L’obsession sécuritaire du régime a atteint son comble ces derniers jours à Pékin avec la mobilisation de centaines de milliers de « volontaires » à l’affût de tout mouvement suspect dans la capitale.
Aux centaines de policiers en civil et en uniforme qui bouclent les alentours de la place Tiananmen et du Palais du peuple, haut lieu de la passation des pouvoirs, sont venus s’ajouter quelque 1,4 million de « volontaires de l’ordre public » (retraités, balayeurs de rue, pompiers et autres vigiles privés) priés de signaler quiconque serait susceptible de venir troubler l’événement. Mais en dépit de leur brassard arborant un slogan « patriotique », beaucoup renâclent à cette intégration forcée dans le dispositif déjà gigantesque d’un État policier tentaculaire.
« Volontaire ? Ils m’ont priés de l’être », râle Zhang Weilin, un vigile de 25 ans d’un centre commercial du centre de la capitale, dans son treillis « camouflage » deux fois trop grand, décoré d’un écusson « US Army Airborne ». « Mon entreprise de gardiennage nous a donné ces uniformes et nous a tous portés volontaires pour le congrès », raconte-t-il sous la pluie glaciale tombée sur Pékin le week-end dernier.
L’agitation sociale qui n’a cessé de croître durant les 10 ans de la présidence de Hu Jintao a donné lieu à un spectaculaire renforcement des organes de sécurité, bras armé d’un État communiste de plus en plus inquiet du mécontentement populaire. Le budget des forces de l’ordre pour le maintien de la « stabilité sociale » a littéralement explosé, atteignant 111 milliards de dollars en 2011 et dépassant celui, déjà conséquent, de l’armée.
Depuis sa fondation en 1949, le régime s’appuie en outre sur un « maillage sécuritaire » qui exige des citoyens ordinaires de dénoncer toute atteinte, réelle ou supposée, à l’ordre communiste, tout particulièrement lors des congrès du PCC, qui reviennent tous les cinq ans. « Si on voit quelque chose qui sort de l’ordinaire, comme des pétitionnaires qui tentent de manifester, nous le signalons immédiatement au comité de quartier ou nous appelons la police », raconte un enseignant à la retraite, Huo Huihua, à l’affût à un coin de rue. La tradition des « pétitionnaires », ou « plaignants », qui remonte à l’époque impériale, autorise tout citoyen à présenter à la capitale ses doléances, dirigées le plus souvent contre des injustices et des abus de pouvoir locaux. Ils sont pourtant régulièrement jetés en prison, battus ou discrètement persécutés, accusent les pétitionnaires eux-mêmes et les organisations de défense des droits de l’homme. Et avant les congrès du PCC, ils sont expulsés de la capitale. « Peu importe que le plaignant ait une bonne raison d’être là. Ça, c’est à la police d’en décider », ajoute le retraité, avec une mimique suggestive quant à la compassion policière prévisible.
Zhang Yaodong, un plaignant venu de la province du Henan, a été battu à mort par des inconnus, deux jours avant l’ouverture du congrès, a rapporté un groupe de défense des droits de l’homme. Interrogée, la police de Pékin a décliné tout commentaire. De tels incidents ne sont pas rares en Chine et servent souvent de détonateur à de violentes manifestations.
Si l’argent coule à flots pour l’appareil sécuritaire du pays, les « volontaires » mobilisés n’en voient pourtant guère la couleur. « Si les “fonds pour le maintien de la stabilité” sont versés, à tous les coups, c’est pour le comité de quartier. On n’en verra jamais rien », déclare Chen, un ouvrier retraité. À la place, ils seront remerciés avec des uniformes, du savon en poudre ou de l’huile de cuisine, pour les heures passées aux coins des rues dans le froid de novembre.
Ancien haut responsable du régime devenu opposant, Bao Tong considère que « le maintien de la stabilité consiste à faire de la population l’ennemi. C’est une insulte et une honte ».
