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À La Une - Le point

Il Professore et l’Agitatore

Ce ne sont pas ses compatriotes qui ont trouvé trop long le temps passé sans lui. C’est l’intéressé qui s’impatientait loin des feux de la rampe. À sa manière, tapageuse, il vient d’annoncer son intention de reprendre du service pour la plus grande gloire de son pays, l’Italie, et le plus grand bien de la zone euro si chère à son cœur.
La nouvelle pantalonnade du Cavaliere aurait dû prêter à sourire. Elle a fait passer un frisson dans plus d’un dos, soulevé une tempête de récriminations à travers le Vieux Continent et donné le signal d’une plongée comme la Bourse en a rarement connu. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les Italiens avaient accepté la saignée imposée par Mario Monti, sans pour autant commencer à en entrevoir les fruits. Mais l’image plutôt flatteuse qu’ils donnent désormais autant que les perspectives qu’on leur fait entrevoir les ont portés à l’accepter, avec toutefois les réserves d’usage.


En choisissant de retirer au chef du gouvernement l’appui de son parti, Peuple de la liberté, Silvio Berlusconi peut se vanter d’avoir réussi un come-back au goût amer : prochain départ de l’équipe en place, accélération du calendrier électoral avec des législatives appelées à se dérouler en février et non plus en mars/avril, échec prévu de sa formation qui ne récolterait qu’un maigre 13,8 pour cent des voix avec à la clé une capacité de gêneur mais non point de décideur. Le Mouvement 5 étoiles de l’humoriste Beppe Grillo est en bien meilleure position avec des intentions de vote représentant 19,7 pour cent. Quant au Parti démocrate (centre-gauche) de Pier Luigi Bersani, il caracole en tête avec un score de 30,3 ou même 38 pour cent. Voilà pour le bilan à venir. Qu’en est-il des possibilités qui s’offrent à moyen terme à Sua Emittenza?


L’homme qui vient de faire tomber le Professeur n’aurait, il le sait, aucune chance de lui succéder. Grâce au mode de scrutin par région, tout au plus pouvait-il caresser l’espoir de disposer d’un solide groupe au Sénat. Il devra renoncer à ce rêve : la Ligue du Nord, son ancien partenaire au sein de la coalition, ne tient pas à remettre le couvert, a indiqué Roberto Maroni au quotidien La Repubblica.


Le mois dernier encore, Berlusconi répétait qu’il ne voulait pas de la présidence du Conseil. Curieuse façon de présenter les choses quand on sait qu’en réalité, il se trouve dans l’incapacité d’atteindre un tel objectif. Il lui reste la possibilité de jouer les trouble-fêtes en déclarant la guerre au « système » de son adversaire et aux « zombies » dont il s’est entouré. Il n’a pas de termes assez sévères pour critiquer l’actuelle « politique germano-centrée » qui a débouché sur « une crise d’une gravité sans précédent ». C’est vrai que le chômage s’établit désormais à 11,1 pour cent, un record en treize ans, que l’économie s’est contractée pour un cinquième semestre, que les sacrifices consentis n’ont pas permis au pays de sortir de l’ornière dans laquelle il s’enfonce depuis de longues années. Mais le différentiel de taux (le spread) entre les emprunts italiens à dix ans et les Bunds allemands continue de jour en jour à reculer et le taux de satisfaction populaire s’établit à 47 pour cent, du jamais-vu dans un pays mis à une diète aussi radicale.


Encouragé à poursuivre sur la voie qu’il s’est fixée, Mario Monti continue à jouer au professeur. « La politique, dit-il à la télévision publique RAI, c’est par-dessus tout une question de culture. Il faut donner une direction aux idées des gens. » Ce qu’il faut aussi, c’est donner une certaine respectabilité, une certaine autorité à l’exercice d’un pouvoir qui en avait grandement besoin. Il y a un peu plus d’un an, Berlusconi cédait, forcé, la place après avoir perdu sa majorité. Depuis, il a été condamné pour fraude fiscale et s’est trouvé impliqué dans une affaire de mœurs dont l’héroïne, Karima el-Mahroug alias « Ruby Rubacuori », était mineure à l’époque. Et encore, il ne s’agirait là que d’un cas parmi nombre d’autres à rendre jaloux Caligula. Pour sa défense, l’ancien Premier ministre parle de « jeux burlesques » plutôt que de soirées « bunga bunga », un distinguo sémantique qui ne trompe personne. En clair, à 76 ans et après trois mandats à la tête d’un gouvernement, le champion de la distance – loin derrière Giovanni Giolitti et Benito Mussolini – se refuse toujours d’admettre que sa vie politique est atteinte par la date de péremption.
S’il vous plaît, Père Noël, donnez en cette fin d’année à l’Italie un peu moins d’austérité et beaucoup moins de Berlusconi. È possibile, no ?

 

Pour mémoire

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