Après Achrafieh, Jeitaoui sera sans voitures dimanche

Suite au franc succès rencontré par la première journée sans voitures qui avait été organisée à Achrafieh, le 2 septembre dernier, le collectif Achrafieh 2020 a voulu réitérer l’initiative. Ce dimanche 4 novembre, de 8h à 18h, les quartiers de Jeitaoui seront réservés uniquement aux piétons. Voitures et motocycles seront interdits. En guise de consolation pour les citadins qui ne se sont pas encore convertis à la marche, des voitures électriques, des vélos et autres segways seront mis à leur disposition.

L’association proposera ainsi une journée sans stress, placée sous le signe de la détente et du partage. Les habitants d’Achrafieh et les Libanais en général profiteront des nombreuses activités culturelles, artistiques, sportives en plein air. «Tout est prévu pour que les personnes de tous âges, de 7 à 77 ans, apprécient cette initiative», explique notre collaboratrice, Nayla Chkaibane, membre de l’association organisatrice de l’événement.
En accord avec la municipalité de Beyrouth, les élus locaux ainsi que les forces de l’ordre, de multiples manifestations sportives et culturelles sont au programme. Une semaine avant le marathon de Beyrouth, les organisateurs de cette journée, placée surtout sous le signe de l’écologie, espèrent donner un nouveau visage à la ville. Un visage plus sain et, surtout, soucieux de l’environnement.

Des activités ludiques
Joggeurs et cyclistes participeront dès 8h30 aux courses et, plus tard dans la matinée, les athlètes seront récompensés par la remise des médailles. Des cours d’initiation à la zumba, au yoga ou encore au hip-hop en plein air, des musiciens, des jongleurs et des artistes animeront la journée. Pour les plus gourmands, des produits du terroir seront proposés, Achrafieh 2020 souhaitant absolument encourager les producteurs et artisans locaux.
L’association nouvellement créée se veut apolitique et vise en priorité à améliorer la qualité de vie des habitants. Écologie et civisme sont les maîtres-mots. Selon Nayla, qui fait partie des douze membres du collectif, «il faut absolument familiariser les gens avec la rue. Les habitants doivent se réapproprier l’espace public.» Le collectif affiche une certaine détermination à long terme et ne manque pas d’ingéniosité pour inculquer aux habitants d’Achrafieh les réflexes écologiques. Achrafieh 2020 envisage déjà d’autres actions ludiques, telles que les concours de balcons fleuris ou les toits verts, ou encore l’éclairage via des panneaux solaires pour donner un visage plus vert au quartier.
Le collectif s’inspire des manifestations qui ont déjà eu lieu dans d’autres métropoles, comme «le car free movement» new-yorkais ou encore la journée mondiale du parking day qui vise à «transformer les places de parking en espaces verts conviviaux», selon les initiateurs de ce mouvement. Copiant l’engouement mondial pour l’écologie, le quartier beyrouthin se mettra lui aussi au vert le temps d’une journée.

En mettant de la couleur et en dynamisant l’espace urbain, les organisateurs espèrent ainsi amener les citadins à une «prise de conscience pour ensuite faire évoluer les mentalités». À long terme, ils souhaitent réaliser des «études sérieuses et surtout proposer des projets intéressants et réalisables pour améliorer la qualité de vie» citadine, déclare Nayla. L’association a obtenu un écho des plus favorables au sein de la population. «Nombreuses sont les personnes qui se disent prêtes à travailler avec notre association», affirme-t-elle. L’engouement de la population pour la première journée sans voitures constitue une véritable source de motivation. «Les gens étaient heureux et en redemandent. Même les plus sceptiques ont été conquis» ajoute Nayla.

En ralliant les citoyens à sa cause, le collectif espère avoir encore plus de poids et une certaine visibilité pour pouvoir envisager d’autres actions. C’est surtout auprès des jeunes que ce projet a trouvé un écho favorable. Les étudiants de l’ALBA seront ainsi mobilisés dimanche pour la journée. Un groupe de jeunes repeindra, entre autres, un immeuble jugé trop gris au goût des jeunes artistes. «Il faut mettre de la couleur», estiment-ils. D’autres jeunes photographes organiseront une exposition de leurs œuvres: «Le Liban vu par les élèves de l’ALBA» au Jardin des jésuites.
Le collectif espère changer les mentalités et compte sur le leadership des jeunes, qui ont «beaucoup de répondant» pour faire évoluer une situation qui devient de plus en plus difficile.

Achrafieh 2020 a tenu plusieurs réunions avant de décider du maintien de cette journée à la suite de l’attentat du 19 octobre. Pour eux, cette journée sera «une réponse à la barbarie». «On condamne fermement le terrorisme, mais on doit continuer à vivre» affirme Nayla.

Pour mémoire

Siffler là-haut, sur la colline d’Achrafieh

Des jardins suspendus à Beyrouth , un projet qui prend forme !