Les marques de la violence sur le dos d'un ouvrier syrien après un raid de l'armée libanaise. Photo tirée du compte Twitter de Nadim Houry.
La justice libanaise doit enquêter et sanctionner les militaires et membres des services de renseignements qui auraient frappé et commis de sérieux abus contre des travailleurs syriens, égyptiens et soudanais à Beyrouth, a affirmé mercredi l'ONG Human Rights Watch (HRW).
"Selon les victimes et d'autres témoins, 45 travailleurs immigrés syriens, 20 Egyptiens et sept Soudanais ont été frappés dimanche (7 octobre) avant même d'être interrogés", assure dans un communiqué l'organisation des droits de l'Homme.
"D'après les témoignages, des hommes en uniforme de l'armée libanaise ont fait irruption dans les chambres que les travailleurs occupent à Geitawi (quartier de l'est de Beyrouth), leur ont donné des coups de pied et les ont frappés avant de les interroger", affirme cette organisation basée à New York.
"Les soldats et des personnes vêtus d'un T-shirt sur lequel était écrit +renseignements militaires+ n'ont pas interrogé (les personnes battues) sur un incident ou un délit en particulier mais leur ont reproché de harceler des femmes" à Geitawi, note le communiqué.
L'armée libanaise a pour sa part accusé les migrants d'avoir résisté avec "violence" lors de l'opération, tout exprimant dans un communiqué mercredi des regrets concernant tout incident de sécurité affectant "des travailleurs innocents".
"L'armée refuse de voir son nom terni sous prétexte de protection des droits des travailleurs étrangers", écrit l'institution dans un communiqué mis en ligne sur son site web. Elle a souligné avoir lancé l'opération après que plusieurs habitants se sont plaints de harcèlement et vols, désignant "des travailleurs de différentes nationalités".
Nadim Houry, adjoint du directeur de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord a précisé à l'AFP que les assaillants "s'étaient conduits comme un gang voulant défendre l'honneur de femmes (du quartier) en attaquant des immigrés pris comme boucs émissaires".
Toutes les personnes interrogées par HRW possédaient des papiers en règle, note cette organisation.
"En agissant de manière cruelle, avec des motifs qui pourraient être xénophobes, ces soldats se sont conduits comme des malfaiteurs plutôt que comme des membres d'une institution nationale", a estimé M. Houry.
"L'armée libanaise n'est pas au-dessus des lois et la justice doit immédiatement ouvrir une enquête sur cette attaque et inculper les auteurs", a souligné M. Houry.
Selon le HRW, deux mineurs se trouvent parmi les victimes présumées.
Des habitants de Geitawi ont signalé à HRW avoir essayé d'intervenir mais les soldats leur ont "intimé l'ordre de rentrer chez eux".
"Selon les victimes et d'autres témoins, 45 travailleurs immigrés syriens, 20 Egyptiens et sept Soudanais ont été...
Mais qu'est-ce qui se passe ? Le virus de la violence en Syrie est-il en train de contaminer le Liban ? Est-il nécessaire que des militaires agissent de la sorte ?
14 h 10, le 10 octobre 2012