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Culture - Cimaises

Zohrab entre livre d’images et fragments de vitrail...

Ramagée, volubile, soutenue par des couleurs vives, la peinture aux contours marqués de Zohrab a beaucoup des lumières et des fresques des vitraux. Plus de 35 toiles au style figuratif (acrylique, huile et un fusain) sont exposées aux cimaises de l’Université de Balamand.

Tourbillons de couleurs pour des instants de la vie.

Tourbillons de couleurs pour un univers d’illustrations. Comme un livre d’images pour adultes qui ont gardé une âme d’enfant. Ici, joliesse, enfance et naïveté ont un paradoxal regard de gravité et de pompe solennelle... Et pourtant l’artiste, peintre mordu au cœur par la palette et les pinceaux, a aujourd’hui, à soixante-dix ans, les cheveux blancs comme neige. Les cheveux en bataille, la bedaine titillant la ceinture, les lunettes vissées sur le nez, Zohrab est dans son atelier comme un saint au paradis.
Car il ne faut pas l’oublier, ce coloriste a aussi le goût des fresques religieuses et n’a jamais désavoué la part de spiritualité dans ses espaces dessinés et peints. Sans pourtant jamais avoir eu vocation de rentrer dans les ordres. Pour rappel, ses échafaudages, sa truelle et ses pinceaux sont en étroit rapport avec l’église de la Sainte Vierge de Nicosie et celles de Toronto et de Los Angeles.
Dans le fouillis de ses dépôts, les toiles s’amoncellent. D’une manière impressionnante et, pour toute explication, il dit: «Je n’arrive pas facilement à me détacher de mes œuvres...»
De ce monde porté par une tornade de couleurs, comme des confettis soufflés par le vent, avec une gestuelle théâtrale et biblique, émergent des personnages aux expressions bienveillantes et tendres, aux poses
maniéristes.
Des grandes toiles (2,7 x 2 m) aux petits formats (40 x 60 cm), Zohrab n’a de répit, depuis l’âge de cinq ans (lui dont la première expo remonte à ses douze ans), qu’après avoir griffonné sur un carnet aux esquisses innombrables ou rempli frénétiquement de couleurs juxtaposées l’espace d’une toile tendue. Pour dire la vie, les élans et les émotions qui
l’habitent.
En gestes onctueux, en images édulcorées, en joues recouvertes de fard, en paupières de star, en chevelures opulentes, en mains aux doigts gracieusement posés (et ostentatoirement offertes aux regards), en habits satinés, en gaze transparente, en étoffes presque précieuses aux retombées d’un autre temps, ces personnages et ces paysages ont quelque chose de pétrifié, de figé...
Dans ce mélange d’histoires de tous les jours, de paysages de carte postale d’une nature reproduite comme une tapisserie d’Aubusson et d’indubitable inclination pour l’élévation de l’âme, cette peinture, un peu amidonnée malgré sa volonté d’être en mouvements et fluidité, portée comme un loup vénitien, demeure, sans nul doute, un besoin de révéler la part d’immatérialité et de rêve qui hante les êtres.
Dans un fouillis de branchages, cette peinture «fleurie», comme on le dirait d’une prose trop lyrique, a sans nul doute des excès de grâce et de poses maniéristes. Cela relève probablement de cet attachement à une inspiration liée aux atmosphères de prière et d’église, mais aussi, en filigrane, à une perception «organique» et sensuelle de l’existence.
Car Zohrab célèbre et magnifie le don de la vie. À sa manière. Avec des personnages appartenant à un univers onirique aux allures d’un improbable carnaval. Une ronde d’êtres (hommes, femmes, enfants) fêtant la nature en se fondant aux frondaisons des arbres ou se coulant dans les allées des jardins bénis par une flore luxuriante.
Une peinture figurative, résolument décorative, qui a pris quand même la patine de presque un demi-siècle de labeur à la tâche et qu’on regarde comme on feuillette un livre de contes aux images soigneusement léchées...

*L’exposition de Zohrab se déroule jusqu’au 30 novembre à l’Université de Balamand.
Tourbillons de couleurs pour un univers d’illustrations. Comme un livre d’images pour adultes qui ont gardé une âme d’enfant. Ici, joliesse, enfance et naïveté ont un paradoxal regard de gravité et de pompe solennelle... Et pourtant l’artiste, peintre mordu au cœur par la palette et les pinceaux, a aujourd’hui, à soixante-dix ans, les cheveux blancs comme neige. Les cheveux en...
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