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À La Une - La femme de la semaine

A Harvard, Sara el-Yafi, Libanaise, défend les mezzés face aux assauts israéliens

La cafétéria de la prestigieuse université américaine a présenté un menu "israélien" à base de fattouche, de tahiné et de couscous...

La jeune Libanaise Sara el-Yafi.

Pour célébrer la diversité culturelle au sein de son campus, la prestigieuse université américaine Harvard Business School organise tous les ans un buffet international dans sa cafétéria. Cette année, l’événement culinaire a viré à la polémique lorsqu'un menu soi-disant "israélien" affiché à l'entrée de la cafétéria, présentait des spécialités typiquement arabes comme le couscous, la sauce tahiné (crème de sésame), le fattouche et le zaatar (thym séché). Des spécialités chypriote, turque et même chinoise figurent également au menu, si l'on en croit une photo (ci-dessous), largement partagée sur Facebook ces derniers jours.

 

C'est une Libanaise, Sara el-Yafi, ancienne étudiante à Harvard, qui a décidé de prendre le taureau par les cornes et de rendre à chaque nation, le plat qui lui appartient. Sur sa page Facebook, la jeune femme a publié une lettre d’indignation à l’attention de la prestigieuse université, qualifiant le menu israélien de "provocation" à l’égard des Arabes.

 

"Je comprends que la Business School désire, de temps à autre, +changer+ le menu de sa cafétéria pour titiller le palais de ses jeunes étudiants ayant tendance à s’ennuyer assez rapidement des traditionnels buffets italiens, asiatiques et micronésiens", écrit Sara sur son mur. "Vous ressentez donc le besoin d’épicer un peu les choses avec des menus de nationalités exotiques… Mais là, nous avons atteint la ligne rouge", ajoute-t-elle avant de "démonter" le menu "israélien" plat par plat.

 

La jeune femme de 28 ans, qui vit entre Los Angeles et Beyrouth, commence le règlement de compte avec la "harissa" qui, explique-t-elle, est "une sauce piquante d’origine tunisienne et libyenne". "Comme Israël n’est pas un pays nord-africain, la harissa n’est donc pas une spécialité israélienne".

 

Vient, ensuite, le tour du couscous, un "plat maghrébin à la base de la cuisine algérienne, marocaine, tunisienne et libyenne". "Quant au +couscous israélien+, précise la demoiselle, il s’appelle +Maftoul+, et c'est en réalité un plat palestinien à base de couscous".

 

Concernant le fattouche, Sara rappelle que le nom de cette salade est une combinaison du verbe "fatt" ("écraser" en arabe) et du suffixe d’origine turc "-ouch". "Cette combinaison terminologique est assez courante dans le dialecte syrien, ainsi que dans d’autres dialectes arabes", ajoute-t-elle, avant de rappeler, s'il était besoin, que l’arabe n’est pas la langue officielle d’Israël. Même raisonnement pour le hommos ("pois chiche" en arabe), la sauce Tahiné (du verbe "tahan", "moudre") et le zaatar.

 

La photo du menu soi-disant israélien.

 

Dans son indignation, Sara n'est pas sectaire, puisqu'elle dénonce également l’appropriation par Israël de spécialités non-arabes, comme le halloumi, un fromage "originaire de Chypre". "Votre arrogance n’est plus exclusivement dirigée contre les Arabes", s'indigne la Libanaise. Et d’ajouter : "Tant que Chypre ne figure pas sur la liste des territoires occupés par Israël, le halloumi ne sera pas considéré comme un plat israélien".

 

C’est le "Sweet and Sour israélien" qui aura l’effet de la goutte de trop pour Sara, qui préfère néanmoins laisser les Chinois se charger eux-mêmes de la réponse appropriée à ce "vol"…

 

"Si vous ne souhaitez pas donner de crédit aux arabes, qui sont nombreux à étudier à Harvard, ayez au moins la décence de qualifier votre buffet de +méditerranéen+, écrit-elle encore, appelant l'école à ne pas cautionner ce vol gastronomique.

 

Publié le 28 octobre sur Facebook, le billet de Sara est rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux, déclenchant un flot de commentaires. Son texte a été partagé par plus de 3.440 personnes et "aimé" par plus de 4.700 internautes.

Une semaine après la publication de cette note, la Libanaise qui a fait des études en politiques publiques à Harvard, a envoyé une autre lettre de protestation, "plus modérée" cette fois, au doyen de la Harvard Business School.

 

Dès le lendemain, elle recevait un message du chef du département Marketing de l’université, Brian Kenny. "Nous souhaitons faire notre mea culpa, dit M. Kenny dans son message. Il est clair que nous n’avons pas vérifié comme il se devait le contenu du menu israélien". "Vous avez bien fait d’attirer notre attention sur cette affaire, ajoute-t-il. Nous nous excusons d’avoir offusqué certaines personnes, et ce d'autant plus que l’idée à l’origine de ce buffet international est de célébrer la diversité culturelle (au sein du campus)".

 

Dans une entrevue avec Lorientlejour.com, Sara el-Yafi affirme avoir remercié M. Kenny pour son message "courtois" et lui avoir fait part de son souhait qu'un buffet arabe "authentique" soit organisé. Une requête à laquelle M. Kenny a donné son feu vert.

 

"Je crois que le plus important dans cette histoire est la réaction des internautes à mon billet, dit Sara à Lorientlejour.com. Les réactions étaient extraordinaires, parfois drôles. La plupart des intervenants n’étaient pas en colère, mais plutôt contents de pouvoir se défouler librement". "Je suis très contente de la façon dont cette histoire a été traitée", conclut-elle.

Pour célébrer la diversité culturelle au sein de son campus, la prestigieuse université américaine Harvard Business School organise tous les ans un buffet international dans sa cafétéria. Cette année, l’événement culinaire a viré à la polémique lorsqu'un menu soi-disant "israélien" affiché à l'entrée de la cafétéria, présentait des spécialités typiquement arabes...

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