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À La Une - Diplomatie

Le 14 Mars à Gaza, une visite riche en symboles

Les députés Jamal Jarrah, Amine Wehbé et Antoine Zahra, à la tête d’une délégation du 14 Mars, ont effectué hier une visite éclair dans l’enclave palestinienne de Gaza pour souligner la « solidarité » du 14 Mars avec la « résistance nationale et légitime » du peuple palestinien.

Jamal Jarrah, Amine Wehbé et Antoine Zahra en compagnie du chef du gouvernement palestinien Ismaïl Haniyeh. Photos Rania Massoud

Mardi 27 novembre 2012. 9h du matin. Aéroport de Beyrouth. Deux députés du 14 Mars et une dizaine de journalistes libanais embarquent dans un avion d’Egypt Air à destination d’el-Arich, dans le sud de l’Égypte. C’est là-bas, à une heure et demie de vol de la capitale libanaise, que Jamal Jarrah (courant du Futur) et Amine Wehbé (Gauche démocratique) retrouvent Antoine Zahra (Forces libanaises), fraîchement arrivé de Rome où il assistait à la consécration du cardinal Béchara Raï. De l’aéroport d’el-Arich, les trois hommes et la délégation qui les accompagne montent à bord d’un minibus à destination du terminal de Rafah, seul point d’entrée de la bande de Gaza non contrôlé par Israël.


Décontractés, bien qu’habillés en complets sombres, les trois députés profitent du trajet long de 40 km pour discuter avec les reporters les accompagnant. « Nous voulons nous rendre à Gaza pour souligner le soutien de (l’ancien Premier ministre) Saad Hariri et celui du 14 Mars au peuple palestinien », confie Jamal Jarrah à L’Orient-Le Jour. « Bien que tardive, cette visite, qui intervient une semaine après la fin de l’offensive israélienne contre la bande de Gaza, vise à exprimer notre solidarité avec la révolution palestinienne, poursuit le député. Ce peuple a droit à un État indépendant avec Jérusalem pour capitale. » « Notre position n’a pas changé, tient-il encore à préciser. Et cette visite n’a rien à voir avec les récentes déclarations du Hamas contre le régime syrien (de Bachar el-Assad). En tant que Libanais, nous partageons les mêmes craintes que les Palestiniens. Et nous nous sommes tous sentis touchés par la dernière offensive israélienne. »

 

12h. Terminal de Rafah. L’ambiance est calme des deux côtés de la frontière, qui ont pourtant été rouvertes aux voyageurs depuis la chute du régime de Hosni Moubarak. « C’est normal, nous explique le chauffeur du minibus. Même durant la guerre, peu de gens quittaient Gaza. Notre relation avec les Égyptiens s’est beaucoup améliorée depuis la révolution. »

 

Le terminal de Rafah, dans le sud de l'enclave palestinienne.


À l’entrée de Rafah, une délégation de députés du Hamas ainsi qu’un représentant du ministère palestinien des Affaires étrangères attendaient l’arrivée des visiteurs libanais. Après l’accueil chaleureux, accompagné d’un café savoureusement parfumé à la cardamome, les députés du 14 Mars montent à bord d’un deuxième minibus qui les emmènera au cœur de Gaza-ville pour effectuer une visite rapide des sites bombardés par l’armée israélienne du 14 au 21 novembre derniers.


13h15. Jamal Jarrah, Amine Wehbé et Antoine Zahra marchent dans les ruines d’un bâtiment de trois étages aplati par un raid israélien, dans la zone industrielle de Gaza. « Ma maison a été complètement détruite, se lamente Houssam el-Khoury devant les députés libanais. La maison de mon frère a également été touchée. Nous avons perdu beaucoup de martyrs dans ce quartier. »
Posant devant les immeubles éventrés, M. Jarrah affirme que « les enfants palestiniens sont les premières victimes des bombardements israéliens, tout comme le sont aujourd’hui les enfants de Syrie qui vivent sous la menace des bombes de leur régime meurtrier ».
« Ce qui m’a impressionné à Gaza, c’est la détermination des Palestiniens et leur courage face aux Israéliens, déclare de son côté M. Wehbé aux journalistes. L’unité des Palestiniens est nécessaire pour garantir leur victoire contre l’ennemi. C’est un peuple courageux qui a offert beaucoup de sacrifices et nous sommes confiants qu’il réussira à réaliser la victoire tant attendue. »

 

La délégation du 14 Mars visitant les lieux bombardés par l’armée israélienne à Gaza-ville.


