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À La Une - Drame

« On s’est cachés dans les placards du gymnase... »

Au moins 27 personnes, dont 20 enfants, massacrées dans une école primaire aux États-Unis.

Des employés municipaux guident des enfants de l’école primaire de Sandy Hook vers des lieux sûrs. Newtown Bee/Shannon Hicks/Handout/Reuters

Une trentaine de personnes, dont une majorité d’enfants, selon des bilans provisoires, ont été tuées hier par balles dans une école primaire du Connecticut, l’un des plus graves massacres jamais commis dans un établissement scolaire aux États-Unis.
« Il y a plusieurs morts, élèves et membres du personnel » dans l’école de Sandy Hook, a ainsi déclaré en milieu de journée Paul Vance, un porte-parole de la police de Newton, ville tranquille de 27 000 habitants au nord de New York. « Le tueur est mort dans le bâtiment », a-t-il ajouté, sans vouloir être plus précis. Les chaînes de télévision américaines l’ont identifié comme Adam Lanza, 24 ans, ajoutant qu’il aurait tué son père à son domicile avant de se rendre à l’école, où il a tué sa mère qui y travaillait. Selon un bilan évoqué par la chaîne CBS News, la tragédie aurait fait au moins 27 morts, dont 18 enfants. Ce bilan a été confirmé par la police, qui a fait toutefois état de 20 enfants parmi les tués. Selon les télévisions locales, la police a également arrêté sur place un autre homme, qui a quitté les lieux menotté. « Notre principal objectif était d’évacuer aussi rapidement et aussi efficacement que possible tous les élèves et le personnel de l’établissement. L’école entière a été fouillée. Tout a été fait », a ajouté M. Vance. « Le public n’est pas en danger », a-t-il insisté, précisant qu’un autre adulte avait par ailleurs été tué sur « une autre scène de crime ».

 

Des parents de victimes en larmes... Don Emmert/AFP


Une centaine de coups...
Selon des témoignages de parents et du personnel de l’école, une centaine de coups de feu auraient été tirés et la directrice de l’école ferait partie des victimes. Un petit élève d’environ 8 ans a expliqué sur CNN qu’avec ses camarades ils avaient entendu des cris dans la matinée. On nous a dit : « Trouvez un endroit sûr, et on s’est cachés dans les placards du gymnase », a-t-il expliqué. « Puis la police a dit : on est en train d’évacuer, vite, vite. Nous avons alors couru jusqu’à la caserne de pompiers... Et nous sommes contents d’être vivants », a ajouté le petit garçon.
Newton était complètement sous le choc, beaucoup de ses habitants se demandant comment un tel drame était possible, dans leur petite ville tranquille, à quelques jours de Noël. « C’est choquant, j’ai reçu un coup de fil au travail ce matin et je ne peux pas croire que ce genre de choses arrive dans une petite ville comme la nôtre, en plus dans une école primaire », a commenté le père d’une petite élève. « Ça semble complètement irréel. C’est le genre de choses qu’on lit dans les journaux, qu’on entend dans les journaux. Mais que ça arrive si près de chez vous... Je pense que je suis encore sous le choc », a commenté son épouse. Des centaines de parents, tremblant d’angoisse, se sont précipités à l’école, cherchant à savoir si leur enfant était sain et sauf. Des photos ont montré des petits élèves en file indienne, certains en larmes, au moment de leur évacuation par la police. « On avait fait venir des ambulances, mais certaines n’ont servi à rien », commentait une femme en pleurs.

 

(Eclairage : Malgré les tueries, les USA se résignent au laxisme des lois sur les armes)



L’émotion d’Obama
En soirée, le président Barack Obama, extrêmement ému, a appelé dans une allocution à prendre des « actions significatives » pour empêcher à l’avenir de telles fusillades. « La majorité de ceux qui sont morts aujourd’hui était des enfants, de magnifiques enfants âgés de cinq à dix ans », a-t-il affirmé, disant avoir « le cœur brisé » et essuyant une larme après une très longue pause pendant laquelle il a visiblement essayé de se maîtriser. « Nous avons subi trop de tragédies » comme celle de l’école de Newtown, a-t-il poursuivi.

