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À La Une - Révolte

Les rebelles syriens frappent au cœur du pouvoir

L’attaque du QG de l’état-major revendiquée par un groupe jihadiste ; au moins 258 morts ;el-Arabi veut le recours au chapitre VII.

Des soldats loyalistes observant le cratère près du QG de l’état-major de l’armée. Louai Beshara/AFP

Un double attentat a frappé hier le siège de l’état-major de l’armée au cœur de Damas, suivi de combats intenses entre rebelles et soldats, qui ont porté un nouveau coup à l’appareil sécuritaire du régime. Selon les autorités, deux kamikazes ont lancé, à dix minutes d’intervalle, leurs voitures piégées aux abords et à l’intérieur du QG de l’état-major, à quelques mètres de la place fortifiée des Omeyyades dans une zone abritant de nombreux bâtiments gouvernementaux et de la Sécurité. L’armée a affirmé que « tous les commandants et les officiers militaires » étaient « sains et saufs » et une autre source a fait état de quatre morts parmi les gardes du QG et de 14 civils et militaires blessés.
Dans un communiqué diffusé sur Internet, la branche damascène de « Tajamoo’ Ansar el-islam » (Rassemblement des partisans de l’islam) a revendiqué l’attentat en menaçant « le régime criminel de mener davantage d’opérations qui feront tomber ses piliers ». Selon le groupe, un kamikaze a fait exploser sa voiture à l’entrée principale du bâtiment, et des bombes placées au troisième étage « en coordination avec des militaires honorables » ont été actionnées.
Alors qu’ils couvraient ces attaques, une journaliste syrienne, Maya Nasser, travaillant pour la télévision iranienne Press TV, a été tuée par un tireur embusqué, tandis que le Libanais Hussein Mortada, chef du bureau de Press TV à Damas et d’une autre TV iranienne, a été blessé par balle.

Complicité
Les routes menant au centre-ville ont été coupées. Les vitres du QG étaient brisées et une partie du mur d’enceinte a été détruite. Un cratère de deux mètres de profondeur était visible à l’extérieur du QG.
Ahmad el-Khatib, un porte-parole de l’Armée syrienne libre (ASL), a affirmé qu’au moins trois autres brigades rebelles avaient participé à l’opération. Notons que les liens entre l’ASL et le groupe islamiste ne sont pas clairs. M. Khatib et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) ont confirmé une « complicité » de militaires à l’intérieur du bâtiment.
Après la double attaque, de violents combats ont éclaté dans le QG, a déclaré Rami Abdel Rahmane, président de l’OSDH. Malgré ce coup très dur, M. Assad n’a pas lâché prise et a poursuivi sa guerre contre les rebelles, qualifiés de « terroristes » et avec lesquels il veut en finir à « n’importe quel prix ». D’ailleurs au moins 258 personnes sont mortes à travers le pays, a rapporté en fin de soirée la chaîne satellitaire al-Arabiya.
Toujours à Damas, au moins 16 personnes, dont six femmes et trois enfants, ont été exécutées chez elles par des chabbiha dans le quartier sunnite de Barzé. Ailleurs dans le pays, les bombardements de bastions rebelles ont fait plusieurs morts dans la ville de Deir ez-Zor et dans la province de Damas, dont des membres de la même famille. À Alep, survolée par des hélicoptères et des avions, les combats se sont poursuivis entre rebelles et soldats. Sur le front de Arqoub, l’armée tirait à l’artillerie et les rebelles répliquaient à l’arme légère. Les rebelles, auxquels les munitions sont distribuées au compte-gouttes, disent ne plus avancer à Alep faute de munitions.
Par ailleurs, une roquette tirée durant les combats a explosé sans faire de victimes sur le plateau du Golan, a annoncé l’armée israélienne.

Minimiser
Parallèlement, un général rebelle a minimisé le poids des jihadistes étrangers au sein de l’insurrection, montrés du doigt par le régime qui parle de milliers de combattants non syriens dans le pays. « Ces islamistes ne sont pas nombreux, ils sont moins d’un millier dans toute la Syrie », a ainsi affirmé le général Ahmad al-Fajj, 64 ans, près de la frontière turque dans le village d’Atmé. Pour lui, ces combattants en majorité islamistes « n’ont aucun pouvoir ». « Si les pays occidentaux nous avaient soutenus depuis le début, ils ne seraient même pas là. Nous n’aurions pas eu besoin d’eux. Et je vous assure qu’après la victoire, ils ne poseront aucun problème, ou nous nous occuperons d’eux. »
Toujours aux alentours du village de Atmé, ils sont des milliers à attendre, dans des écoles ou des abris de fortune, que la Turquie leur ouvre la porte et les transfère dans l’un de ses camps de réfugiés. Oubliés de toutes les organisations humanitaires, ils subsistent grâce à la générosité de familles syriennes et à la mobilisation de bénévoles venus de tous les coins du pays.
Du côté jordanien, les autorités ont annoncé la construction d’un complexe scolaire pour 4 000 enfants dans l’immense camp de réfugiés de Zaatari, où les cours doivent débuter fin octobre.

Tunisie vs Égypte, et chapitre VII
Sur le plan diplomatique, les discours se sont encore succédé hier à la tribune de l’Assemblée générale des Nations unies. Après le Qatar qui a appelé à une intervention militaire arabe pour faire cesser le « bain de sang » ayant fait plus de 30 000 morts, la Tunisie s’est dit favorable à une « force arabe de maintien de la paix » dans ce pays. Le président tunisien Moncef Marzouki a ainsi déclaré : « On va vraiment pousser tout ce qui est de l’ordre de la solution pacifique, mais s’il le faut, il y aurait une force d’intervention », qualifiant M. Assad de « dictateur sanguinaire » et de « véritable Néron capable de détruire l’ensemble du pays pour rester au pouvoir ».
Le président égyptien Mohammad Morsi a répété de son côté que son pays était hostile à toute intervention militaire étrangère. « L’Égypte s’engage à poursuivre ses efforts sincères pour mettre un terme à la catastrophe en Syrie dans un cadre arabe, régional et international », a-t-il néanmoins déclaré, ajoutant : « Un cadre qui garantit l’unité de cet État frère, qui associe toutes les factions du peuple syrien sans discrimination de race, de religion ou de communauté et qui épargne à la Syrie les dangers d’une intervention militaire étrangère à laquelle nous sommes hostiles. »
Le Premier ministre britannique David Cameron a estimé, quant à lui, que le sang des enfants tués en Syrie ternissait la réputation des Nations unies. Et en particulier, a-t-il ajouté, « sur ceux qui ne se sont pas opposés à ces atrocités et qui dans certains cas se sont rendus complices du règne de terreur du président Assad ».
Parallèlement se tenait une réunion du Conseil de sécurité consacrée notamment à la crise syrienne. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi, s’y est exprimé, préconisant le recours au chapitre VII pour appliquer les décisions du Conseil de sécurité sur la Syrie. Il a en outre appelé les quinze à appuyer la mission de Lakhdar Brahimi, « sinon il échouera ». M. el-Arabi a également relevé que le caractère confessionnel de la crise laisse présager d’une catastrophe régionale.


(Sources : agences et rédaction)

 

 

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