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À La Une - France

Meurtre crapuleux ou drame familial : la police enquête sur la tuerie des Alpes

"Il ne se passe jamais rien ici, alors là nom d'un chien !", s'exclame un villageois de Chevaline.

Des journalistes et des photographes sur les lieux du crimes aux Alpes le 7 septembre 2012. PHILIPPE DESMAZES /

Les enquêteurs français chargés de la tuerie des Alpes ont entamé vendredi une coopération officielle avec la police britannique afin de tenter d'apporter de premières réponses à un massacre de quatre personnes toujours dominé par le mystère.

 

Deux informations judiciaires, l'une pour "assassinats" et l'autre pour "tentatives d'assassinats", ont été ouvertes après la tuerie de Chevaline dans l'est de la France, a annoncé le procureur en charge de l'affaire, Eric Maillaud. Le magistrat a également annoncé le départ à Londres en début d'après-midi d'un gendarme en charge du dossier, afin de rencontrer ses homologues britanniques.

 

Mercredi, la police, alertée par un cycliste, a découvert les cadavres de quatre personnes, dont trois dans une voiture en pleine forêt, dans le village de Chevaline (en Haute-Savoie). Dans la voiture, les victimes sont le conducteur de la BMW immatriculée en Grande-Bretagne et deux femmes trouvées mortes à l’arrière. La police a également découvert le corps d'un cycliste français, habitant la région, mort à proximité du véhicule. Deux petites filles ont survécu à la tuerie. La première a été retrouvée prostrée entre les jambes d'une des femmes tuées, l'autre a été blessée. Hospitalisée, ses jours ne seraient plus en danger.

Tous les adultes tués ont reçu plusieurs balles, dont au moins une dans la tête.

 

Vendredi, les enquêteurs français tentaient d'en savoir plus sur la personnalité du père de famille britannique tué avec sa femme et sa belle-mère. "On peut trouver dans (sa) maison un certain nombre d'explications qui peuvent nous conduire sur la piste des tueurs", a estimé le procureur Maillaud.

 

Né à Bagdad et vivant depuis de longues années en Grande-Bretagne, Saad al-Hilli, 50 ans, était domicilié avec sa femme et ses deux petites filles dans la grande banlieue sud de Londres, dans le comté du Surrey.

Un voisin se disant un "proche ami" du mari a indiqué à l'AFP que celui-ci était allé à l'école à Pimlico, dans le centre de Londres, et avait reçu "une éducation et une formation britanniques". La famille était arrivée d'Irak en 1970, poussée dehors pour des raisons politiques, selon cet ami. L'épouse, Iqbal, avait fait des études de dentiste, selon lui.

 

M. al-Hilli avait créé il y a quelques années Shtech, une entreprise de conseil informatique spécialisée dans l'aéronautique, dont Iqbal était la secrétaire selon le registre du commerce. Elle s'occupait cependant la plupart du temps des deux petites filles.

 

Le dernier employeur de M. al-Hill était SSTL, une société de satellites appartenant au groupe EADS. Julian Stedman, le comptable de Saad al-Hilli depuis 2004, ne pense pas cependant "que Saad ait pu connaître des secrets" dangereux. "Il n'était impliqué dans aucun contrat de défense", à sa connaissance.

 

L'une des pistes étudiées est celle d'un litige sur fond d'argent entre Saad al-Hilli et son frère qui s'est présenté jeudi à la police britannique pour nier toute implication. "Il semblerait qu'il y ait un litige entre les deux frères sur fond d'argent. C'est une information qui semble sérieuse, qui vient de la police britannique", a déclaré à l'AFP M. Maillaud. "Il faudra que le frère soit entendu très longuement. Chaque piste sera creusée méticuleusement".

 

Le procureur a cependant appelé à la prudence sur cette piste, s’interrogeant sur l'écart qu'impliquait le fait de "passer d'un différend financier à un quadruple meurtre". Et le parquet continue d'envisager toutes les pistes à ce stade de l'enquête, des "plus crapuleuses" au "drame familial".

Des autopsies des victimes étaient prévues dans la journée. Elles pourraient permettre de dire s'il y avait un ou des tueurs. 

 

Pour la compréhension du drame, d'éventuels témoignages des deux petites fillettes rescapées pourraient se révéler cruciaux. Mais Zeena, quatre ans, ré-entendue jeudi soir, n'a formulé que peu de choses, "si ce n'est des cris, cette peur, cette volonté de se dissimuler", selon Eric Maillaud. Quant à sa sœur de sept ans, Zainab, grièvement blessée au crâne et plongée dans un coma artificiel, "elle a été réopérée" et "va bien", selon M. Maillaud.

 

Les forces de l'ordre ont rouvert au public l'accès à la zone des meurtres, sous garde depuis mercredi et la découverte de la voiture de Saad al-Hilli sur une route forestière proche de Chevaline.

Trois jours après le quadruple crime, ses habitants restent sous le choc. "Il ne se passe jamais rien ici, alors là nom d'un chien !", s'exclame un villageois de cette bourgade de 200 habitants en réclamant l'anonymat. "Ici, il y a plus de vaches que d'habitants", renchérit un autre habitant. "C'est le bout du monde ici, il n'y a personne", confirme la tenancière d'un bar des environs, notant que pour se "planquer", c'est "le coin parfait".

 

Le lieu du crime était plutôt connu jusqu'à présent comme le point de départ de ballades dans la nature, faciles à faire avec des enfants. Saad al-Hilli et sa famille avaient élu domicile depuis quelques jours dans un camping proche.

 

 

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