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À La Une - Le chiffre de la semaine

54% des Français sont favorables au mariage gay

Le Parlement français doit débattre à partir du 29 janvier d'un projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels.

Des centaines de couples homosexuels se sont dit oui dimanche dernier à Washington. Emmanuel Dunand/AFP

Alors que le Parlement français doit débattre à partir du 29 janvier d'un projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels, une majorité de Français (54%) est toujours favorable au mariage pour tous, mais les opposants à l'adoption par des couples homosexuels sont aussi nombreux que les partisans, selon un sondage publié vendredi.

 

Dans le détail, 29% des sondés sont plutôt favorables et 25% tout à fait favorables au mariage homo, 20% y étant plutôt opposés et 21% tout à fait opposés (5% sans opinion).

 

Les sympathisants de gauche le plébiscitent (73% pour), au contraire des sympathisants de droite (63% contre).

Par sexe et âge, les plus favorables sont les femmes à 60% (contre 46% des hommes), et les jeunes de 18 à 24 ans, à 76% (contre 37% des 65 ans et plus).

 

La religion est également facteur de clivage : 69% des non croyants sont pour le mariage gay, 69% des catholiques pratiquants réguliers étant contre (50% de l'ensemble des catholiques).

 

Quant à l'adoption par des couples homosexuels, les pour et les contre sont à égalité à 48%. Là aussi, l'âge et le sexe qui structurent fortement les réponses. Les femmes (56%) et les jeunes (70%) sont majoritairement pour, au contraire des hommes (56% contre) et des personnes âgées (62%).

Les non croyants sont également largement pro-adoption (63%), contrairement aux catholiques (56% d'opposants, dont 70% des pratiquants réguliers), selon ce sondage réalisé par internet du 11 au 13 décembre 2012 auprès d'un échantillon national représentatif de 1.005 personnes âgées de 18 ans et plus.

 

(Lire aussi : GB : Des chercheurs demandent la grâce de Alan Turing, condamné pour homosexualité)

 

Les débats qui agitent la France sur la question du mariage homo s'inscrivent dans une tendance qui traverse les démocraties occidentales, alors que le mariage homosexuel est déjà légalisé dans une douzaine de pays et bientôt dans d'autres comme le Royaume-Uni ou l'Uruguay.

 

Loin d'être un phénomène de mode, cette évolution qui trouble les autorités religieuses et les milieux conservateurs s'inscrit "dans une très longue histoire" des sociétés démocratiques, selon la sociologue française Irène Théry.

Une évolution qui a bouleversé peu à peu le sens du mariage, devenu une façon parmi d'autres de vivre en couple et de former une famille, alors qu'émergeait parallèlement l'exigence de "considérer les homosexuels comme des personnes comme les autres", a-t-elle fait valoir lors d'une récente audition devant une commission parlementaire française.

 

Sept ans après, "la normalité du mariage homosexuel s'est imposée" en Espagne, relevait début décembre dans une tribune au journal Le Monde l'ex-chef du gouvernement espagnol José Luis Zapatero, qui a porté en 2005 cette réforme dans son pays.

 

Mercredi, les députés uruguayens ont voté à une très large majorité un projet de loi présenté par la gauche au pouvoir. S'ils sont suivis par le Sénat, l'Uruguay deviendra le deuxième pays d'Amérique latine, après l'Argentine, à célébrer des mariages homosexuels également autorisés dans l’État de Mexico au Mexique.

 

Le Canada a légalisé le mariage homosexuel en 2005 et aux États-Unis, tous les sondages montrent une libéralisation de l'opinion malgré l'opposition farouche des Églises chrétiennes et des associations familiales. Le président démocrate Barack Obama s'est engagé en faveur du mariage homosexuel, désormais reconnu par neuf États sur 50, dossier dont la Cour suprême s'est saisie.

 

En Europe, où des pays aussi différents que la Belgique, la Suède ou le Portugal ont déjà ouvert le mariage aux homosexuels, le gouvernement conservateur britannique a entériné mardi une "évolution historique" en se prononçant pour l'ouverture à tous du mariage civil.

 

Vingt-trois ans après leur première reconnaissance par le Danemark, les unions civiles homosexuelles sont passées dans les mœurs partout où elles existent.

L'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel a certes exclu un alignement fiscal des couples homosexuels allemands sur celui des hétérosexuels, lors d'un récent débat passionné au congrès du parti. Mais la controverse porte maintenant le plus souvent sur la question de la filiation.

 

Le Parlement suisse devait ainsi jeudi autoriser l'adoption dans un couple homosexuel de l'enfant d'un partenaire par l'autre, une avancée jugée timide par ceux qui réclament le droit pour un couple d'adopter ou d'avoir recours à la procréation médicalement assistée (PMA).

 

L'accès au mariage ouvre à de telles avancées. C'est justement ce que refusent ses opposants, parmi lesquels les autorités chrétiennes, juives et musulmanes. Exprimant la position du Vatican, le cardinal français André Vingt-Trois, président de la conférence épiscopale et archevêque de Paris, dit défendre une vision "humaniste" et "anthropologique" de la famille nécessairement fondée sur l'union d'un père et d'une mère.

 

"L'argument anthropologique permet à l’Église de ne pas parler de Dieu, mais l'anthropologie ne dit nullement que la famille est une donnée intangible", répond le sociologue Eric Fassin, qui voit dans la reconnaissance du mariage homosexuel "l'extension de la logique démocratique aux questions sexuelles".

 

Le sujet déchire aussi la communauté psychanalytique. Une partie des praticiens soutient que "le milieu parental homosexuel n'est ni plus ni moins pathogène qu'un autre". D'autres s'inquiètent des conséquences pour la société du "déni de la différence entre un homme et une femme".

Ils opposent aussi au "droit à l'enfant" réclamé par certains couples homosexuels, le droit de l'enfant à avoir un père et une mère et à connaître ses origines.

 

De fait, le mariage homosexuel fait éclater la fiction du "modèle pseudo-procréatif" de l'adoption et de la PMA où les parents se font passer pour les géniteurs des enfants. Car "s'il est des couples qui ne peuvent avoir la tentation de se faire passer pour les géniteurs de leurs enfants, ce sont bien les couples homosexuels", selon Irène Théry.


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Dans le détail, 29% des sondés...
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