130 millions d’euros) ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc au détriment de son employeur, le fonds d’investissement occidental Hermitage Capital, ainsi que de l’État russe. Magnitski avait été inculpé de fraude fiscale par les responsables mêmes qu’il dénonçait, selon Hermitage Capital.
William Browder, le PDG d’Hermitage Capital, inculpé dans le même dossier, et ses avocats ont également boycotté les audiences. « L’enquête a été menée avec des violations grossières de la procédure pénale et des droits et libertés de l’homme », ont souligné dans un communiqué les avocats d’Hermitage Capital. « De nombreuses plaintes concernant ces violations et adressées au tribunal ont été rejetées, ce qui permet de considérer cette affaire comme des poursuites à motivation politique », ont-ils estimé. Les avocats d’Hermitage ont également rappelé que le juge Igor Alissov, qui examinera l’affaire au tribunal Tverskoï, avait rejeté en septembre 2011 une demande de Natalia Magnitskaïa, la mère du juriste, d’arrêter les poursuites contre son fils après sa mort. « C’est lui qui a été chargé de réaliser une chose insensée : prononcer une peine judiciaire à l’égard d’un homme mort », se sont indignés des responsables d’Hermitage.
Ce même tribunal doit énoncer aujourd’hui son verdict dans le procès de Dmitri Kratov, l’ancien directeur adjoint de la prison de la Boutyrka, à Moscou, où Magnitski avait été incarcéré avant de mourir en détention à 37 ans en novembre 2009. Accusé de n’avoir pas procuré de soins au détenu, il est jugé pour négligences ayant entraîné la mort. Ce responsable pénitentiaire est la seule personne inculpée pour la mort de Sergueï Magnitski et le parquet russe a demandé lundi son acquittement. Le président russe Vladimir Poutine avait rejeté la semaine dernière les allégations sur les tortures subies par Magnitski en prison. « Il n’est pas mort de tortures, mais à la suite d’une crise cardiaque », avait déclaré M. Poutine, au cours de sa conférence de presse annuelle.

Bras de fer
Par ailleurs, la mort de Sergueï Magnitski est au centre d’un bras de fer entre la Russie et les États-Unis. Les autorités américaines ont promulgué le 14 décembre une loi interdisant l’entrée aux États-Unis et prévoyant la saisie des biens de responsables russes impliqués dans la mort du juriste, ou dans d’autres violations des droits de l’homme. Cette loi est connue sous le nom de « liste Magnitski ». Ceci a suscité une réponse « asymétrique » des parlementaires russes. Une loi, approuvée à l’unanimité mercredi par les sénateurs russes, prévoit notamment de dresser une liste d’Américains et d’autres citoyens étrangers indésirables en Russie et interdit l’adoption d’enfants russes par des Américains. Le texte avait été adopté la semaine dernière par la Douma, Chambre basse du Parlement. Et hier, le président Poutine a déclaré qu’il ne voyait « pas de raisons » de ne pas promulguer cette loi, malgré les protestations d’ONG spécialisées et d’humanitaires ainsi qu’un appel lancé par l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance). M. Poutine a de ce fait appelé le « grand peuple » russe à mieux préserver ses ressources humaines.
(Source : AFP)
La justice russe a maintenu hier son intention de juger post-mortem le juriste Sergueï Magnitski, reportant l’audience à janvier en raison du refus de l’avocat de la famille de participer au procès d’un homme mort en 2009 en prison, frappé et laissé sans soins selon ses proches. « Le procès a été reporté au 28 janvier, les avocats des accusés ne s’étant pas...

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