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Moyen Orient et Monde - reportage

Faire de la contrebande d’essence pour survivre en Syrie

L’une des innombrables stations-service fermées. Miguel Medina/AFP

En bord de route, Hicham va d’une voiture à l’autre, armé d’un entonnoir et d’un bout de tuyau : dans le Nord syrien aux mains des rebelles, le régime a interdit la vente d’hydrocarbures, et l’essence de contrebande se vend désormais en bouteille ou en bidon. Penché au-dessus du réservoir d’un minibus, il verse le contenu d’une carafe en fer dans son entonnoir recouvert d’un tissu qui sert de filtre rudimentaire, tandis qu’un jeune garçon le seconde, tenant le tuyau ou amenant une nouvelle carafe. « J’achète tous les jours mon essence ici, car je sais que ce n’est pas de l’essence mélangée » qui pourrait endommager mon véhicule, explique le chauffeur, Hassan.


Vendu 45 livres syriennes avant le début de la révolte, le litre d’essence est passé à 60 livres (environ 0,85 centime de dollar) dans les régions encore sous le contrôle du régime où les contrebandiers vont se fournir. Dans la province d’Alep, où les rares stations-service qui n’ont pas été détruites ou brûlées lors des combats et des bombardements sont hors service, le prix du litre atteint 100 livres. C’est cher, mais Khaled, 31 ans, ne peut pas se passer de sa voiture. Il a étudié le droit islamique en Égypte, mais de retour en Syrie où la révolte a fait bondir le taux de chômage, il s’est improvisé vendeur ambulant de légumes. Il vient donc chaque jour remplir son réservoir chez Hicham, 32 ans, qui s’est installé le premier dans un virage et a depuis été rejoint par deux autres vendeurs.


Au milieu de ses barils, qu’il achète à des contrebandiers venus principalement de la région de Raqqa, Hicham fume cigarette sur cigarette, jetant nonchalamment ses mégots à côté des bidons. Lui aussi a changé de travail avec la révolution. Mais cela lui a plutôt réussi : installé sur la route reliant la frontière turque à Alep, la métropole commerçante du Nord, il affirme vendre quotidiennement 4 000 litres d’essence et voir défiler chaque jour une soixantaine de clients.


Plus modestement, d’autres vendent leur essence à la bouteille. Dans certains quartiers d’Alep, des enfants tiennent de petits stands distants entre eux d’à peine quelques mètres.
Un autre vendeur à Azaz, proche de la frontière turque, affirme acheter son essence à 60 livres le litre pour la revendre ensuite à 100 livres. Il a installé un baril sur une petite carriole et dit vendre ses quelque 160 litres en 48 heures. « Cela me suffit pour nourrir mes dix enfants », affirme l’homme d’une cinquantaine d’années qui préfère ne pas donner son nom.

En bord de route, Hicham va d’une voiture à l’autre, armé d’un entonnoir et d’un bout de tuyau : dans le Nord syrien aux mains des rebelles, le régime a interdit la vente d’hydrocarbures, et l’essence de contrebande se vend désormais en bouteille ou en bidon. Penché au-dessus du réservoir d’un minibus, il verse le contenu d’une carafe en fer dans son entonnoir...

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