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À La Une - Reportage

"La nouvelle révolution du 14 Mars sera destructrice pour les Assad"

Deux rassemblements, place Sassine et place des Martyrs : après la mort de Wissam el-Hassan, "la vie ne peut plus continuer comme avant, la lutte continue".

Lors du rassemblement samedi, place des Martyrs, au centre-ville de Beyrouth, une femme pleure Wissam el-Hassan. REUTERS/Ahmed Jadallah

Au lendemain de l'attentat de la place Sassine qui a fait plus de 80 blessés et coûté la vie à huit personnes, dont le chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), Wissam el-Hassan, deux rassemblements ont eu lieu aujourd'hui à Beyrouth sous un même slogan : "La lutte continue".

 

Place Sassine, en plein cœur de Beyrouth, où a été perpétré l'attentat, un premier rassemblement a eu lieu à l'appel des députés d'Achrafieh. Quelque 200 personnes se sont retrouvées à 18h sur la place, la plupart portant des bougies. Le groupe a entonné des chants patriotiques et hissé le portrait de Wissam el-Hassan à l'entrée de la rue qui mène à l'endroit où une voiture piégée a explosé hier.

 

Des bougies allumées près d'un portrait de Wissam el-Hassan,

lors du rassemblement place Sassine. Photo Nada Merhi.

 

 

Prenant part au rassemblement, le député Michel Pharaon a appelé les habitants de ce bastion chrétien à ouvrir leurs maisons aux sinistrés et il s'est engagé à n’épargner aucun effort pour aider les victimes de l'attentat. M. Pharaon, à l'instar des autres figures de l'opposition libanaise, a également dénoncé le régime syrien, et affirmé qu'"il ne permettra plus qu'il s'en prenne aux innocents".

 

Dès hier, l'opposition libanaise a accusé Damas d'être derrière l'assassinat du général Hassan, âgé de 47 ans.

Celui-ci a joué un rôle de premier plan dans les enquêtes sur les nombreux attentats qui ont secoué le Liban ces dernières années et dans lesquels Damas a été à chaque fois pointé du doigt. Son service est également à l'origine de l'arrestation, en août dernier, de l'ancien ministre libanais Michel Samaha, accusé avec des responsables syriens d'avoir préparé des attentats visant à y créer des tensions confessionnelles au Liban.

 

Dans la foule, ce soir place Sassine, le sentiment général pourrait se résumer dans la formule "Assez !".

"Il faut que le peuple se mobilise et prenne les rênes du pays. On ne peut plus compter sur les dirigeants ni sur l'unité", déplore Carla, une jeune femme âgée d'une quarantaine d'années. Pour elle, "il y a un courant qui favorise la culture de la mort, de l'obscurantisme et de la violence et un autre courant qui veut la vie, l’État de droit et la dignité." "On ne peut plus réunir les deux dans la justice et avec la force des armes du Hezbollah", assure-t-elle à L'Orient-Le Jour.

 

"Je viens rendre hommage aux victimes. Il est du devoir de chaque habitant d'Achrafieh de le faire", assure de son côté Alain, un trentenaire. Selon lui, "la vie ne peut plus continuer comme avant, la lutte continue".

 

Un premier rassemblement avait été improvisé ce matin et s'était transformé en marche vers le quartier général des FSI. Dans l'enceinte du bâtiment, les manifestants avaient, l'un après l'autre, déposé une rose blanche devant le monument aux martyrs. L'émotion était palpable. Deux agents n'ont pu retenir leurs larmes.

 

"Nous sommes là, nous sommes avec vous, nous ne vous lâcherons pas", a déclaré, à l'intérieur du bâtiment, Youmna Gemayel, fille de Béchir Gemayel assassiné en 1982 lors d'un attentat sur cette même place Sassine.

 

"Le coup est très dur, c’est une grosse perte pour les Forces de sécurité intérieure, mais nous continuerons. Achrafieh restera la forteresse de la résistance", lui a répondu Achraf Rifi, directeur général des FSI.

 

 

 

"Le divorce jusqu'à la justice", peut-on lire sur ces pancartes

brandies par des femmes participant au rassemblement place des Martyrs.

ANWAR AMRO/AFP

 

 

"Nous sommes là pour défendre notre pays et la mémoire de Wissam el-Hassan. Nous sommes très éprouvés par l'attentat perpétré hier. Mais nous sommes déterminés. Nous avons chassé les Syriens en 2005, nous allons de nouveau les chasser aujourd'hui. Chasser leurs services de renseignement et leurs alliés", disait ce matin Noha Karam, une habitante d'Achrafieh âgée d'une soixantaine d'années.