Même impression du côté d’Antoine Zahra qui affirme soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour la création d’un État indépendant. « C’est leur droit le plus légitime de vivre en toute dignité », assure-t-il.


Une fois la visite sur le terrain achevée, la délégation libanaise se rend au siège du Parlement palestinien à Gaza, démoli lors de l’offensive israélienne de 2009, mais épargné durant la dernière guerre de huit jours. Le vice-président du Parlement, Ahmad Bahr, ainsi que plusieurs élus du Hamas attendent la délégation à l’entrée du bâtiment de quatre étages qui a été rénové en 2011. Après les embrassades, les députés palestiniens déposent un foulard keffieh noir et blanc autour du cou de leurs homologues libanais en signe de bienvenue.


« Nous avons vu de nos propres yeux comment les Israéliens refusent tout espoir de paix, déclare le député Antoine Zahra devant les parlementaires palestiniens. Nous sommes venus à Gaza pour saluer votre courage exceptionnel en dépit de toutes les mauvaises conditions et en dépit de vos moyens limités. »
« Vous avez démontré votre supériorité face aux Israéliens car vous combattez sur votre propre terre et avec des armes artisanales que vous avez vous-même confectionnées, renchérit Amine Wehbé. Les Palestiniens et les Libanais se ressemblent et nous espérons que nous réussirons tous les deux à surmonter les défis qui nous guettent. »
Remerciant les trois députés pour leur visite, M. Bahr affirme que le peuple palestinien a réussi « grâce à Dieu » à « vaincre l’ennemi israélien ». Preuve en est, selon lui, l’annonce du ministre israélien de la Défense Ehud Barak de se retirer de la vie politique. « C’est un signe de leur faiblesse », estime-t-il.

 

Les députés accueillis par le vice-président du Parlement palestinien Ahmad Bahr.

 

Vient ensuite le temps du déjeuner, servi dans une salle de réunions à l’intérieur du Parlement. Au menu : un poulet entier farci à la viande et aux oignons émincés sur lit de riz aux légumes épicés.


Après la pause-déjeuner, une dernière étape – la plus importante – attend les députés libanais avant leur départ de Gaza. Ils se rendent au bureau du chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, qui les accueille avec un large sourire. Après une réunion à huis clos qui dure près de 30 minutes, les quatre hommes sortent pour discuter avec les journalistes. M. Haniyeh s’exprime en premier, saluant la visite des députés du 14 Mars. « La délégation libanaise est venue à Gaza pour souligner sa solidarité avec le peuple palestinien, dit-il. Le Liban a toujours été à nos côtés dans toutes nos épreuves. La victoire de Gaza est celle de Beyrouth. »


Concernant la Syrie, M. Haniyeh affirme soutenir le peuple syrien qui est « victime de massacres ». « Nous sommes en désaccord avec les Iraniens sur la question syrienne, souligne-il. Et nous espérons que ceux qui soutiennent encore le régime (de Bachar el-Assad) changeront bientôt de position. »


17h. C’est l’heure à laquelle le terminal de Rafah ferme habituellement ses portes. Mais ce mardi-là, les gardes-frontières ont dû attendre 20 minutes de plus, le temps que le convoi de la délégation du 14 Mars arrive à la frontière. Il fait presque nuit à Gaza et les routes sont relativement désertes. Quelques camions remplis de sacs de ciment traversent à grande allure l’autoroute au bord de la plage qui longe la Bande. « Tous nos produits proviennent des tunnels souterrains, précise le chauffeur du minibus qui accompagne la délégation vers l’aéroport d’el-Arich. Même les voitures entrent ici grâce aux tunnels... »


18h30. Aéroport d’el-Arich. Jamal Jarrah et Amine Wehbé font leurs adieux à Antoine Zahra qui doit encore se rendre au Caire. Les trois hommes portent toujours leur keffieh au cou.


À la fin de ce voyage, l’on ne peut s’empêcher de demander ce que cette visite hautement symbolique représente pour le 14 Mars. Une question à laquelle Antoine Zahra répond en toute franchise : « Nous sommes venus pour montrer que nous ne sommes pas contre la résistance, surtout lorsqu’elle est à caractère national et légitime. Contrairement à celle qui existe chez nous... »

 

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