Après près de huit années passées à la tête du syndicat des restaurateurs, Paul Ariss a démissionné verbalement de son poste la semaine dernière.
Un geste qu’il a expliqué par la lassitude, au regard des nombreuses difficultés auxquelles font face les restaurateurs : marasme économique, instabilité sécuritaire, sans compter la bête noire du syndicat, la loi antitabac.
« Nous nous battons sans relâche pour essayer de faire approuver l’amendement relatif à la loi 174 ; tout comme nous nous battons depuis des années pour que les choses bougent au Liban (...) Je refuse d’assumer quelque responsabilité que ce soit si la situation dégénère », a-t-il martelé.
Un coup de poing symbolique, sa démission ayant été refusée par les membres du conseil d’administration du syndicat des restaurateurs, ce qu’a confirmé le secrétaire général, Tony Ramy, qui a précisé que les élections se tiendraient en février.
Une loi décriée par le syndicat
Dans un contexte social, politique, économique et sécuritaire plus que tendu, la loi 174 sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics, entrée en vigueur le 3 septembre, déclenche toujours autant l’ire des propriétaires de restaurants que des autres établissements touristiques, qui dénoncent un manque à gagner dont ils se seraient bien passés en ces temps de quasi-récession.
En effet, l’année 2012 a jusqu’à présent été économiquement désastreuse pour le secteur touristique libanais. À l’instabilité sur les plans local et régional s’est ajouté la semaine dernière un attentat à la voiture piégée à Beyrouth et le spectre, voire la réalité, d’une récession économique en bonne et due forme. Rappelons en outre que le secteur a déjà vu son chiffre d’affaires chuter de 35 % en 2011, pour dégringoler de plus de 60 % en 2012 par rapport à 2010.
Dans ces circonstances particulièrement peu favorables, la loi antitabac a d’ores et déjà provoqué, selon les restaurateurs interrogés, une forte baisse de la fréquentation de leurs établissements – et, par conséquent, une contraction significative de leur chiffre d’affaires, estimée à 25 % par certains, à plus de 50 % selon le secrétaire général du syndicat, Tony Ramy, voire à 80 % pour nombre de cafés, de bars et autres établissements nocturnes.
Les restaurateurs se mobilisent
C’est donc face à cette situation que les restaurateurs continuent de se mobiliser pour que la loi 174 soit réaménagée, afin que certains établissements bénéficient d’une dispense exceptionnelle, tels les bars à chicha ou les boîtes de nuit. Une démarche « sans grands résultats jusqu’à présent », a indiqué M. Ariss lors d’un entretien avec L’Orient-Le Jour. « Nous sommes allés frapper à toutes les portes pour que cette loi soit réaménagée, nous avons consulté divers députés... Mais personne ne veut s’engager en premier, la situation est bloquée », a-t-il déploré. Un statu quo qui a provoqué l’exaspération du syndicat, qui a annoncé qu’une manifestation se tiendrait dans le quartier de Sodeco, en principe après la fête d’al-Adha. Il convient de rappeler que la manifestation était initialement prévue se tenir mardi ; elle a été repoussée à plus tard suite à l’attentat de la place Sassine.
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