 

(Lire aussi : Mikati établit un lien entre l'affaire Samaha et l'attentat contre Hassan)

 

"Je suis contre le terrorisme, les meurtriers, le régime syrien, ses instruments et ses serviteurs. Nous devons faire un sit-in ouvert et pacifique, et ce jusqu'à ce que la menace que fait planer le régime de Bachar el-Assad sur le Liban cesse", affirmait, de son côté, Tony, un Libanais de la diaspora, âgé d'une cinquantaine d'années. Non loin de lui, Nada, la quarantaine, résumait sa pensée d'un lapidaire "Ça suffit!".

 

L'attentat à Beyrouth, qui a fait des destructions énormes avec des carcasses de voitures calcinées et des immeubles effondrés, a ravivé les années noires de la guerre civile (1975-1990) et les récents attentats. "Ça me ramène 30 ans en arrière, à l'époque des voitures piégées", avait affirmé vendredi un médecin à l'hôpital Hôtel-Dieu.

 

"Nous sommes ici par solidarité avec les victimes de l'attentat", déclarait ce matin à L'Orient-Le Jour Joanna, 24 ans. "Nous sommes là pour dénoncer les politiciens qui sont la cause de nos malheurs. A cause d'eux, nous quittons ce pays. Nous ne voulons pas d'eux", a poursuivi la jeune fille.

 

Réunies hier en urgence à la Maison du Centre, les forces du 14 Mars ont fait assumer au Premier ministre Nagib Mikati "personnellement" la responsabilité de l’assassinat du général Wissam el-Hassan, l’appelant à démissionner sans tarder.

 

 

Place des Martyrs

Ce soir, les manifestants à Achrafieh ont été rejoints par les participants à un deuxième rassemblement qui a eu lieu à 17h, place des Martyrs, à l'appel du rassemblement des jeunes du 14 Mars (opposition libanaise).

Au centre-ville de Beyrouth, quelques 2.000 personnes ont répondu à l'appel. Composé principalement de partisans des Forces libanaises, des Kataëb et du courant du Futur, le groupe a tenté de se diriger vers le Grand Sérail mais en a été empêché par les forces de sécurité.

 

Une femme porte l'évangile lors du rassemblement à la place des Martyrs.

Jamal Saidi/Reuters

 

Prenant part au rassemblement, l'ancien ministre Marwan Hamadé a déclaré que la nouvelle révolution du 14 Mars sera "destructrice pour les Assad". "Cette fois, nous ne commettrons pas les mêmes erreurs et nous poursuivrons notre chemin jusqu'à la chute du régime syrien".

 

Le député du courant du Futur, Ahmad Fatfat, a lui aussi accusé le président syrien Bachar el-Assad de "vouloir, par les assassinats, revenir au Liban". Le député a par ailleurs appelé les Libanais à participer aux funérailles, demain, du général Wissam el-Hassan.

 

Pour son collègue Nohad Machnouk, "le but (du rassemblement) est de montrer qu'on peut se défendre contre le Hezbollah et la Syrie". "Ce gouvernement doit partir car il protège le régime syrien", assure-t-il à L'Orient-Le Jour.

 

Pour Neemat, une partisane des FL, "il est temps que la Syrie sorte réellement du Liban. "L'ambassadeur Ali devrait être expulsé du pays, même si la force doit être utilisée pour cela", dit-elle à L'Orient-Le Jour. "Il est même temps d'expulser les Iraniens", poursuit-elle.

 

"Nous sommes descendus dans la rue pour que les politiciens nous rejoignent", assure pour sa part Maha, partisane du courant du Futur. Pour elle, "il ne faut pas, au nom de la paix civile, avoir peur de dire la vérité".

 

A une centaine de mètres du groupe, un autre rassemblement s'est tenu à l'appel du Courant patriotique libre de Michel Aoun (majorité au pouvoir), devant les bureaux du parti. Les quelques 50 personnes ont prié à la mémoire des victimes. Les deux groupes étaient séparés par des jeeps de l'armée libanaise.

Au lendemain de l'attentat de la place Sassine qui a fait plus de 80 blessés et coûté la vie à huit personnes, dont le chef des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), Wissam el-Hassan, deux rassemblements ont eu lieu aujourd'hui à Beyrouth sous un même slogan : "La lutte continue".
 
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