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À La Une - Théâtre

« El-Orb3a bnoss el-jom3a » de Betty Taoutel, ou les drôles de scènes de la vie ordinaire...

À l’affiche du Monnot, jusqu’au 2 décembre, « El-Orb3a bnoss el-jom3a » de Betty Taoutel. Une comédie sociale bien troussée, avec des situations et des personnages remarquablement campés. À la fois réalistes, hilarants et touchants.

Neuf sur scène et toujours une remarquable cohésion. Photo Marwan Assaf

Le rideau se lève sur un duo d’afficheurs, un peu à la Laurel et Hardy, mais en « salopettes bleues Coluche », qui s’apprêtent à coller, partout dans la rue, des images vendeuses de rêve. Débarque une mère de famille du genre stressé qui vient attendre l’autocar de ses enfants. Elle est rejointe par une jeune fille un peu pot de colle, un peu godiche qui trimballe partout avec elle son voile de mariée et son ordinateur rose portable. Puis un vieux couple, traînant ses pénates et transportant ses interminables chamailleries de l’appartement au banc public, fait son apparition pour son habituelle pause d’après-midi. Sur ce, arrivent les fiancés qui, faute d’avoir les moyens d’aller ailleurs, ont fait de ce carrefour leur point de rencontre de fin de journée. Et enfin, surgissant d’on ne sait où, un homme jeune et solitaire qui se pose sur le banc quelques instants avant de repartir vers on ne sait où...
Ces neuf personnages qui déambulent, à un même carrefour, à des heures différentes de la journée vont finir par s’y croiser, systématiquement, tous les mercredis à 17h. Ce qui va forcément tisser des liens entre eux. Chacun a son histoire, ses soucis, ses problèmes et ses... rêves. Car tous aspirent, évidemment, à un avenir meilleur. Des lendemains plus souriants, moins solitaires, moins aléatoires, plus sécurisés ou encore, pour certains, « super de luxe »... Des lendemains qu’ils identifient aux promesses des affiches publicitaires qui envahissent cette rue. Des affiches qui changent au fil des semaines, tandis que nos doux rêveurs restent, eux, dans leur statu quo. Jusqu’à un certain « mercredi en milieu de semaine » où, suite à un concours de circonstances, ils vont se retrouver tous coincés à ce croisement !
Sur le thème universel du mariage et de son lot de configurations intimes et sociales (qui vont de l’euphorie de la rencontre amoureuse aux désillusions, en passant par le doute, les appréhensions, les incompréhensions, la famille ou encore le sentiment de solitude...), Betty Taoutel a « concocté » (ce terme est d’autant plus significatif ici que cette œuvre a été créée – inspiration et écriture – dans sa cuisine ! ) une pièce dont elle a signé le texte, la mise en scène et la scénographie. Et dans laquelle, à défaut d’avoir pu trouver une comédienne disponible pour le rôle, elle campe aussi la mère de famille. Un rôle qui n’est pas vraiment de composition pour Taoutel, elle-même à la tête d’une progéniture nombreuse, et qui s’inscrit dans le réalisme social de cette pièce.
Car il s’agit là d’une tragi-comédie inspirée de « la rue libanaise », de ce qui s’y passe réellement, aujourd’hui et maintenant. À commencer par cette instabilité chronique du pays qui interagit dans tous les domaines du quotidien et rend les difficultés de la vie courante, notamment conjugales et familiales, encore plus problématiques. Mais aussi, des mœurs et exigences sociétales particulières au Liban dont sont victimes de nombreux couples. Seront ainsi évoqués, à travers les histoires des neuf protagonistes, les interférences familiales, la peur du qu’en-dira-t-on, les problèmes économiques, les a priori sur le mariage civil, le choix de l’émigration comme seule issue, ou encore les unions d’intérêt et la solitude des retraités sans enfants... Autant de situations désespérées dénoncées dans cette pièce sur le mode de l’humour, de la dérision et de l’autodérision, car, comme on dit, « mieux vaut en rire ».
Une mise en scène créative et pleine de vitalité signée Betty Taoutel et un remarquable jeu de comédiens, qui réussissent la gageure d’être à la fois drôles, réalistes et touchants, font de ces 90 minutes un vrai moment de théâtre. Divertissant, enlevé et relevé d’une vraie réflexion. En somme, digeste et savoureux. Recommandé.

*Jusqu’au 2 décembre, tous les jeudis, vendredis, samedis et dimanches, à 20h30. Billets en vente à la librairie Antoine et au guichet du théâtre Monnot. Tél. 01202422.

Les mercredis des associations

La pièce sera également jouée les mercredis au bénéfice d’œuvres caritatives dont la YWCA, Spring of Life, Autism Association for Social Integration (AASI) et celles du Rotary Club.

Les comédiens

Hisham Khadage, Andrée Nacouzi, Jessy Khalil, Abdo Chahine, Wadih Aftimos, Josette Aftimos, Jacques Mokhbat, Walid Abou Hamad et Betty Taoutel.
Le rideau se lève sur un duo d’afficheurs, un peu à la Laurel et Hardy, mais en « salopettes bleues Coluche », qui s’apprêtent à coller, partout dans la rue, des images vendeuses de rêve. Débarque une mère de famille du genre stressé qui vient attendre l’autocar de ses enfants. Elle est rejointe par une jeune fille un peu pot de colle, un peu godiche qui trimballe...

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