Les protestations se propagent dans le monde musulman

Des manifestations antiaméricaines liées au film injurieux à l’égard du prophète Mohammad ont gagné hier de nouveaux pays, alors que les violences ont fait deux morts au Pakistan. En effet, une personne a été tuée et deux autres ont été blessées lors d’un échange de tirs entre la police et des manifestants à Warai, au nord-ouest du Pakistan, a indiqué Mohammad Irshad, un haut responsable local. Les autorités hospitalières ont aussi confirmé le décès hier d’un manifestant blessé par balle la veille lors de manifestations près du consulat américain à Karachi, la capitale économique pakistanaise.

La police a renforcé la sécurité à proximité du consulat américain de cette ville de près de 18 millions d’habitants, théâtre de nouveaux heurts hier entre policiers et manifestants gonflés à bloc par la diffusion d’un film à petit budget, réalisé aux États-Unis, Innocence of Muslims (L’Innocence des musulmans). Des marches antiaméricaines ont aussi eu lieu à Peshawar et Quetta, selon des journalistes de l’AFP sur place. Parallèlement, le gouvernement a bloqué l’accès au site YouTube sur lequel sont diffusés des extraits du film.

L’Afghanistan, en proie à l’insurrection talibane, et l’Indonésie, pays musulman le plus peuplé de la planète, ont eux connu hier leurs premières violences depuis le début de « l’affaire du film anti-islam ». À Kaboul, des hommes armés se trouvant parmi les manifestants ont ouvert le feu pendant une manifestation. La police a décidé de ne pas riposter pour ne pas exciter davantage les protestataires, a assuré le chef de la police Mohammad Ayoub Salangi, sur qui on a tiré « trois fois ».

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La mobilisation a mis du temps à se radicaliser en Afghanistan, où les multiples appels au calme des autorités politiques et religieuses ont vraisemblablement permis de stabiliser une situation potentiellement explosive.
En Indonésie, nation qui par sa population est le plus grand pays musulman du monde, les manifestants, dont de nombreux sympathisants de groupes extrémistes, ont lancé des cocktails Molotov et hurlé des slogans antiaméricains, alors que la police répondait avec des canons à eau et des tirs de sommation pour disperser quelque 700 personnes rassemblées devant l’ambassade des États-Unis à Djakarta.

Sanaa, la capitale du Yémen, a connu de nouvelles marches, cette fois-ci pacifiques. « Dégage, esclave du diable », ont crié des centaines d’étudiants à l’intention de l’ambassadeur américain. « Couards américains, le Prophète ne peut pas être insulté », ont scandé d’autres.

De même, des centaines de Palestiniens ont manifesté hier à Ramallah contre le film, selon un correspondant de l’AFP, tandis que le gouvernement iranien se déclarait prêt à traquer les créateurs de la vidéo.
En Tunisie, une centaine de ressortissants américains ont été évacués de Tunis après l’attaque vendredi de l’ambassade des États-Unis par des manifestants, a-t-on appris hier de sources diplomatique et sécuritaire.
Dix-neuf personnes, dont l’ambassadeur des États-Unis en Libye, sont mortes au total dans le monde dans les violences liées à ce film amateur tourné il y a plus d’un an aux États-Unis, et dont un extrait de 14 minutes a été mis en ligne. Google, propriétaire du site de visionnage de vidéos YouTube, a de son côté commencé à interdire l’accès à Innocence of muslims en Malaisie, après que l’autorité de régulation d’Internet eut déposé une plainte au sujet de ce long-métrage à petit budget, caricatural et de très faible intérêt.

Enfin, Tony Blair l’a qualifié hier de « risible », ajoutant que la flambée de violences qu’il a suscitée lui semblait « très dangereuse et inappropriée ».

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