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Nos Lecteurs ont la Parole

Moi et les autres

Louis INGEA
Quel ne fut mon plaisir de lire dans le courrier de L’Orient-Le Jour du 12 octobre l’article signé Marc Naaman. Un article finement présenté, plein d’humour noir, que les gens de bonne volonté ont dû sûrement approuver pour peu qu’ils l’aient lu attentivement.
Pour ma part, j’y retrouve tous ces thèmes, dont mes propres propos, développés en ce sens depuis belle lurette et tant de fois rabâchés que je m’en étais complètement désintéressé.
Le hic du Libanais, qui le conduit au slogan «l’autre, ce n’est pas moi», est en fait, à la base, un manque d’éducation et de culture.
On m’aurait promu dictateur dans ce pays que j’aurais institutionnalisé comme Premier ministère celui de l’Éducation. Car pour bâtir une nation, il faut d’abord bâtir une société. Et pour la faire tenir, un seul moyen: structurer la cervelle de ses membres.
Combien de temps et d’espoirs déçus nous faudra-t-il pour y parvenir?
Or, inconsciemment ou pas, nous nous efforçons d’y adhérer. Et ceux qui sont partis au loin, faute de pouvoir supporter notre médiocrité, ceux qui ont même brillé à l’étranger et fait fleurir leurs dons naturels ailleurs reviennent très souvent vers le bercail natal. Ce qui permet de conserver, malgré nos méprisables coutumes, une faculté de protestation qui est le signe évident d’une lucidité encore éveillée. Sans parler de ceux qui n’ont jamais douté et qui sont restés. Ou ceux qui n’ont pas eu le courage ou la possibilité d’émigrer...
Tous ceux-là, quels qu’ils soient, auront réussi, fût-ce au prix d’une tour d’ivoire, à se créer une cellule laborieuse de paix et de productivité, nonobstant l’environnement détestable dont même les plus insouciants souffrent quotidiennement.
Aussi, à l’adresse des sceptiques, des mal-aimés, des déçus, dois-je me faire un devoir de rappeler que le grain de sel est précisément ce qui donne du goût à toute préparation culinaire. La nature, en général, ainsi que la nature des choses restent fort heureusement plus fortes que toutes les déprédations. Un climat éternellement radieux corrige en permanence les agressions subies par notre environnement et les arbres repoussent sur le sol même qui les a vus brûler. Les décharges nauséabondes se transforment un jour ou l’autre, sur un coup de pouce sorti de je ne sais où, en jardin public... à Saïda ou ailleurs. L’Orchestre philharmonique libanais, qui mendiait un local pour s’y manifester, aura trouvé son gîte en l’église des jésuites de la rue Saint-Joseph. Des mélomanes s’y pressent, des artistes s’y produisent, de plus en plus nombreux et talentueux. Pour ceux qui en ont les moyens, on vit mieux, on mange mieux, on construit mieux, on se meuble mieux. Et un jour viendra où le kitsch des façades du passé sera étouffé à son tour. Ne désespérons pas!
Continuons à dénoncer, à faire opposition, à manifester, à répéter encore et encore toutes les réclamations sur les thèmes du manque d’eau, du manque d’électricité, du manque de conscience.
Réclamons encore et encore le vote des émigrés, le réajustement de la loi électorale, la création de minibarrages dans les localités montagneuses, le droit au mariage civil, le respect dû aux femmes, aux homosexuels, à la dignité minimale des plus petits, à l’aide aux plus malheureux.
Des tas d’associations privées s‘y emploient déjà. Des secours en espèces fleurissent un peu partout. Les bonnes volontés font des bulles, surnageant à la surface des eaux glauques de la corruption.
Certes, il y aura toujours des mesquins, des envieux, des incapables, ceux que l’on désigne si inhumainement du nom de «racaille»... Mais pour qu’ils soient éventuellement renfloués, nous n’avons d’autre choix que celui de persister dans un optimisme peut-être béat, mais qui risque d’être payant pour cause d’obstination salutaire.
Et parce que la réalité de ce monde, où la vie est plus forte que la mort, est une réalité d’évolution incontournable qui, grâce aux dons de l’esprit, ne peut que déboucher sur la lumière.
... À charge pour chacun de faire «grandement» la moindre des choses.

Louis INGEA
Quel ne fut mon plaisir de lire dans le courrier de L’Orient-Le Jour du 12 octobre l’article signé Marc Naaman. Un article finement présenté, plein d’humour noir, que les gens de bonne volonté ont dû sûrement approuver pour peu qu’ils l’aient lu attentivement.Pour ma part, j’y retrouve tous ces thèmes, dont mes propres propos, développés en ce sens depuis belle lurette et...
commentaires (1)

Oui, continuons a denoncer, a manifester, a reveiller les consciences et tant qu'il y aura des associations comme "Pour que le Liban Vive", "La Laicite" et "Menassat", tant que des erudits et des hommes d'action Libanais se font entendre pour que notre pays ne sombre pas, ce grain d'espoir restera vivant. Le Liban connait une sectarisation (au niveau des communautes) très forte et un risque de plus en plus probable d'embrasement, la crise économique aidant à mettre en péril la paix sociale. Malgré ce constat négatif, beaucoup d'hommes de bonne volonte sans doute oeuvrent pour essayer de transformer notre modèle communautaire en société civile et ce sont justement ces Libanais qui ne sont pas partis, et qui voient encore notre ciel bleu et nos montagnes vertes, qui y parviendront.

Fady Challita

09 h 57, le 23 octobre 2012

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Commentaires (1)

  • Oui, continuons a denoncer, a manifester, a reveiller les consciences et tant qu'il y aura des associations comme "Pour que le Liban Vive", "La Laicite" et "Menassat", tant que des erudits et des hommes d'action Libanais se font entendre pour que notre pays ne sombre pas, ce grain d'espoir restera vivant. Le Liban connait une sectarisation (au niveau des communautes) très forte et un risque de plus en plus probable d'embrasement, la crise économique aidant à mettre en péril la paix sociale. Malgré ce constat négatif, beaucoup d'hommes de bonne volonte sans doute oeuvrent pour essayer de transformer notre modèle communautaire en société civile et ce sont justement ces Libanais qui ne sont pas partis, et qui voient encore notre ciel bleu et nos montagnes vertes, qui y parviendront.

    Fady Challita

    09 h 57, le 23 octobre 2012

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