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Dernières Infos - Tensions

Emeutes en Nouvelle-Calédonie : deux morts et une situation "insurrectionnelle"

Des habitants masqués des quartiers sud de la capitale, installent des barrages pour bloquer l'accès et canaliser les indépendantistes à l'entrée de Tuband, dans le quartier de Motor Pool à Nouméa, le 15 mai 2024, lors de manifestations liées à un débat sur un projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les prochaines élections du territoire français d'outre-mer de la Nouvelle-Calédonie. AFP / DELPHINE MAYEUR

Situation « insurrectionnelle » en Nouvelle-Calédonie: deux personnes ont été tuées dans la nuit de mardi à mercredi et des centaines d'autres blessées dans l'archipel français du Pacifique Sud, théâtre d'émeutes provoquées par un projet de réforme constitutionnelle voté par les députés mais rejeté par les indépendantistes.

Le président Emmanuel Macron, qui a dénoncé des violences « indignes et inacceptables », a annulé un déplacement mercredi matin et convoqué en urgence son Conseil de défense et de sécurité nationale, qui rassemble un nombre restreint de ministres, pour coordonner la réponse à la crise.

La première victime de ces émeutes, les plus graves depuis celles sur ce territoire français depuis les années 1980, a été tuée par balle, a annoncé le représentant de l'Etat français dans cet archipel colonisé au milieu du XIXe siècle. Le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, a précisé que la victime n'avait pas été atteinte par un « tir de la police ou de la gendarmerie, mais de quelqu'un qui a certainement voulu se défendre ». Une deuxième personne a également trouvé la mort pendant la nuit, a indiqué le Haut-commissariat, sans autre précision. « On est dans une situation que je qualifierais d'insurrectionnelle », s'est-il inquiété. Des centaines de personnes ont été blessées dont « une centaine » de policiers et gendarmes, selon le ministre de l'Intérieur français Gérald Darmanin. L'un d'eux, un gendarme mobile, est entre la vie et la mort après avoir été grièvement blessé par balle à la tête, a appris l'AFP de source proche du dossier.

Malgré le couvre-feu mis en place à Nouméa, principale ville du territoire, les violences qui ont débuté lundi dans tout l'archipel ont repris mardi soir dès la nuit tombée, marquée par de nombreux incendies, pillages et d'échanges de tirs, y compris contre les forces de l'ordre. L'aéroport de Nouméa est fermé depuis lundi.

Le Haut-commissaire a fait état d' »échanges de tirs de chevrotine entre les émeutiers et les groupes de défense civile à Nouméa et Paita » et dit avoir fait intervenir l'unité d'élite du RAID pour empêcher un groupe d'émeutiers qui se dirigeait vers un dépôt de gaz. Deux personnes ont par ailleurs été blessées par balles à Ducos, dans le nord-ouest de Nouméa « par un garagiste qui protégeait son entreprise », selon le ministre de la Fonction publique du gouvernement local, Vaimu'a Muliava. « Je vous laisse imaginer ce qui va se passer si des milices se mettaient à tirer sur des gens armés », a insisté M. Le Franc, évoquant « une spirale mortelle ».

Rencontré par l'AFP, Sébastien, un habitant de 42 ans qui ne donne pas son nom, a dit mener la garde pour « protéger la ville ». « Les flics sont débordés alors on essaye de se protéger et dès que ça chauffe, nous prévenons les flics (...). On essaye de faire en sorte que chaque quartier ait sa milice ».

« Appel au calme »

En métropole, l'Assemblée nationale a adopté dans la nuit de mardi à mercredi par 351 voix contre 153 le texte qui élargit le corps électoral dans l'archipel et provoque la colère des indépendantistes. La réforme doit encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès.

Ce projet de loi constitutionnelle vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales dans l'archipel, à tous les natifs calédoniens et aux résidents depuis au moins dix ans. Les partisans de l'indépendance jugent que ce dégel risque de « minoriser encore plus le peuple autochtone kanak ».

Dans une déclaration commune, les principaux partis indépendantistes et loyalistes de Nouvelle-Calédonie ont toutefois lancé mercredi un appel « au calme et à la raison ». « Malgré la situation insurrectionnelle que nous traversons depuis quarante-huit heures et parce que nous sommes appelés à poursuivre le vivre-ensemble, nous appelons solennellement l'ensemble de la population au calme et à la raison », écrivent ces partis. En métropole, l'opposition de droite et d'extrême droite réclame, elle, l'instauration de l'état d'urgence tandis que la gauche appelle au retrait du projet de loi constitutionnelle. « On réfléchit à la question de la mise en oeuvre de l'état d'urgence », a indiqué à l'AFP une source au sein de l'exécutif.

Mercredi matin, faute d'approvisionnement des commerces, les pénuries alimentaires ont provoqué de très longues files d'attente devant les magasins.Les premières altercations avaient commencé dans la journée de lundi, en marge d'une mobilisation indépendantiste contre la réforme constitutionnelle.

Situation « insurrectionnelle » en Nouvelle-Calédonie: deux personnes ont été tuées dans la nuit de mardi à mercredi et des centaines d'autres blessées dans l'archipel français du Pacifique Sud, théâtre d'émeutes provoquées par un projet de réforme constitutionnelle voté par les députés mais rejeté par les indépendantistes.Le président Emmanuel Macron, qui...