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À La Une - Elections

Espagne : les nationalistes catalans reculent face à la gauche indépendantiste

Selon un premier sondage, Artur Mas, le président de la Catalogne, est loin d'une majorité absolue.

Le président de la Catalogne, Artur Mas, vote le 25 novembre 2012 à Barcelone. REUTERS/Gustau Nacarino

Les électeurs catalans ont infligé un revers au président de la région Artur Mas lors des élections de dimanche, mais ont voté massivement pour les partis favorables à un référendum sur l'avenir de cette puissante région du nord-est de l'Espagne, selon un premier sondage.

 

La coalition nationaliste CiU (Convergencia i Unio) obtiendrait 54 à 57 sièges sur les 135 députés du Parlement régional, contre 62 actuellement, loin de la majorité absolue espérée par Artur Mas, un nationaliste de droite qui défend le projet d'un "Etat souverain" en Catalogne.

 

En revanche, le parti historique de la gauche indépendantiste catalane, ERC, ferait plus que doubler le nombre de ses députés, avec 20 à 23 sièges contre dix, selon ce sondage diffusé par les télévisions catalane et espagnole.

ERC (Esquerra republicana de Catalunya) arriverait devant les deux grands partis traditionnels espagnols, le Parti populaire (PP), au pouvoir à Madrid, et le Parti socialiste (PSOE).

 

Ces résultats, s'ils se confirment, constitueraient un revers pour Artur Mas qui a promis un référendum dans les quatre ans sur l'avenir de cette région de 7,5 millions d'habitants, agitée par une forte poussée indépendantiste.

 

Dans les rues de Barcelone flottaient dimanche la "senyera", le drapeau catalan, rayé rouge et jaune, et l'"estelada", le drapeau indépendantiste frappé d'une étoile blanche sur fond bleu.

"Ce sont les élections les plus décisives de l'histoire de la Catalogne, dans lesquelles nous jouons tous un rôle comme pays, comme peuple", a lancé Artur Mas, en votant.

 

Nourri par la crise économique qui impose de lourds sacrifices sociaux, le mécontentement a éclos ces derniers mois dans cette région au fort caractère culturel et linguistique, réveillant de vieilles frustrations à l'égard de l’État espagnol.

La manifestation monstre, aux cris de "Indépendance", le 11 septembre dernier à Barcelone avait convaincu Artur Mas de convoquer ces élections anticipées.

"Nous sommes à un tournant. Jusqu'à maintenant, il y avait un sentiment nationaliste minoritaire, qui a grandi avec la crise", affirme Carme Llistosella, 60 ans, secrétaire au chômage et électrice de CiU.

 

Face au refus de Madrid d'accorder à la Catalogne l'autonomie budgétaire accrue qu'elle réclame, le président de région a fait le pari du conflit ouvert, espérant une majorité absolue pour soutenir son projet d'"État souverain".

"Ces élections me dégoûtent, parce que les pays doivent s'unir et non pas se diviser", a affirmé Josep, retraité de 65 ans, électeur traditionnel de CiU qui, cette fois, a hésité.

"Je pense que la campagne a été trop centrée sur la polarisation Catalogne-Espagne et qu'on aurait dû davantage parler d'autres thèmes, comme celui de la crise", a ajouté Andreu Camprubi, sociologue de 27 ans.

"Avec la question de l'indépendance, on a réussi à faire que beaucoup de gens qui sont touchés par les coupes budgétaires n'y pensent plus", selon cet électeur du petit parti de la gauche indépendantiste CUP.

 

Le gouvernement conservateur espagnol, déjà accaparé par sa lutte contre la crise économique, se retrouve confronté à un autre défi majeur : si la perspective d'une éventuelle indépendance reste éloignée, il en va de la pérennité du modèle de l'autonomie régionale, l'un des fondements de la Constitution de 1978.

C'est à l'époque justement de la transition démocratique que les Catalans avaient retrouvé le droit de s'exprimer librement dans leur langue, bannie de l'espace public pendant la dictature franquiste (1939-1975).

 

Si Artur Mas a évité soigneusement, durant la campagne, le mot "indépendance", il défend pourtant bien un "État souverain", "le septième de l'Union européenne", dit-il, en termes de richesse par habitant.

De quoi faire trembler le monde des affaires face au spectre d'un État qui pourrait se retrouver de facto hors de l'UE et de la zone euro.

 

Depuis deux ans, la frustration montait en Catalogne après une décision de la justice espagnole de réduire son statut d'autonomie élargie, datant de 2006. Sur ce terreau identitaire très sensible, la crise a fait le reste.

 

La Catalogne, aujourd'hui la région la plus endettée d'Espagne, accuse l’État central de l'entraîner dans un gouffre financier et réclame un "pacte fiscal", équivalent à celui existant au Pays Basque et en Navarre, qui lui permettrait de lever elle-même l'impôt.

Les électeurs catalans ont infligé un revers au président de la région Artur Mas lors des élections de dimanche, mais ont voté massivement pour les partis favorables à un référendum sur l'avenir de cette puissante région du nord-est de l'Espagne, selon un premier sondage.
 
La coalition nationaliste CiU (Convergencia i Unio) obtiendrait 54 à 57 sièges sur les 135 députés...

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