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À La Une - Révolte

En Syrie, une trêve, certes, mais très utopique

Damas donnera son accord final aujourd’hui ; Brahimi appuyé par le Conseil de sécurité ; les violences se poursuivent avec au moins 142 morts hier.

Dans la banlieue nord d’Alep, un petit garçon essaie de retenir un mouton que son père vient d’acheter au marché pour célébrer la fête de l’Adha... Photo Philippe Desmazes/AFP

Le médiateur international Lakhdar Brahimi a annoncé hier avoir obtenu l’accord du régime et de la plupart des chefs rebelles pour une trêve en Syrie pendant l’Adha qui débute demain, mais le scepticisme prévaut quant à sa mise en œuvre.


C’est au Caire que M. Brahimi a annoncé devant des journalistes avoir obtenu cet accord, et lors d’un compte-rendu par vidéoconférence aux ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de sécurité, l’émissaire de la Ligue arabe et de l’ONU a souligné que le cessez-le-feu, s’il était respecté, serait un « petit pas » pouvant mener à l’ouverture d’un dialogue politique et un meilleur accès humanitaire.


Mais après 19 mois d’un conflit ayant fait plus de 35 000 morts selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), la méfiance entre les deux camps est telle que M. Brahimi a déclaré « ne pas pouvoir être sûr que la trêve tiendra ». L’émissaire, qui vient d’effectuer une visite de cinq jours en Syrie, a demandé un « soutien fort et unanime » du Conseil à ses efforts de médiation, avertissant qu’un nouvel échec du Conseil entraînerait « une escalade de la violence et l’extension » du conflit aux pays voisins. Il a notamment fait référence aux récents échanges de tirs d’obus entre la Syrie et la Turquie.

Nuances
Dans une déclaration ensuite adoptée à l’unanimité, les 15 membres du Conseil ont appelé les belligérants à respecter cette trêve et demandé à « tous les acteurs régionaux et internationaux à user de leur influence pour faciliter son application ». Rappelons que le Conseil de sécurité avait échoué jusqu’ici à faire pression sur le régime de Damas, la Russie et la Chine opposant leur veto à toute initiative occidentale en ce sens.
La France a demandé que l’armée syrienne « retourne dans ses casernes » si un cessez-le-feu est établi. « Nous rappelons qu’il revient au régime syrien, engagé dans une répression contre sa population, de faire le premier pas », souligné le Quai d’Orsay. L’Algérie et l’Égypte ont, quant à elles, appelé à une « nouvelle page en Syrie », basée sur un dialogue national pour répondre aux « aspirations justes du peuple syrien », dans un communiqué commun publié à Alger.


Les deux belligérants ont néanmoins nuancé l’annonce d’un accord sur une trêve. L’Armée syrienne libre (ASL) a averti qu’elle ne cesserait les hostilités qu’une fois que les troupes de Bachar el-Assad auront fait taire leurs armes. De son côté, le régime a affirmé que sa « décision finale » sur un cessez-le-feu serait « prise demain ».
« La seule raison pour laquelle le régime pourrait accepter ce cessez-le-feu c’est qu’il donnerait du temps à l’armée pour se reposer et se réorganiser », a estimé Rami Abdel Rahmane, le président de l’OSDH, ajoutant que « sur le terrain, une trêve est pratiquement impossible, notamment parce que des deux côtés il y a des groupes qui n’obéissent à personne ». Le front al-Nosra, un groupe islamiste ayant revendiqué de nombreux attentats contre le régime depuis le début de la révolte, a d’ailleurs rejeté le cessez-le-feu. « Il n’y a pas de trêve entre nous et ce régime qui fait couler le sang des musulmans », a-t-il affirmé dans un communiqué.
Si les combats s’arrêtent durant l’Adha, la fête du sacrifice, il s’agira du premier cessez-le-feu respecté dans le conflit. Le 12 avril, un cessez-le-feu proclamé à l’initiative de Kofi Annan, le prédécesseur de M. Brahimi, et pour lequel les deux belligérants avaient donné leur accord, avait volé en éclats au bout de quelques heures, même si les combats avaient baissé en intensité.

Massacre
Sur le terrain, rien ne témoignait d’une volonté des belligérants de se diriger vers un cessez-le-feu, les violences faisant encore 142 morts dont plus de 60 civils à travers le pays.
Des raids aériens des forces gouvernementales continuaient sur la ville stratégique de Maaret al-Noomane, tenue par les rebelles, et ses alentours, selon l’OSDH. Insurgés et soldats s’affrontent notamment pour le contrôle de Wadi Deif, une importante base militaire.
Dans le nord-est du pays, dans la province de Raqqa, onze soldats ont été tués à des barrages dans des attaques menées par les rebelles, a précisé l’OSDH.
Par ailleurs, 20 corps, dont ceux de quatre enfants et huit femmes, ont été retrouvés dans la localité rebelle de Douma, près de Damas, des militants affirmant que les forces du régime les ont tués à l’aube.
L’agence officielle SANA a accusé de son côté « des groupes terroristes armés » d’avoir perpétré cette « tuerie », évoquant le « massacre de 25 personnes ».
Dans un quartier du sud de Damas, huit personnes ont été tuées et vingt autres blessées dans l’explosion d’une voiture piégée, selon l’OSDH, la télévision officielle évoquant de son côté six morts et accusant encore des « terroristes ».
Un attentat a par ailleurs endommagé un gazoduc dans la province orientale de Hassaka.

Sol-air
Par ailleurs, le chef d’état-major de l’armée russe a appris que « des activistes qui combattent les forces gouvernementales syriennes avaient des lance-missiles portatifs provenant de différents pays, dont des Stinger américains. On ignore encore qui les leur a fournis ». La chaîne de télévision américaine NBC News avait annoncé en juillet que les insurgés de l’Armée syrienne libre avaient obtenu deux douzaines de missiles sol-air portatifs, ce qu’un de ses représentants a démenti.


Le médiateur international Lakhdar Brahimi a annoncé hier avoir obtenu l’accord du régime et de la plupart des chefs rebelles pour une trêve en Syrie pendant l’Adha qui débute demain, mais le scepticisme prévaut quant à sa mise en œuvre.
C’est au Caire que M. Brahimi a annoncé devant des journalistes avoir obtenu cet accord, et lors d’un compte-rendu par...

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