Femme de ménage, Chen Huili dit n’avoir pas eu le choix : « Non, je ne me suis pas portée volontaire. C’est mon entreprise qui me fait faire ça », grommèle-t-elle en balayant les mégots de cigarettes d’une résidence, son brassard de « volontaire » au bras. « Et ça ne me rapporte rien d’autre que du travail supplémentaire. »
(Source : AFP)
Aux centaines de policiers en civil et en uniforme qui bouclent les alentours de la place Tiananmen et du Palais du peuple, haut lieu de la passation des pouvoirs, sont venus s’ajouter quelque 1,4 million de « volontaires de l’ordre public » (retraités, balayeurs de rue, pompiers et autres vigiles privés) priés de signaler quiconque serait susceptible de venir troubler l’événement. Mais en dépit de leur brassard arborant un slogan « patriotique », beaucoup renâclent à cette intégration forcée dans le dispositif déjà gigantesque d’un État policier tentaculaire.
« Volontaire ? Ils m’ont priés de l’être », râle Zhang Weilin, un vigile de 25 ans d’un centre commercial du centre de la capitale, dans son treillis « camouflage » deux fois trop grand, décoré d’un écusson « US Army Airborne ». « Mon entreprise de gardiennage nous a donné ces uniformes et nous a tous portés volontaires pour le congrès », raconte-t-il sous la pluie glaciale tombée sur Pékin le week-end dernier.
L’agitation sociale qui n’a cessé de croître durant les 10 ans de la présidence de Hu Jintao a donné lieu à un spectaculaire renforcement des organes de sécurité, bras armé d’un État communiste de plus en plus inquiet du mécontentement populaire. Le budget des forces de l’ordre pour le maintien de la « stabilité sociale » a littéralement explosé, atteignant 111 milliards de dollars en 2011 et dépassant celui, déjà conséquent, de l’armée.
Depuis sa fondation en 1949, le régime s’appuie en outre sur un « maillage sécuritaire » qui exige des citoyens ordinaires de dénoncer toute atteinte, réelle ou supposée, à l’ordre communiste, tout particulièrement lors des congrès du PCC, qui reviennent tous les cinq ans. « Si on voit quelque chose qui sort de l’ordinaire, comme des pétitionnaires qui tentent de manifester, nous le signalons immédiatement au comité de quartier ou nous appelons la police », raconte un enseignant à la retraite, Huo Huihua, à l’affût à un coin de rue. La tradition des « pétitionnaires », ou « plaignants », qui remonte à l’époque impériale, autorise tout citoyen à présenter à la capitale ses doléances, dirigées le plus souvent contre des injustices et des abus de pouvoir locaux. Ils sont pourtant régulièrement jetés en prison, battus ou discrètement persécutés, accusent les pétitionnaires eux-mêmes et les organisations de défense des droits de l’homme. Et avant les congrès du PCC, ils sont expulsés de la capitale. « Peu importe que le plaignant ait une bonne raison d’être là. Ça, c’est à la police d’en décider », ajoute le retraité, avec une mimique suggestive quant à la compassion policière prévisible.
Zhang Yaodong, un plaignant venu de la province du Henan, a été battu à mort par des inconnus, deux jours avant l’ouverture du congrès, a rapporté un groupe de défense des droits de l’homme. Interrogée, la police de Pékin a décliné tout commentaire. De tels incidents ne sont pas rares en Chine et servent souvent de détonateur à de violentes manifestations.
Si l’argent coule à flots pour l’appareil sécuritaire du pays, les « volontaires » mobilisés n’en voient pourtant guère la couleur. « Si les “fonds pour le maintien de la stabilité” sont versés, à tous les coups, c’est pour le comité de quartier. On n’en verra jamais rien », déclare Chen, un ouvrier retraité. À la place, ils seront remerciés avec des uniformes, du savon en poudre ou de l’huile de cuisine, pour les heures passées aux coins des rues dans le froid de novembre.
Ancien haut responsable du régime devenu opposant, Bao Tong considère que « le maintien de la stabilité consiste à faire de la population l’ennemi. C’est une insulte et une honte ».
Femme de ménage, Chen Huili dit n’avoir pas eu le choix : « Non, je ne me suis pas portée volontaire. C’est mon entreprise qui me fait faire ça », grommèle-t-elle en balayant les mégots de cigarettes d’une résidence, son brassard de « volontaire » au bras. « Et ça ne me rapporte rien d’autre que du travail supplémentaire. »
(Source : AFP)
L’obsession sécuritaire du régime a atteint son comble ces derniers jours à Pékin avec la mobilisation de centaines de milliers de « volontaires » à l’affût de tout mouvement suspect dans la capitale.Aux centaines de policiers en civil et en uniforme qui bouclent les alentours de la place Tiananmen et du Palais du peuple, haut lieu de la passation des pouvoirs, sont venus...
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