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Moyen Orient et Monde - Reportage

Mahmoud, le jihadiste jordanien qui rêvait de mourir en martyr en Syrie

A Baqaa, camp de réfugiés palestiniens au nord d'Amman (Jordanie), Abou Mohammad Tahawi, leader salafiste jordanien et beau-père de Mahmoud, un jeune Jordanien d'origine palestinienne mort lors d'une opération suicide à Deraa en octobre 2012. AFP/KHALIL MAZRAAWI

Le Jordanien Mahmoud Abdelal avait 33 ans, une épouse et cinq jeunes enfants. En octobre, ce salafiste s’est fait exploser contre une position de l’armée en Syrie, réalisant son rêve de mourir au service du jihad. « Mon fils était très pieux. Il a commencé à réciter le Coran à l’âge de 10 ans. Il a toujours rêvé de mener le jihad », raconte Hind Hassan, 50 ans. « Je l’ai empêché à maintes reprises de se rendre en Cisjordanie pour se battre contre Israël. »


Dans la modeste demeure dans l’un des quartiers les plus défavorisés de Baqaa, immense camp de réfugiés palestiniens au nord d’Amman, les cinq enfants du « martyr » et sa veuve Khadija Tahawi écoutent attentivement. Selon le beau-père de Mahmoud, Abed Shehadeh, l’un des principaux responsables salafistes de Jordanie, plus de 250 jihadistes jordaniens sont actuellement en Syrie, et 13 y sont morts.

 

Pas plus tard que mercredi, la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a exhorté l’opposition syrienne à résister aux extrémistes islamistes cherchant selon elle à « détourner la révolution légitime » contre le régime de Bachar el-Assad.

 

Mécanicien de formation, « grand et bien bâti » selon un ami, Mahmoud a été emprisonné pour un mois en 2004 après avoir tenté de passer en Cisjordanie puis pour deux ans en 2005 pour avoir projeté des attaques contre l’armée américaine en Irak. Et en 2009, il a été condamné par contumace à 25 ans de prison pour avoir cherché à s’en prendre à des officiers du renseignement en Jordanie. « Il était en cavale et nous rendait visite clandestinement. Je l’ai vu pour la dernière fois en septembre », raconte sa mère en éclatant en sanglots. « Il m’a dit : “Dieu est avec moi mais s’il te plaît prie pour moi”. Il a embrassé sa femme et ses enfants et il est parti. » Quatre jours plus tard, Mahmoud téléphone à sa mère de Syrie. « Il semblait heureux mais il m’a dit : “Si je n’appelle pas de nouveau, ne t’inquiète pas et continue de prier pour moi”. » Et le 12 octobre, un appel de Syrie a annoncé à la famille que Mahmoud avait péri dans un attentat-suicide contre une position militaire à Deraa. « On m’a dit qu’il avait fait sauter sa ceinture d’explosifs. J’aurais voulu au moins voir ses restes. Je suis contente que Dieu lui ait donné ce qu’il voulait, mais sa mort m’a brisé le cœur », dit sa mère, assurant qu’un millier de personnes avaient participé au « mariage de martyr » de son fils.

Les salafistes jihadistes, une branche rigoriste de l’islam sunnite, considèrent les funérailles comme des noces et s’échangent des félicitations plutôt que des condoléances.


En larmes, Khadija, 26 ans, intervient : « Mahmoud nous préparait tous pour son martyre. Nous nous disputions à propos du jihad et des opérations suicide. Je le suppliais de les éviter », affirme-t-elle. « Il disait toujours : “C’est comme une sensation de piqûre, si tu as la foi, tu ne la sens pas”. » « Mahmoud est tombé en martyr en combattant le régime brutal en Syrie qui a semé la peur et la mort parmi les sunnites. Combattre ce régime nous réjouit et nous rend fiers », assure Abed Shehadeh, le beau-père. Le régime Assad est issu de la minorité alaouite, une branche de l’islam chiite.

Le Jordanien Mahmoud Abdelal avait 33 ans, une épouse et cinq jeunes enfants. En octobre, ce salafiste s’est fait exploser contre une position de l’armée en Syrie, réalisant son rêve de mourir au service du jihad. « Mon fils était très pieux. Il a commencé à réciter le Coran à l’âge de 10 ans. Il a toujours rêvé de mener le jihad », raconte Hind Hassan, 50 ans. « Je...

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