Le régime du président syrien Bachar el-Assad ne se maintiendra pas longtemps au pouvoir, a estimé mercredi le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil el-Arabi, appelant les opposants à s'unifier.
"Il est important d'unifier les points de vue de l'opposition, d'autant plus que tout le monde sait que le régime en Syrie ne restera pas longtemps (au pouvoir NDLR), et un jour il y aura une nouvelle situation en Syrie", a-t-il déclaré à la presse.
Ces déclarations interviennent alors que le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition syrienne en pleine restructuration, élisait mercredi à Doha sa nouvelle direction à la veille d'une réunion cruciale d'opposants.
Le CNS a par ailleurs exprimé l'espoir de voir le président américain Barack Obama, réélu mercredi, placer la Syrie en tête de ses priorités.
Les relations du CNS, longtemps considéré comme un "interlocuteur légitime", se sont récemment tendues avec l'administration américaine qui lui reproche son manque de représentativité.
Pour répondre à ces critiques, le CNS a élargi son comité général à 400 membres, dont un tiers représentent les acteurs du soulèvement à l'intérieur de la Syrie.
Après l'élection d'une nouvelle direction, il doit examiner jeudi à Doha avec d'autres opposants la création d'une nouvelle direction globale de l'opposition, en présence notamment de représentants des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de France et de Turquie.
En soirée, le Qatar a appelé l'opposition syrienne à unifier ses rangs. "Les nombreux sacrifices consentis par le peuple syrien requièrent que vous adoptiez une position unifiée", a déclaré le ministre d'Etat qatari aux Affaires étrangères, Khaled Al-Attiya, à l'issue d'une réunion avec les dirigeants du CNS.
Damas au centre des affrontements, les alaouites pris pour cible
Un temps éclipsée par les fronts dans le nord du pays, notamment à Idleb et Alep, la capitale syrienne, place forte du régime, est désormais au centre des violences.
En 48 heures, des attentats à la bombe et à la voiture piégée ont tué une trentaine de civils à Qoudsaya, la banlieue ouest de Damas, et dans le quartier de Mazzé dans la capitale même, des zones peuplées en majorité par des alaouites, une branche du chiisme minoritaire dans le pays.
Des tirs d'obus sur Mazzé, qui abrite des ambassades et des bâtiments de la Sécurité, ont tué trois civils, et une voiture piégée a fait un mort dans le quartier Qadam (sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
A Nabak, près de Damas, un kamikaze a lancé sa camionnette piégée sur une position de l'armée, tuant six soldats, selon cette organisation qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins. La Ghouta orientale, la campagne bordant la capitale, a été bombardée par l'aviation du régime.
"Les attaques à Mazzé constituent un tournant significatif, car pour la première fois la communauté alaouite, jamais ciblée en tant que telle, est associée directement au régime et visée pour cela", explique à l'AFP Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo).
De nombreux fonctionnaires vivent également à Qoudsaya et selon M. Balanche "on cherche à viser le régime à travers ses employés".
A proximité, le quartier de Hajar al-Aswad et le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk étaient en proie à de violents combats entre rebelles et combattants palestiniens anti-régime d'un côté et soldats et combattants palestiniens pro-régime de l'autre selon des militants.
Le régime a néanmoins mis en garde les Palestiniens combattant aux côtés des rebelles contre toute implication dans le conflit déclenché par la répression du mouvement de contestation populaire lancé le 15 mars 2011.
Au moins 101 personnes ont péri dans les violences à travers le pays mercredi, alors que le bilan de la guerre ne cesse de s'alourdir, avec plus de 37.000 morts en près de 20 mois selon un nouveau bilan de l'OSDH.
Dans un un contexte d'aggravation du conflit chez le voisin syrien, la Turquie touchée par des obus et terre d'accueil pour des dizaines de milliers de réfugiés, a affirmé discuter avec l'OTAN en vue d'un éventuel déploiement de batteries de missiles sol-air et antimissiles Patriot sur son sol.
Londres veut parler aux rebelles armés
Dans le but de mettre un terme à l'effusion de sang, Londres, qui s'est dit mardi favorable à une sortie sécurisée de M. Assad de Syrie, a annoncé mercredi de prochaines discussions avec la rébellion dans un pays tiers.
Des responsables ont insisté sur le fait que ces groupes seraient appelés à respecter les droits de l'Homme, alors que de récentes vidéos montrant des exactions commises par les forces pro et anti-régime ont suscité des condamnations.
Ces annonces sont intervenues alors que le Premier ministre David Cameron visitait un camp de réfugiés syriens situé dans le nord de la Jordanie, non loin de la frontière syrienne, dernière étape de sa tournée au Moyen-Orient.
"Mort silencieuse"
Egalement sur le plan humanitaire, Tawfik Chamaa, membre fondateur de l'Union des organisations syriennes de secours médicaux, a dénoncé une "catastrophe sanitaire", évoquant la "mort silencieuse" des malades qui décèdent, non pas sous les balles ou les bombardements, mais tout simplement parce qu'ils n'ont plus de médicaments.
Selon lui, entre 90% et 95% de l'aide internationale envoyée au Croissant-Rouge syrien est confisquée par le pouvoir.
M. Chamaa a donné l'exemple de la disparition dans le nord de la Syrie d'un convoi de 11 camions du PAM, dont l'aide est habituellement distribuée par le Croissant-Rouge arabe syrien.
Interrogés par l'AFP, le PAM et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont réfuté ces accusations, assurant que l'aide parvenait bien aux personnes qui en ont besoin.
La Directrice exécutive du PAM, Ertharin Cousin, a par ailleurs rendu visite aux réfugiés syriens au Liban et s'est rendue dans un centre de distribution de tickets de rationnement, après des rencontres avec les dirigeants libanais qu'elle a remerciés pour leur accueil des réfugiés.
Enfin, le pape Benoît XVI a envoyé un émissaire au Liban pour soutenir les Syriens et a renoncé à une mission spectaculaire de cardinaux à Damas-même qui s'était avérée politiquement risquée et impossible sur le plan sécuritaire.
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commentaires (7)
Si on demandait à la Ligue Arabe de choisir entre Israël et l'Iran, que feraient-ils ? La réponse vient toute seule...
SAKR LEBNAN
11 h 44, le 08 novembre 2012