L'installation à Néchin, en Belgique, de Gérard Depardieu, nouvelle personnalité française à s'exiler pour des raisons fiscales, a été vivement critiquée par la gauche, qui a reproché à la star une attitude antipatriotique, tandis que la droite y a vu le résultat de la politique du gouvernement .
"Il fait des bras d'honneur à qui il veut, à l'Etat et aux Français, à ceux qui achètent des billets et des tickets de cinéma pour aller le voir et qui eux, paient leurs impôts", a lancé le ministre délégué à la Consommation Benoît Hamon sur Canal+. "Et lui, il décide de ne pas les payer, parce qu'il considère qu'il en paie trop et dans une période de crise comme celle-là, je trouve que c'est de l'antipatriotisme", a ajouté le ministre.
Au Parti Socialiste, Frédérique Espagnac, la co-porte-parole du PS, a commenté sobrement le départ de l'acteur à Néchin, dans un village belge proche de la frontière française, connu pour abriter de riches expatriés. "La France sans Depardieu n'est pas la même, mais Depardieu sans la France ce n'est pas la même chose non plus. J'ai envie de dire à Gérard: +reviens vite+", a-t-elle dit devant la presse.
Même tonalité du côté du Parti Communiste Français (PCF), dont le porte-parole Olivier Dartigolles a estimé qu'"en refusant de payer ses impôts, de participer à la solidarité nationale, le très oubliable soutien de Nicolas Sarkozy durant la dernière campagne électorale entache durablement son image auprès des Français". "Gérard Depardieu nous joue l'avare, mais ce n'est pas un rôle de composition", a-t-il ajouté.
C'est "assez honteux", a, elle aussi, jugé Nathalie Arthaud, la porte-parole de Lutte Ouvrière (extrême-gauche). "Ca ne me choque pas, quand on gagne plusieurs millions par an, d'en laisser aux impôts. Le travailleur, le smicard, le chômeur, il en paie des impôts, et lui ne peut pas y échapper".
A droite, Jean-François Copé a mis en garde contre un risque de "délocalisations de fortune en permanence, au détriment de ceux qui restent, les classes moyennes". "Il n'y a pas d'exemple de délocalisation de grands entrepreneurs ou de grandes stars en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Belgique ou en Italie", a affirmé le président proclamé et contesté de l'UMP. Il a prôné "une politique fiscale progressive, que quand on est riche, on paie beaucoup d'impôts mais que l'on reste comparable aux pays d'Europe".
De la même manière, Chantal Jouanno, sénatrice de Paris et vice-présidente de l'UDI (centre), a préconisé une réflexion sur "une harmonisation fiscale européenne".
Quant à Marine Le Pen (Front National, extrême droite), elle considère que "la différence aujourd'hui en France, entre ceux qui peuvent partir et ceux qui ne peuvent pas, c'est en quelque sorte parce qu'ils en ont les moyens". "Toutes ces personnes en revanche, en général, reviennent en courant dès qu'elles ont un problème de santé", a ajouté la présidente du FN, les accusant de "profiter de la Sécurité sociale" alors qu'"on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre".
"Ce serait une erreur de ne voir dans l’exil de Depardieu que la frasque d’une star en naufrage. Car l’absence de sens moral dont il fait preuve aujourd’hui est partagée par d’autres figures, moins truculentes mais sans doute beaucoup plus politiques. Plus que Depardieu, ce sont ces chefs d’entreprise, hauts cadres ou financiers fuyant l’impôt français qui représentent un danger pour la démocratie et la solidarité", note Eric Decouty, dans les colonnes de Libération, qui titre, en Une, avec un jeu de mots : "Le Manneken Fisc".
"+Nous ne pouvons accueillir toute la richesse du monde+ a fait savoir le dessinateur Philippe Geluck. Il fallait bien que l'humour belge vole au secours de ce pauvre Depardieu (...) La responsabilité de l'exil des riches et des talents auquel nous assistons depuis quelques années, et qui s'est accélérée avec le retour au pouvoir de la gauche, incombe en premier lieu à des gouvernements inconscients", écrit, pour sa part, Pierre Fréhel, dans Le Républicain Lorrain.
Quand à Yves Harté, il lance, dans Sud Ouest : "Ce qui est particulièrement désolant pour un acteur dont le dernier cachet a été de 1 million et demi d’euros, un acteur que nous avons tellement aimé, à qui on pardonnait tout, qui savait, pour l’avoir parfaitement connu, ce qu’est la pauvreté au fin fond de la province, est que cette nouvelle est survenue le même jour où l’on annonçait le nombre de pauvres en France. Près de 9 millions de Français vivent avec moins de 950 euros par mois".
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commentaires (7)
Tu fais le bon choix Gérard. Laisse les complexés des impots mariner dans leur jus. C'est ton fric gagné à la sueur de ton front. Choisis le pays que tu veux. Tu n'es ni le premier et ni le dernier...Même tu sais quoi?? compléxés?? Pour l'instant, tu n'as fait que t'installer en belgique mais s'ils continuent à t'insulter?? tu pourras fermer tes entreprises artisitiques et tes vignobles qui emploient près de 1000 personnes...Donc 1000 familles qui vivent grâce à tes entreprises...S'ils continuent à t'insulter?? Eh bien ils seront dans la m...de ces mêmes gauchos à la noix du gouvernement qui auront 1000 personnes de plus au pôle emploi...
ALI CHAHINE
15 h 15, le 12 décembre 2012