C’est ce que constatent d’ailleurs les milieux politiques en rappelant la dernière position exprimée par le conseiller du commandant général des Forces armées iraniennes, le général Yahya Safavi, qui a clairement affirmé que « le Liban et la Syrie constituent le noyau de la défense stratégique de l’Iran » et que le Hezbollah « ripostera si Israël attaque la République islamique ».
L’officier iranien a ajouté que « si l’État hébreu initie un acte agressif quelconque contre nous, les groupes de la résistance et surtout le Hezbollah au Liban ripostera contre cette entité », avant de relever que la défense de la Palestine et de son peuple « s’inscrit également dans notre ligne stratégique de défense ».
Il reste que la position iranienne requiert incontestablement une réaction du Hezbollah et de l’État libanais, dans la mesure où elle laisse entendre que les armes du parti chiite ne servent plus exclusivement à libérer ce qui reste du territoire libanais occupé, mais qu’elles sont également vouées à la libération de la Palestine et à la défense de l’Iran si celui-ci est l’objet d’attaques de la part d’Israël ou de l’Occident.
Autrement dit, le Liban continuera de servir de champ de bataille pour la guerre des axes et pour la guerre des autres sur son territoire. Bref pour servir des agendas qui ne concernent ni de près ni de loin les intérêts du pays du Cèdre qui risque d’en payer les pots cassés.
Mais la question qui reste posée est celle de savoir ce qu’est donc devenue la neutralité du Liban convenue lors de la table du dialogue et exprimée également dans la déclaration de Baabda. L’on est également en droit de se demander quelles sont les réponses aux trois questions posées par le chef de l’État autour des armes, à savoir quand, où et comment celles-ci doivent être utilisées.
Si la finalité des armes est de libérer le reste du territoire occupé, leur utilisation devrait alors se faire en coopération avec l’armée libanaise dans le cadre d’une stratégie qui aurait été préalablement approuvée afin de mettre un terme à la pluralité des commandements militaires. Si, en outre, ces armes ont pour objectif de libérer la Palestine, il est utile de rappeler que cette mission n’incombe pas au Liban seul mais à l’ensemble des pays arabes réunis qui doivent décider ensemble s’il faut libérer les territoires palestiniens, occupés par la force, par la diplomatie. D’autant que le pays du Cèdre a déjà payé une lourde facture depuis son indépendance à ce jour dans ce domaine.
Une chose est sûre : ces armes ne sauraient faire partie de l’arsenal militaire iranien ni prendre part à la défense la République islamique aux côtés des forces iraniennes. Par conséquent, il est désormais de l’intérêt du Liban d’examiner en profondeur la question des armes du Hezbollah, autour desquelles les Libanais sont plus que jamais divisés. Un clivage qui risque fort d’ailleurs de finir par effriter le pays sachant que la moitié de la population conteste le principe d’une guerre menée en vue de défendre l’Iran ou n’importe quel autre pays.
Le mufti de Tripoli, Malek Chaar, n’avait pas tout à fait tort lorsqu’il s’était prononcé en faveur du déploiement des armes du parti exclusivement dans la localité du Sud, pour contrer toute agression israélienne. Car la présence de ces armes en d’autres points du pays ne peut que se répercuter négativement sur le rapport de force interne et provoquer un déséquilibre sur un terrain politique déjà fragile.
Il reste que l’enjeu qui est actuellement le plus à craindre est celui d’une éventuelle agression préventive que pourrait mener Israël contre le Hezbollah pour le neutraliser et l’empêcher de soutenir l’Iran dans le cas d’un conflit plus global. Dans ce cas de figure, plus aucun Libanais ne pourra condamner une réaction de défense de la part du parti chiite, ce qui n’est pas le cas si l’État hébreu venait à attaquer l’Iran, entraînant l’intervention du Hezbollah a posteriori.
commentaires (7)
Question à deux Toumânes Troués, comme s'il fallait vraiment creuser ; ya hassértééhh !
Antoine-Serge KARAMAOUN
06 h 44, le 11 septembre 2012