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Culture - Exposition

L’être et le paraître selon Kaïs Salman

Ayyam Gallery présente, jusqu’au 30 octobre, « l’Être intime » de l’artiste syrien Kaïs Salman. Une série de toiles à l’encre qui invitent le regard à une introspection sans cesse renouvelée.

« Mirrors », mixed-média au message social et humain.

Presque entièrement monochromes, ponctuées parfois de quelques couleurs, «une sorte d’illumination», dit l’artiste, les femmes dépeintes par Salman ont de grands visages ovales fuselés, à l’arête du nez prononcée, aux yeux en amande saillants et aux lèvres charnues, qui reposent sur des corps de taille plus réduite. Leur regard est fixe et leurs extrémités supérieures manquantes. Elles évoquent ces nombreuses Vénus (environ 250) datant du paléolithique, au corps tronqué, sculptées dans l’ivoire, l’os ou encore la pierre, qui constituent les premières représentations de la femme. Elles sont également, par leurs seins lourds, symbole de fertilité. «La femme est pour moi la mère, ajoute-t-il, signe de toute renaissance. Elle porte sur ses épaules les problèmes du monde et véhicule des références à la religion, à la violence, à leur propre image. Je ne critique par la femme elle-même, mais comment sa représentation a été déformée par les sociétés. Elle n’est pas une vitrine, ni un objet, mais porteuse de valeurs.» Ces personnages féminins ne sont pas à proprement dit beaux. Ni nymphes, ni odalisques, ni même femmes «rubensiennes», l’essentiel réside au-delà.

À contre-courant
Né à Tartous, en Syrie, en 1976, Kaïs Salman, licencié de la faculté des Beaux-Arts de Damas, a participé à plusieurs expositions collectives en Syrie avant d’obtenir le premier prix à la 4e Exposition annuelle des jeunes artistes et à l’exposition inaugurale du Musée d’art moderne de Damas.
Considéré comme un des talents émergents de la scène artistique arabe, il a participé récemment à des événements tels que le «Soulèvement des Shabab» et «Damascus Calling», une exposition qui a eu lieu à Park Avenue Armory à New York, en 2008. En 2010, le profil de l’artiste paraît dans l’édition de la version européenne du Wall Street Journal le présentant comme une personnalité à suivre de la scène artistique contemporaine du Moyen-Orient.
Son travail s’articule sur cette recherche constante de ce que la peinture peut véhiculer comme messages sociaux et humains. «À l’heure où la parole échoue, l’art peut être plus éloquent», précise Salman. Et pour reprendre La Rochefoucauld: «La véritable éloquence consiste à dire tout ce qu’il faut et à ne dire que ce qu’il faut.» Encadrant ainsi ses toiles grand format à l’encre («car l’encre raconte des histoires, il est volubile et dense»), d’autres larges canevas composites, faits de petits dessins à la manière des caricatures, sont un portrait de sociétés malades ou infectées.
«La notion du “beau” ne se retrouve pas nécessairement dans la beauté esthétique d’un travail artistique et plus précisément en matière de peinture», pense Kaïs Salman. L’histoire de l’art a réussi à le démontrer au fil des années. Ainsi, la laideur a pu être reproduite de différentes manières et emprunter divers visages. De «La Méduse» sur les vases antiques grecs aux femmes de Willem de Kooning, en passant par Le Jardin des délices de Jérôme Bosh, l’art a réussi à sublimer la laideur.
Pour Kaïs Salman, si l’art se nourrit de technologies modernes, la peinture demeure, elle, la plus authentique, la plus sincère. D’ailleurs dans ses portraits, il semble que le peintre se loge dans un détail ou même au coin de la toile. «Je suis toujours quelque part dans le tableau, dans l’espace que j’utilise, dit Willem de Kooning. Je suis toujours présent, on pourrait dire que j’y circule.» Il semblerait que ceci s’applique également à Kaïs Salman.
Presque entièrement monochromes, ponctuées parfois de quelques couleurs, «une sorte d’illumination», dit l’artiste, les femmes dépeintes par Salman ont de grands visages ovales fuselés, à l’arête du nez prononcée, aux yeux en amande saillants et aux lèvres charnues, qui reposent sur des corps de taille plus réduite. Leur regard est fixe et leurs extrémités...

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