 

Photo AFP

 

Peu avant de prendre la parole dans la salle de presse de la Maison-Blanche, M. Obama avait signé un décret ordonnant de mettre les drapeaux en berne sur tous les édifices publics pendant quatre jours, en hommage aux victimes. « Parmi ceux qui ont été tués, il y avait aussi des enseignants, des femmes et des hommes qui avaient consacré leur vie à aider nos enfants à réaliser leurs rêves », a-t-il expliqué. Le président s’est également entretenu avec le gouverneur du Connecticut et le chef du FBI, Robert Mueller, selon son porte-parole Jay Carney.
« La vaste majorité d’entre nous ne veut pas vivre dans un pays comme ça, nous ne voulons plus que ce genre de choses se reproduise », a lancé pour sa part Colin Goddard, un survivant de la fusillade meurtrière de 2007 à Virginia Tech et militant anti-armes à feu, interrogé peu après la tuerie. Le réalisateur Michael Moore, très engagé contre le port d’armes aux États-Unis, a jugé de son côté sur Twitter que « la seule manière d’honorer ces enfants morts était d’exiger une réglementation stricte des armes ».

Hollande « horrifié »
Les réactions internationales n’ont pas tardé à fuser non plus. Le président français François Hollande a adressé un message de condoléances à son homologue américain. « La nouvelle (...) m’a horrifié (et) je souhaite vous dire toute mon émotion et ma consternation », a notamment dit M. Hollande, selon un texte transmis à la presse par l’Élysée. « Dans ces circonstances tragiques qui endeuillent l’Amérique, la France tient à faire part de toute sa solidarité aux autorités et au peuple américains, et à exprimer ses condoléances aux familles des victimes et à leurs proches », a en outre communiqué le Quai d’Orsay. Et l’Union européenne, elle, a exprimé son « choc » et son « horreur ». « Quelle terrible nouvelle ! Les Canadiens prient pour les élèves et les familles (...) », a dit enfin le Premier ministre Stephen Harper.

(Repère: La législation américaine sur les armes varie beaucoup selon les Etats)


Relance du débat
Ce drame des armes à feu s’ajoute à plusieurs autres qui ont défrayé la chronique ces derniers mois, dont celui survenu en juillet dans un cinéma du Colorado, où 12 personnes ont été tuées lors de la première du nouveau film de Batman. Quelques semaines plus tard, un ancien soldat avait tué 6 personnes dans un temple sikh d’Oak Creek, dans le Wisconsin, avant de se donner la mort. Ainsi, cette énième tragédie poussera-t-elle enfin Washington à légiférer sur les armes à feu ? Après une année particulièrement sanglante, le débat est réactivé au plus haut niveau. La Maison-Blanche a dans un premier temps déclaré que ce n’était « pas le jour » pour engager le débat, à quoi l’élu démocrate Jerrold Nadler a immédiatement répondu à l’instar de nombreux Américains sur Twitter : « Si ce n’est pas le moment d’avoir une discussion sérieuse sur le contrôle des armes, je ne sais pas quand cela arrivera. Je mets le président Obama, le Congrès et le public américain au défi d’agir au-delà du choc, et d’enfin faire quelque chose. » Le maire de New York, Michael Bloomberg, militant de longue date d’un renforcement des réglementations sur les armes, a appelé le président à « envoyer un projet de loi au Congrès », en plus de ses condoléances. « Nous avons déjà entendu la rhétorique. Ce que nous n’avons pas vu, c’est du leadership, ni de la part de la Maison-Blanche ni du Congrès. Cela doit s’arrêter aujourd’hui », a-t-il écrit sur le compte Twitter de la ville. En outre, de nombreux élus démocrates du Congrès ont lancé hier un nouvel appel à légiférer.
(Sources : agences et rédaction)

 

 

Pour mémoire :

Au pays de la violence, l'article de Christian Merville

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