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Économie - Rapport

Mondialisée, la prostitution est un marché économique « porteur »

Pour la Fondation Scelles, les proxénètes ont organisé la traite « sur un modèle capitaliste exemplaire ».

La Suède a adopté en 1999 une loi sanctionnant l’achat d’actes sexuels. Claudio Bresciani/AFP

Mondialisée et sous l’emprise du crime organisé, la prostitution est devenue un marché économique « très porteur », qui se chiffre en milliards d’euros, dénonce dans son rapport annuel rendu public hier la Fondation Scelles qui redoute « une aggravation de la situation ».
Le rapport « Exploitation sexuelle : prostitution et crime organisé », qui fait un bilan de la prostitution dans 54 pays, affirme que les proxénètes ont organisé la traite « sur un modèle capitaliste exemplaire ».
Les exemples ne manquent pas : démantèlement d’un réseau de proxénétisme roumain en Espagne, procès aux Émirats arabes unis de trafiquants de femmes du Bangladesh, condamnation d’un chef de réseau russe en Finlande, démantèlement d’un réseau chinois exploitant des Thaïlandaises en Australie. « On a une sorte de grand marché où la mainmise du crime organisé est particulièrement frappante », remarque Yves Charpenel, président de la Fondation Scelles.
En France, où 80 % des prostituées sont étrangères, le démantèlement d’une quarantaine de réseaux criminels en 2011 a permis de découvrir des victimes colombiennes, chinoises, équatoriennes, nigérianes, roumaines, entre autres.
Les victimes de la traite « sont “produites” à peu de frais dans des pays pauvres et/ou en proie aux conflits armées ou aux guerres civiles, et importées sur les marchés les plus porteurs en termes de marge réalisée », note le document.
« Achetées parfois seulement quelques euros », elles rapportent « une moyenne de 150 000 euros net par an dans les pays occidentaux », insiste la fondation.
« Si on multiplie ce chiffre par 2,5 millions, qui est l’estimation de l’ONU sur le nombre de victimes de la traite des êtres humains (dont 85 % victimes d’exploitations sexuelles), ça commence à faire de l’argent, en ne parlant que de prostitution en réseau », note M. Charpenel.
Un chiffre « sous-évalué » par rapport aux 40 à 42 millions de « personnes touchées par la prostitution dans le monde », selon Scelles. L’ONU se base sur les chiffres fournis par les pays sur les condamnations pour traite d’êtres humains, dont la définition est « extrêmement étroite », sans prendre en compte les condamnations pour proxénétisme, explique M. Charpenel.
Selon le rapport, le chiffre d’affaires de l’industrie du sexe s’élèverait à plus de 1,5 milliard d’euros en Grèce, plus de 2 milliards d’euros en Russie et jusqu’à 18 milliards en Espagne.
La prostitution est « le plus souvent exercée sous la contrainte », physique, psychique ou économique. Les prostituées « sont traitées comme des marchandises », note le rapport, qui rappelle qu’un réseau espagnol avait même tatoué un code-barre sur le poignet des prostituées.
Certains réseaux font « tourner » les filles, en passant par des lieux de dressage, où elles sont violées, frappées, torturées et amenées à se droguer ou à consommer de l’alcool. Une personne prostituée subirait en moyenne jusqu’à 10 à 15 passes par jour.
« L’immense majorité reste l’exploitation par des réseaux », insiste Yves Charpenel, pour qui les « quelques affaires » de ménagères ou d’étudiantes qui se prostituent sont loin de résumer « la réalité ».
La fondation estime que « le renforcement des criminalités et les effets de la crise économique (...) laissent présager une aggravation de la situation ».
Elle se félicite cependant que la question de la pénalisation du client soit devenue une problématique dans plusieurs pays, à la suite de la Suède, qui a adopté en 1999 une loi sanctionnant l’achat d’actes sexuels.

(Source : AFP)
Mondialisée et sous l’emprise du crime organisé, la prostitution est devenue un marché économique « très porteur », qui se chiffre en milliards d’euros, dénonce dans son rapport annuel rendu public hier la Fondation Scelles qui redoute « une aggravation de la situation ».Le rapport « Exploitation sexuelle : prostitution et crime organisé », qui fait un bilan de la...

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