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À La Une - Révolte

« La crise syrienne est une menace pour le monde »

Lakhdar Brahimi s’est entretenu avec Bachar el-Assad ;
141 morts au moins hier.

Les lieux de culte n’échappent pas à la destruction et sont de plus en plus utilisés comme points stratégiques par l’armée et les rebelles. Aris Messinis/AFP

En visite à Damas, le médiateur international Lakhdar Brahimi a prévenu que le conflit en Syrie est une « menace pour le monde », après un entretien hier avec le président Bachar el-Assad.


Au cours de cet entretien, le n°1 syrien a appelé, selon la télévision publique, à un dialogue interne. « Le véritable problème en Syrie c’est de combiner l’aspect politique et le travail sur le terrain. Le travail sur l’aspect politique se poursuit, notamment par un appel à un dialogue centré sur les aspirations du peuple syrien. Le succès de l’action politique dépend des pressions sur les pays qui financent, entraînent les terroristes et font entrer des armes en Syrie afin qu’ils cessent de le faire », a affirmé M. Assad, dans une allusion aux insurgés. Il a également assuré que son pays « coopérera avec tous les efforts sincères pour résoudre la crise, tant que ces efforts sont neutres et indépendants ».


Le médiateur Brahimi, qui avait jugé lundi sa mission « très difficile », a lui carrément tiré la sonnette d’alarme : « La crise est dangereuse, elle s’aggrave et elle représente une menace pour le peuple syrien, pour la région et pour le monde. Je le répète : en même temps, je n’ai pas de plan. Cependant nous allons en élaborer un, après avoir entendu toutes les parties intérieures, régionales et internationales, en espérant qu’un tel plan permettra (...) de parvenir à la fin de la crise », a-t-il ajouté. « Nous allons faire de notre mieux pour aller de l’avant et déployer tous nos efforts et nos possibilités pour aider le peuple syrien », a encore dit le nouveau médiateur aux journalistes dans un hôtel de Damas, après son entretien avec le chef d’État syrien. « Nous allons être en contact avec les pays qui ont des intérêts et une influence sur le dossier syrien », a assuré M. Brahimi, précisant qu’il s’entretiendrait notamment avec les membres du comité quadripartite, ce « groupe de contact » sur la Syrie qui réunit l’Égypte, l’Iran, l’Arabie saoudite et la Turquie.

 « En toute indépendance »...
Selon la télévision syrienne, l’émissaire international a assuré « qu’il allait travailler en toute indépendance en se basant sur le plan Annan et la déclaration de Genève. Tout autre point sera ajouté en accord avec toutes les parties ». La déclaration de Genève fixe des principes pour la transition en Syrie, mais sans appeler au départ du président. Arrivé jeudi à Damas, M. Brahimi a eu notamment des contacts vendredi avec des membres du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND, opposition de l’intérieur). « Le plan (de paix) Annan sera amélioré. Il y aura des idées et des mesures nouvelles car la crise en Syrie ne trouvera de solution que par un compromis arabe, régional et international », a affirmé à la presse Hassan Abdel Azim, porte-parole du CCCND, qui regroupe des partis nationalistes arabes, kurdes, socialistes et marxistes. Kofi Annan n’est jamais parvenu à obtenir l’application de sa demande de cessez-le-feu théoriquement accepté par les deux parties et qui devait s’accompagner d’un dialogue politique.

Lieux de culte
Sur le terrain, les violences se sont multipliées dans plusieurs régions du pays, notamment dans les deux principales villes de Syrie, Damas et Alep, faisant au moins 141 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). À Alep hier, l’armée faisait face aux rebelles postés aux accès du quartier de Boustan el-Bacha qu’ils contrôlent alors que des hélicoptères attaquaient les quartiers de Hanano et de Sakhour, bastions rebelles. Et après une semaine de combats pour le contrôle du quartier stratégique aleppin de Midane, l’armée en a repris la majeure partie, érigeant des points de contrôle pour la première fois, selon un correspondant de l’AFP.


À 35 km au nord-est d’Alep, au moins douze civils ont été tués et une soixantaine blessés, dans des raids aériens sur la ville d’al-Bab, tenue par les rebelles, ont indiqué des sources hospitalières.


À Damas, un enfant et cinq rebelles ont été tués dans le quartier de Hajar el-Aswad, où les forces du régime étaient déployées en force, a indiqué l’OSDH, faisant état aussi d’affrontements dans la banlieue de la capitale.
Les violences ont également touché les provinces de Deraa, de Homs, d’Idleb et de Deir ez-Zor.


Par ailleurs, il semblerait que les accrochages et les bombardements dans et autour des édifices religieux soient de plus en plus fréquents. C’est une nouveauté après 18 mois de conflits, et ces bâtiments sont devenus des points stratégiques, faisant perdre aux édifices religieux de tous bords leur caractère sacré. Jeudi, par exemple, les rebelles ont tiré des roquettes antichars sur le mur d’enceinte d’une église arménienne-orthodoxe pour tenter d’avancer vers Midane, tandis que vendredi les combats ont éclaté à proximité quand l’armée loyaliste s’est emparée de la mosquée Ansar. La cour de l’église Saint-Grégoire s’est également transformée en champ de bataille lorsque les rebelles, venus de leur place forte, la rue Souleimane el-Halabi, ont affronté l’armée qui se trouvait de l’autre côté. Selon le porte-parole du prélat arménien-orthodoxe d’Alep, ni l’armée ni les rebelles n’attaquent sciemment les églises ou les mosquées. « Ce n’est pas dans la mentalité des Syriens. Quel que soit leur bord, les Syriens respectent toujours les lieux religieux, qu’il s’agisse de mosquées ou d’églises », insiste-t-il. Selon ce dignitaire, qui refuse de donner son nom, les bâtiments ont été simplement victimes des combats, qui durent à Alep depuis le 20 juillet.


Tout cela sans oublier les écoles : alors que l’année scolaire débute aujourd’hui, deux mille d’entre elles ont été détruites ou endommagées depuis le début du conflit et des centaines d’autres sont utilisées comme abris, selon l’Unicef.

Un Assad fait défection
Dans ce contexte, Youssef el-Assad, un pilote militaire apparenté au président syrien, a annoncé hier sa défection des rangs de l’armée loyaliste.


Enfin, sur le plan humanitaire, l’actrice américaine Angelina Jolie s’est entretenue hier à Bagdad des conditions d’accueil des réfugiés syriens avec le ministre irakien des Affaires étrangères Hoshyar Zebari et doit se rendre à leur rencontre aujourd’hui dans le nord du pays, a annoncé la diplomatie irakienne dans un communiqué. De même source, M. Zebari a exposé à l’actrice les actions du gouvernement irakien en leur faveur et noté que l’Irak accueille à l’heure actuelle plus de 21 000 Syriens qui ont fui le conflit en cours dans leur pays. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de réfugiés syriens dans les pays limitrophes de la Syrie a dépassé le cap des 250 000.

 

Reportage

Ibrahim, Syrien, seul dans la guerre...

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